Miami Vice et Ferrari, c'est toute une histoire
C'est l'époque, et la série, la plus m'as-tu-vu qui soit. Et pour trimbaler les deux flics à Miami, une voiture de Maranello était indispensable. Mais entre la production de la série et le cheval cabré, les relations n'ont pas toujours été simples.
S’il est une série emblématique de ces années-là, c’est bien celle-là. Miami Vice incarne à elle seule les eighties bling-bling, les mandats de Ronald Reagan et le fric décomplexé. Il était donc logique que ses deux héros, pourtant simples flics et fonctionnaires du Comté de Miami, roulent en Ferrari, histoire d’enquêter en immersion et de se fondre dans la pègre locale qui, évidemment, ne sort jamais de ses villas rococo qu’affublée de costards Smalto, de Ray-Ban et de voitures italiennes.
Mais Miami Vice (deux flics à Miami en Français), multidiffusé depuis sa création en 1984, n’avait évidemment pas les moyens, surtout à son lancement, de crasher une auto de Maranello par saison au cours des cascades prévues par le scénario.
Une Chevrolet plutôt qu'une 365 GTB/4
Alors le producteur Michael Mann a joué l’économie en commandant deux répliques d’une Ferrari 365 GTB/4 Daytona qui sera utilisée durant les deux premières années. L’affaire est emballée dans une coque en fibre de verre et montée sur un châssis de Chevrolet Corvette C3 de 1979 avec laquelle Crockett et Tubbs pouvaient cruiser tranquillement entre les palmiers.
Les deux répliques rentrent parfaitement dans les clous du budget de production, puisqu’elles ne coûtent que 49 000 euros d’aujourd’hui. NBC, la chaîne américaine qui diffuse, et coproduit la série est aux anges. Dès les premiers épisodes, Miami Vice réalise un carton et les aventures de Sonny Crockett et Ricardo Tubbs (Don Johnson et Philip Michael Thomas) se vendent aux télés du monde entier, et arrivent jusque dans les locaux de Maranello.
À l’époque, chez Ferrari on est tatillon sur l’image de la marque, et on l’est toujours d’ailleurs. Au bout des deux premières saisons de ce qui est devenu un succès mondial, les avocats de Ferrari s’en mêlent par la voie de leur cabinet américain. Pas question d’utiliser de pauvres répliques. La production doit cesser la mascarade. Les lawyers se déchirent et, finalement, trouvent un accord. Deux autos seront livrées à la production, mais c’est le cheval cabré qui décide du modèle.
La Testarossa vient d’être lancée, et c’est naturellement cette voiture que les dirigeants de Ferrari choisissent pour rejoindre Miami et ses vices. Il y a pire comme punition. Sauf que, lorsque les bolides arrivent en Amérique, la production découvre, stupéfaite, qu’ils sont noirs. Un cauchemar d’éclairage pour les techniciens de la série. Les autos sont impossibles à filmer dans le soleil de Floride, et tout autant de nuit.
Retour à la réplique
Alors les deux Testarossa sont repeintes en blanc, Ferrari n’y voit pas d’inconvénient. Mieux, pour les besoins du scénario, la Testarossa doit faire des cascades et risque d’être abîmée. Ce sera encore une réplique qui sera utilisée, toujours avec la bénédiction de Maranello qui exige simplement qu’elle soit fidèle.
Le méchant Ferrari est amadoué par le succès et Miami Vice continue durant cinq saisons de bling-bling avant de s’éteindre. Dans la foulée, Michael Mann est devenu le grand réalisateur que l'on connaît et quinze ans plus tard, il fait revivre la série renaît sous la forme d’un film. La Testarossa a disparu, remplacée par un spider F430. On peut le regretter, mais l'époque a changé.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération