Marché de l'auto de collection : les tendances 2018
Le marché de la voiture de collection a poursuivi sur sa lancée en 2018 avec l'explosion des cotes de certains modèles jadis accessibles, voire boudés. La tendance est à l'intérêt pour les anciennes Citroën, avec une 2CV qui ne cesse de grimper en prix.
S'il fallait encore démontrer à quel point le marché de la voiture de collection ne suit aucune logique et aucune progression "raisonnable", c'est bien avec le bilan de 2018. Les grandes "tendances" ont été compilées par Interenchères, spécialiste de la vente aux enchères, qui a comptabilisé plus de 130 000 ventes l'an dernier pour en tirer quelques enseignements parfois étonnants.
La voiture française, plus aimée que jamais
Il y a toujours eu de grands "classiques" dans la voiture ancienne française, mais certains ont retrouvé une seconde jeunesse dans un passé récent. Interenchères nous démontre d'ailleurs à quel point l'achat d'une Alpine A110 ou d'une Renault 5 Turbo pouvait se révéler comme un placement financier de haut vol avec une évolution des cotes assez impressionnante au fil des ans. Pour une Alpine A110 1300 de 1971, nous avions des tarifs qui pouvaient descendre autour des 25 000 € (dix ans en arrière), mais aujourd'hui, la cote est plutôt autour des 50 000 €, voire plus. Et ceci, "juste" pour le modèle 1300. Les prix revendiqués pour une belle berlinette en 1600 sont encore largement supérieurs. De bon augure pour la valeur résiduelle de la nouvelle Alpine ?
La donnée concernant la Renault 5 Turbo 2 est étonnante : "à son lancement en octobre 1982, la Renault 5 Turbo 2 valait 34 505 euros (tarif neuf de lancement calculé en euros constants)". Aujourd'hui, bon courage pour trouver une Turbo 2 à moins de 30 000 ou 40 000 € (ou alors, en état d'épave, avec une somme de travail impressionnante et un budget final probablement inavouable une fois les travaux réalisés...). Ce serait plutôt 55/60 000 €, et bien plus si l'auto a couru en compétition avec un grand nom à son volant.
Il n'y en a évidemment pas que pour les sportives tricolores, et Citroën en est un bel exemple. La 2CV, qui n'était que très vulgairement appréciée par les collectionneurs 15 ans en arrière, devient aujourd'hui un véritable objet de mode. Si bien que la cote explose... tout comme les vols. L'une des plus célèbres autos du patrimoine français voit ses prix flamber et attire ainsi les personnes de mal intentionnées. En effet, en dix ans, la cote moyenne de la 2CV a plus que triplé. Un constat que l'on peut appliquer à la SM, qui n'était pourtant clairement pas la coqueluche des collectionneurs dans un passé assez récent. Et ne parlons pas des DS qui ont vu les prix de base passer d'environ 10 000 € à plus de 30 000 en 2018 pour les modèles les plus accessibles en bon état.
Les étrangères en forte évolution
Finalement, tout est à la hausse, et surtout les voitures d'exception. Un milieu qui ne connaît pas la crise et qui semble presque tourner, parfois, au ridicule de la spéculation et du placement financier "entre copains". Les acheteurs dans les grandes ventes aux enchères sont en effet souvent les mêmes : de riches particuliers ou des sociétés voulant faire du profit sur des objets qui sont maintenant considérés comme des oeuvres d'art. Pensez donc : au début des années 80, une Ferrari 250 GTO s'échangeait contre 100 000 dollars (un peu moins de 100 000 €). Une somme à cette époque, certes, mais quand on sait qu'aujourd'hui, il faut compter 400 fois plus...
Nul besoin, toutefois, d'aller chercher aussi haut puisque les Porsche 911 et autres Ferrari 308 ont connu l'inflation. Entre 2012 et 2018, la cote de la Porsche 911 3.2 cabriolet aurait été multipliée par trois selon Interenchères, avec un exemplaire en bel état vendu 65 000 € cette année à Lyon.
Les Ferrari 308 GTB, ces autos au cheval quelque peu boudées par les "Ferraristes" qui pouvaient encore se tourner raisonnablement sur des modèles plus prestigieux 10 ou 15 ans en arrière, sont désormais recherchées. Conséquence : en huit ans, la cote a elle aussi triplé pour atteindre plus de 60 000 €.
Plus dure sera la chute ?
Beaucoup d'experts prédisent une chute des cotes pour certains modèles dont les prix ont, il est vrai, grimpé brutalement et rapidement. Sauf que jusqu'à maintenant, aucune de ces voitures n'a perdu de sa valeur. AUCUNE. Pire encore : des modèles qui ne valaient absolument rien il y a cinq ans commencent à devenir recherchés. Un exemple : une Peugeot 205 (trois ou cinq portes) hors modèles GTI/CTI/GT/Rallye en bon état attire désormais les collectionneurs. Même constat pour des Renault 5 TL et autres Citroën AX, Visa ou Peugeot 104.
Pourquoi un tel engouement et des prix parfois délirants pour des voitures qui ne valent probablement pas les sommes demandées ? Probablement pour deux raisons : l'offre de plus en plus faible (pour les véhicules en bon état et d'origine) et des acheteurs "baby boomers" qui arrivent à l'âge de la retraite et qui veulent revivre leur jeunesse. Et puis, de toute façon, dans un pays de plus en plus autophobe où le moindre excès de vitesse peut coûter cher, le calcul est vite fait : pour beaucoup, il vaut mieux se faire plaisir le week-end en ancienne sur une petite route de campagne qu'investir dans des "chevaux" modernes. La voiture de collection a donc encore un bel avenir, en tout cas tant que le pétrole n'atteindra pas des sommets.
Peut-on encore se faire plaisir avec un petit budget ?
La réponse est oui, mais sur certains modèles uniquement. Et dépêchez-vous avant que la folie du monde de la collection ne soit également virale pour ces autos. Nous pensons notamment, au moment où nous écrivons ces lignes, à des voitures comme la Jaguar XJ, encore facilement trouvable, et à des prix plutôt raisonnables, surtout pour les versions XJ40 et X300, avec de gros moteurs (jusqu'au V12), de beaux intérieurs et, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, pas forcément de gros soucis de fiabilité. Chez les voitures américaines, aussi, il reste quelques modèles des années 70 et 80 encore boudés (et donc peu onéreux, pour l'instant, avec des prix sous les 10 000, voire 5000 €).
Ce sont évidemment des exemples parmi d'autres, mais il faut le reconnaître : cela devient bien compliqué d'acheter une ancienne ou une Youngtimer sans casser le plan d'épargne retraite...
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération