Peugeot 406 Coupé V6 vs Volvo C70 2.4 T, excellence française ou raffinement suédois, dès 5 500 €
Finesse, élégance, largesse et puissance, voici le menu proposé par ces deux coupés performants. Beauté ciselée et gros V6 atmo côté français, sobriété et 5-cylindres turbocompressé côté suédois, que choisir ?
Dans les années 90, Peugeot a opéré une montée en gamme assez réussie grâce à une qualité en net progrès et des châssis de référence. Quand le tout est habillé chez Pininfarina, cela donne la superbe 406 Coupé, dont l’élégance suprême ridiculise n’importe quel SUV actuel.
Dans le grand nord, la Volvo C70 arbore une finesse à laquelle le constructeur suédois, lui aussi en train de modifier son image, ne nous avait pas habitués. Belles, raffinées et performantes, ces deux voitures offrent leurs charmes accessibles en famille à des prix encore accessibles actuellement.
Les forces en présence
Peugeot 406 Coupé V6 (1996 – 2005) : coupé 2 portes, 4 places, 6 cylindres en V, 3,0 l, 194 - 210 ch, 1 464 kg, 235 km/h, à partir de 6 000 €.
Volvo C70 2.4 T (1997 – 2002) : coupé 2 portes, 4 places, 5 cylindres en ligne turbo, 2,4 l, 193 ch, 1 507 kg, 230 km/h, à partir de 5 500 €.
Présentation : deux bonnes berlines joliment rhabillées en coupés
Prenant en marche le train des voitures de niche, qui roule à pleine vapeur dans les années 90, Peugeot renoue avec les coupés. Le sochalien avait déserté la catégorie en 1983 quand a disparu la 504, dessinée par Pininfarina. Il demande à nouveau au carrossier italien de transformer en coupé sa familiale en vogue, la 406. En Italie, Davide Arcangeli produit un superbe dessin, validé en 1994. En 1995, la berline sort, suivie au salon de Paris 1996 du coupé. Sa carrosserie mêle splendeur et originalité, avec ces montants arrière entre lesquels la lunette est incrustée et non pas affleurante.
En sus, l’habitabilité demeure excellente, signe d’une étude très soignée. Côté châssis, les voies s’élargissent, l’assiette diminue et un amortissement piloté apparaît en option. Sous le capot, le coupé outre un 2,0 l de 135 ch, a droit à un V6 3,0 l de 194 ch (pour 267 Nm), l’ES9. Ce bloc s’attèle soit à une boîte 5 manuelle soit une 4 automatique. Avec ce bloc puissant, la belle française exploite à leur plein potentiel les trains roulants raffinés, comprenant à l’arrière un essieu multibras. Pas de trop pour exploiter les performances : 235 km/h en pointe pour un 0 à 100 km/h annoncé en 7,9 s.
Corollaire, la 406 Coupé V6 vend chèrement son excellence : 210 000 F (46 700 € actuels selon l’Insee). A ce prix, elle offre les vitres et rétros électriques, le double airbag, le capteur de pluie, la clim auto ou encore les jantes en alliage. En Pack, la française place la barre encore plus haut : 235 800 F soit 52 500 € actuels selon l’Insee.
Heureusement, elle reçoit de série les sièges en cuir à réglages électriques. En tout cas, la carrière du coupé démarre en trombe : en novembre 1999, il a été écoulé à 50 000 unités, non sans avoir reçu cinq mois plus tôt un tableau de bord légèrement modifié (airbag passager mieux intégré, nouvel ordinateur de bord) et un circuit électrique partiellement multiplexé.
Début 2000, le V6 passe à 210 ch, grâce à l’intervention de Porsche qui installe des déphaseurs sur ses arbres à cames d’admission. En 2001, l’ESP apparaît dans la gamme 406, tandis que le système électrique devient totalement multiplexé. En mai 2003, Pininfarina redessine de façon controversée la face avant à l’aide d’une calandre beaucoup trop grosse et chromée qui plus est, touche de bling-bling tout à fait malvenue dans un dessin plutôt sobre…
Suit rapidement une série limitée Griffe, puis, en juin 2004, alors que la fin de carrière menace, le coupé n’est plus disponible qu’en une finition unique Ultima Edizione, très bien équipée. La commercialisation s'interrompt en 2005, après que plus de 107 000 406 coupés ont été produites. Un joli succès sachant que l’objectif initial se situait à 70 000…
La Volvo C70 dérive, elle aussi, d’une berline. En l’occurrence, de la 850, apparue en 1991 (et rebaptisée S70 en 1996), et très appréciée pour ses compétences dynamiques, renforcées par un essieu arrière multibras. Tout comme Peugeot, Volvo a fait appel à un intervenant externe pour développer le coupé C70 : TWR, Tom Walkinshow Racing. Celui-ci la fabriquera en Suède, à Uddevalla dans une usine initialement bâtie par... Volvo. Les deux marques créent un société pour le futur coupé, Autonova. Les études débutent en 1994, et elles vont vite : 30 mois.
De sorte que la C70 est présentée dès la fin 1996, en marge du salon de Paris 1996. La suédoise étonne par ses lignes faisant la part belle aux courbes et aux arrondis, tranchant avec l’aspect très raide des berlines de la marque. Peter Horbury, directeur du design Volvo, voulait en effet renouveler l’image du fabricant suédois.
Cela dit, le coupé C70 se fait un peu attendre après son dévoilement, même s'il apparaît dans le film Le Saint, clin d’œil à la Volvo P1800 de la série du même nom diffusée initialement dans les années 60. En effet, elle en’est commercialisé qu'en novembre en France.
Ce coupé (dont sera extrait un cabriolet un an plus tard) ne conserve que les blocs les plus puissants de la berline S70 (anciennement 850), un 5-cylindres turbo en 2,4 l (193 ch) et 2,3 l (240 ch). Le premier, avec son couple de 270 Nm disponible dès 1 800 tr/min, permet déjà de belles performances avec la boîte 5 manuelle : 230 km/h au maxi, pour un 0 à 100 km/h annoncé en 7,8 s. Proposée en supplément, l'automatique à 4 rapports les amoindrit quelque peu.
Deux finitions sont proposées : Pack Luxe (clim, radio K7, jantes en alliage, vitres, rétros et sièges à réglages électriques, double airbag, ordinateur de bord, sellerie cuir/Alcantara, les parements en bois, régulateur de vitesse, ABS ) et Summum (en sus, antipatinage, sellerie cuir à réglages électriques, hifi à chargeur CD…). En 2,4 l 193 ch, les prix varient de 249 000 F (Pack Luxe) à 285 000 F (Summum). Soit, respectivement 54 400 € et 62 300 € actuels selon l’Insee : une auto très chère !
En 1999, les prix baissent nettement (- 20 000 F environ) alors que la Pack Luxe devient Optimum. En 2002, la production du coupé C70 prend fin, après que 24 395 exemplaires sont sortis de l’usine TWR.
Fiabilité/entretien : deux coupés fiables
Dans l’ensemble, la 406 Coupé est très endurante. De nombreux exemplaires dépassent les 300 000 km sans avoir connu de gros ennuis, s'ils ont été bien entretenus. Cela passe par un onéreux et régulier changement de la courroie de distribution. Les quelques soucis qui ont émaillé le début de carrière (bobines défectueuses) sont résolus.
Avec l’âge, la connectique peut causer des soucis (non-fonctionnement de certaines commandes, ratés au niveau du moteur), tout comme le bloc compteurs, les boîtiers électroniques, tandis que la corrosion apparaît parfois. La finition vieillit plutôt bien, mais elle finit par se dégrader engendrant de menues avaries (sièges coincés ou décousus, poignées cassées…). Attention, les boucliers sont assez fragiles et chers à remplacer.
La mécanique de la Volvo se révèle très robuste, si, évidemment, elle a été bien entretenue. Attention, il faut changer régulièrement la courroie de distribution, ce qui coûte cher. L’électronique peut faire des siennes (boîtiers du papillon d’admission et de l’ABS défaillants), mais le constructeur a fait en sorte qu’elle soit analysable sans recourir à un matériel onéreux. Cela dit, les pièces sont onéreuses !
La suspension souffre du poids de la voiture, voire de la puissance de son moteur, donc il faudra inspecter soigneusement le train avant, durement sollicité. Surtout que la C70 use rapidement ses pneus avant. L’habitacle, bien fabriqué, vieillit joliment.
Avantage : Volvo. Pas plus solide mécaniquement mais mieux fabriquée que la 406, la C70 remporte ici une victoire logique mais pas éclatante.
Vie à bord : l’accueil suédois
Dans le coupé 406, on retrouve la planche de bord de la berline, agrémentée simplement de cadrans cerclés de chrome. C’est une belle pièce, joliment fabriquée, mais on aurait aimé une différenciation plus marquée. En tout cas, la finition atteint un bon niveau, tandis que l’habitabilité se révèle appréciable pour quatre personnes. Les sièges, souples, garantissent un grand confort, mais l’accès à l’arrière, via une touche actionnant l’avancement électrique du fauteuil, reste assez lent.
Si son design est un peu plus daté que celui de la 406, la Volvo propose une finition nettement meilleure. Les sièges se révèlent encore plus confortables que ceux de la française, alors que la ceinture de caisse plus élevée suscite une plus grande sensation de sécurité. Les passagers arrière sont aussi plus à l’aise, mais l’accès se révèle plus pénible encore que dans la Peugeot. En effet, il faut garder le doigt appuyé sur le bouton tant que le fauteuil n’a pas fini de s’avancer (lentement). La suédoise offre aussi plus de rangements que la française
Avantage : Volvo. Mieux finie et dotée de meilleurs sièges, la C70 remporte ici la victoire face à une 406 qui ne démérite pas.
Sur la route : la 406, ce scalpel
Si on se trouve bien installé dans la Peugeot, on peut être surpris par la taille du volant, très grand, ainsi que par l’absence d’accoudoir central. Le moteur, en digne V6, régale par sa souplesse et sa douceur, tout en acceptant de tourner à plus de 6 500 tr/min. Délivrant une bien jolie musique, il autorise des performances de bon niveau, mais manque tout de même d’éclat et de caractère. La commande de boîte, douce, se révèle agréable même si sa précision reste perfectible. Heureusement l’étagement est parfait.
La vraie qualité de la 406, c’est le châssis. Très précis et rigoureux, il garantit une tenue de route remarquable, la motricité étant par ailleurs excellente. Au lever de pied en appui, l’auto resserre la trajectoire, alors que la direction, une fois qu’on s’est adapté à la démultiplication variable, contribue à la vivacité de l’ensemble. Enfin, l’amortissement judicieux profite au confort, excellent, et renforcé par une belle insonorisation.
Dans la Volvo, la position de conduite semble un peu meilleure que dans la Peugeot, et le siège mieux étudié. On apprécie aussi l’accoudoir central ! Doté d’un turbo basse pression, le 5-cylindres régale par sa douceur et sa souplesse, même s’il fonctionne mieux à partir de 2 000 tr/min. Flattant les oreilles, il fait preuve d’un joli punch mais s’essouffle plus tôt que le V6 sochalien. La longueur de l’étagement de boîte, plaisante à manier, lui convient bien, sachant qu’il cherche plus l’allonge que la nervosité.
Dynamiquement, la C70 joue d’abord la carte de la sécurité. Elle profite d’un comportement routier sain et rassurant, mais sans le côté incisif de celui de la Peugeot. La précision reste nettement inférieure, alors que malgré l’antipatinage, la motricité n’est pas aussi bonne que celle de la 406. On relève aussi des effets de couple dans le volant, et le côté sous-vireur est plus marqué que celui de la rivale. Heureusement, la suspension procure un confort certain, et l’insonorisation se révèle soignée.
Avantage : Peugeot. Plus incisive, efficace et rigoureuse que la C70, la 406 rafle ici une nette victoire, d’autant que son moteur n’a strictement pas à rougir de la comparaison.
Budget : chics et pas (encore) chères
On trouve beaucoup de 406 Coupé V6 sur le marché, mais pour en obtenir une en bel état, ne nécessitant pas de frais immédiats, il faut compter 6 000 € au minimum pour un kilométrage supérieur à 200 000. Comptez 7 000 € pour un exemplaire de 150 000 km, alors que pour tomber sous les 100 000 km, on déboursera 10 000 € minimum.
La Volvo C70 se révèle moins chère que la Peugeot : comptez 5 500 € pour un bel exemplaire de 200 000 km, et 6 500 € pour rester sous les 150 000 km, mais pour une auto de moins de 100 000 km, on dépensera ici aussi 10 000 €, vu la faiblesse de l’offre. La suédoise consomme un peu moins que la française : 9,5 l/100 km contre 10 l/100 km.
Avantage : Volvo. Un peu moins chère et gourmande que la 406, la C70 remporte ici la victoire.
Verdict : la Volvo aux points
Grâce à son habitacle plus soigné que celui de la Peugeot, une meilleure qualité de fabrication, des prix un peu plus bas et une consommation légèrement moins importante, la Volvo C70 2.4 T remporte ici la victoire, alors que son prix colossal la pénalisait quand elle était neuve. Cela dit, la Peugeot 406 Coupé V6 sera le meilleur choix si on place l’agrément de conduite et l’efficacité routière en tête de ses priorités, sachant que sa fiabilité mécanique vaut largement celle de la Volvo.
Thème | Avantage |
Entretien/fiabilité | Volvo |
Vie à bord | Volvo |
Sur la rote | Peugeot |
Budget | Volvo |
Verdict | Volvo |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Peugeot 406 Coupé V6, Volvo C70
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