Leyat Hélica : comme un avion sans ailes
LES VOITURES LES PLUS RAPIDES DU MONDE - Sur le papier, l’affaire est injouable : une voiture qui se déplace grâce à une gigantesque hélice fixée à l’avant. Mais dans la réalité, l’Hélica, conçue par Marcel Leyat, et apparue dans les années 20, atteignait 170 km / h pour une consommation ridicule, du moins sans comparaison avec les gros moteurs de l’époque.
![Leyat Hélica : comme un avion sans ailes](https://images.caradisiac.com/logos/7/2/6/9/287269/S7-leyat-helica-comme-un-avion-sans-ailes-213976.jpg)
En cette fin de XIXe siècle, le petit Marcel a une idée fixe : voler. L’avion n’existe pas encore ? Qu’importe, il s'inspire de Jules Verne, dessine des plans et teste ses idées. À l’école, on lui a trouvé un surnom : papillon, car il n’arrête pas de sauter en l’air dans l’espoir de s’envoler. À la maison, il équipe ses soldats de plomb d’un parachute, avant de les lancer du deuxième étage et d’observer leur chute.
Cette idée fixe ne quittera pas Marcel Leyat tout de suite. Étudiant à l’école centrale de Paris, il n’attend pas d’être diplômé pour commencer à travailler. Tout seul, dans son coin, il développe un biplan et en 1909 il veut traverser la Manche en avion. Malheureusement, Louis Blériot va lui griller la politesse et le 21 juillet, relie Calais à Douvres.
Des avions aux autos
Mais il ne se décourage pas et enchaîne les inventions. Durant le premier conflit mondial, il va même développer un bombardier (jamais utilisé) à aile vivante (ou plutôt mobile). Une fois démobilisé, il doit trouver un job. Les établissements Astra l’embauchent. Ils sont spécialisés dans les dirigeables et investiraient bien dans l’aviation, ce nouveau secteur qui se développe.
Mais Astra finit par renoncer et leur ingénieur aéronautique Marcel Leyat est à la rue, alors, dans un petit local du boulevard de Grenelle à Paris, il fonde les automobiles Leyat sur un constat très simple : les avions avancent grâce à une hélice, pourquoi les voitures n’en feraient-elles pas autant ? Il en avait déjà eu l’idée en 1913 et son avion roulant et sans ailes fonctionnait. Alors il va en créer d’autres, plus sophistiqués.
![Une Hélica Sport de 1921.](https://images.caradisiac.com/images/3/9/7/6/213976/S1-leyat-helica-comme-un-avion-sans-ailes-833087.jpg)
C’est que son concept car de départ avait quelques légers défauts. Il était à trois roues, avec une direction sur la roue arrière. Quant à son moteur, il était sur le toit, près de l’hélice, à l’air libre. Un niveau de sécurité pas vraiment top pour les piétons susceptibles de croiser l’engin.
retour à l'atelier et en 1919, Marcel est de retour avec une voiture à hélice de série : elle s’appelle Hélica, et doit révolutionner l’automobile. Elle a quatre roues, une hélice entièrement carénée et, grâce à son poids plume de 225 kg, elle atteint 70 km / h avec un petit moteur de 8 ch et ne consomme que 6 l / 100 km. Un exploit.
Mais Leyat est meilleur ingénieur qu’homme de marketing et ne vendra que 6 exemplaires de son étrange machine. Alors il s’acharne et en 1920, à peine un an plus tard, il met deux nouvelles Hélica sur le marché. Une berline et un cabriolet sport. Pourquoi « sport » ? Car l’engin, avec son moteur à deux cylindres de 40 ch se permet d’atteindre 100 km / h. Les affaires s’améliorent : vingt voitures sont commandées et livrées. Mais ce n’est pas suffisant. En 1922, les automobiles Leyat font faillite.
Un dernier tour à 170 km / h et puis s'en va
Marcel est encore à la rue et dépourvu. Heureusement, l’un de ses clients, un notaire de Meursault en Bourgogne, passionné par ses travaux, va l’héberger. C’est là qu’il va continuer d’inventer des produits très éloignés de l’automobile, comme ce clavier pour pianos et une méthode de solfège. Mais en 1927, il revient à son Hélica pour un denier tour de piste, celle de Montlhéry. Son nouvel avion sans ailes est ultra-fuselé et ne va pas s’envoler. Il va même battre un record de vitesse en roulant à 170 km / h.
Puis, Leyat retourne à Meursault ou, pendant cinquante ans, tout le monde va l’oublier. Mais en 1979, un livre historique le remet dans la lumière. Mon hélice au pays des merveilles de Gustave Courau fera découvrir ses incroyables autos au public et aux musées qui vont récupérer les derniers modèles existants. Marcel, lui, meurt en 1986, à 101 ans. Il aura au moins vécu sa réhabilitation.
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