Nissan : la belle endormie passe à l'action et au tout électrique
Après quelques années de flou, marquées par une réduction de la gamme et l'abandon européen de sa fiiliale haut de gamme Infiniti, Nissan entend revenir tout en force et en électricité.
Lorsque Makoto Uchida effectue le voyage du Japon vers l’Angleterre, il ne vient pas les mains vides et emporte quelques cadeaux dans sa valise cabine. Le directeur général de Nissan vient en effet de révéler, à l’occasion des 20 ans du centre de design implanté dans la capitale anglaise, la feuille de route européenne des prochaines années. Et elle est chargée, surtout en électricité. C’est simple : plus aucune nouvelle auto produite pour le vieux continent ne sera thermique.
Bien sûr, le Qashqai actuel, qui arrive à mi-carrière l’an prochain, aura droit à son restylage, tout comme le Juke et le X-Trail. Mais à la fin de la décennie, adieu le thermique. En tout, 19 nouveaux modèles seront lancés d’ici 2030 et le signal, très attendu, de la relance d’une marque un peu endormie en Europe ces dernières années, va se produire dès l’an prochain avec le remplacement de la Nissan Leaf.
Voilà une auto qui a dominé le marché mondial de la voiture électrique avant de se reposer sur ses lauriers et de se voir dépasser par l’intégralité de ses concurrents. À la manière de la Renault Zoe, la Leaf a tardé à se renouveler réellement. Mais s’en est désormais terminé de cette léthargie. Dès l’an prochain, son successeur, puisqu’il s’agit d’un SUV, va débarquer. Il ne devrait pas s’appeler Leaf mais son nom est pour le moment inconnu, comme sa ligne. Tout ce que l’on en sait, c’est qu’il sera d’une taille comparable à la Megane E-Tech et assemblé sur la même plateforme, comme le Nissan Ariya,, enfin disponible en Europe après un gros retard à l’allumage.
Un an après ce SUV plus ou moins compact, c’est au tour de la petite sœur de la R5 électrique d’entrer dans la danse. Cette future Micra a été présentée en début de semaine sous la forme d’un concept car.
Une batterie moins chère et à la recharge plus rapide
Mais la révolution japonaise ne sera pas achevée pour autant. Comme Makoto Uchida l’a expliqué à Londres, 2028 sera l’année ou Nissan espère renverser la table électrique avec sa nouvelle batterie. Elle est actuellement en test et devrait être commercialisée dans cinq ans. C’est un ensemble qui se passe de cobalt et donc, d’après le boss de la marque, coûte 65% en moins. Une bonne nouvelle à laquelle il en a ajouté une seconde : le temps de charge de cette batterie miracle sera réduit d’un tiers.
Cette nouvelle offensive est évidemment la bienvenue, après le semi-retrait de la marque en Europe en 2020 et l’intégration de la structure européenne dans une vaste région baptisée EMEA qui regroupe le Proche Orient et l’Afrique. À la même période, la marque de luxe de Nissan, Infiniti, arrêtait elle aussi les frais sur le vieux continent, exprimant ainsi le peu d’intérêt du constructeur japonais pour nos contrées. Mais trois ans plus tard, le voilà de retour avec une vraie feuille de route. Même s’il reste quelques obstacles.
Si ce programme a été dévoilé à Londres, c'est parce que le fief de Nissan en Europe est historiquement anglais. En témoigne son usine de Sunderland qui emploie 7 000 personnes. Et c’est justement dans cette unité de production que doit être assemblée la remplaçante de la Leaf. En plus, le Japonais a posé 600 millions d’euros sur la table pour implanter, avec le fabricant de batteries chinois Envision, une gigafactory qui va générer 6 000 autres emplois. Autant dire que le poids du constructeur dans le port anglais est important et le gouvernement britannique le sait fort bien.
13 000 emplois en jeu
Pour ne pas faire fuire cet employeur à la suite du Brexit, les occupants successifs du 10 Downing street ont tous rassuré Nissan en le dotant d’un statut spécial l’exonérant de taxes à l’export depuis le Brexit. Mais l’économie anglaise va mal. L’inflation a affaibli le pays et le premier ministre, Rishi Sunak cherche par tous les moyens à renflouer les caisses du royaume. d’où l’idée récente de renégocier les accords avec Nissan, et de taxer les autos.
On peut, du coup, supposer que la venue de Makoto Uchida à Londres n’est pas liée au seul gâteau d’anniversaire dégusté au centre de design. On peut supposer aussi qu’il s’en est allé discuter, du côté de Downing Street, de l’avenir de Nissan au Royamue Uni. L’on peut supposer encore, qu’il a mis en avant les 13 000 emplois directs que Nissan apporte à Sunderland. Et l’on peut en conclure qu’un accord devrait être trouvé rapidement.
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