Peut-on faire de l'éco-conduite en Lamborghini ?
Sobriété et supercars d'exceptions font-ils bon ménage ? Aussi loufoque que cela puisse paraître, il est réellement possible de rouler dans l'une des sportives les plus énergivores de la planète sans tarir des puits de pétrole entiers sur chaque kilomètre.
En ces temps de crise énergétique où l'on appelle à sobriété et aux efforts de chacun, reste-il de la place pour des automobiles hors normes comme la Lamborghini Aventador Ultimae Roadster ? En attendant notre analyse plus poussée de tout que cette machine procure comme sensations et de ses effets étonnants sur les gens qui la croisent, intéressons-nous à une donnée froidement technique mais intéressante : sa consommation. Super-sportive pure et dure conçue autour d'un V12 atmosphérique de 780 chevaux et 6,5 litres dépourvu de suralimentation ou d'injection directe, l'Italienne se range dans la catégorie des voitures les plus énergivores en carburant du marché. Sa fiche technique indique une consommation moyenne de 18 litres aux 100 kilomètres en utilisation mixte d'après la norme WLTP, soit très exactement le double d'une Audi RS 3 Sportback.
Le genre de véhicule idéal pour attiser la haine d'un activiste d'Extinction & Rébellion donc, surtout qu'il ne peut embarquer que deux personnes (ce qui suffit certes à covoiturer). A l'occasion d'un trajet entre le circuit de Spa-Francorchamps et la concession Lamborghini de Cannes en passant par Marseille, nous avons quand même voulu constater à quel point cet archétype de la voiture d'exception pouvait se montrer énergivore sur un long parcours routier loin de son utilisation naturelle, elle qu'on imaginerait plus volontiers à pleine charge sur un circuit (ou en première vitesse sur la Croisette l'été mode sport activé entre deux palaces). Nous partons ainsi de Belgique en mode Strada (« route »), le toit fermé avec un sac de voyage dans le coffre. 1 500 kilomètres avec l'une des voitures les moins pratiques et polyvalentes du monde donne-t-il des sueurs froides ?
Un monstre pas si mal éduqué
Même pas. Depuis l'époque des Lamborghini Countach et des Testarossa, la technologie de ces sportives d'exception a bien changé. Même sur une voiture comme l'Aventador, critiquée pour sa boîte à simple embrayage dépassée et sa technologie moins avancée que celle des supercars de dernière génération (rappelons qu'elle existe depuis 2011), tout est fait pour qu'un mauvais conducteur puisse se sentir à son aise. Une fois la largeur de camion assimilée, on se surprend à trouver cette Italienne de fond d'écran raisonnablement confortable avec son amortissement piloté et sa direction très assistée. Les bruits d'air sont quasiment absents et même s'il produit une sonorité terrifiante dans d'autres circonstances, le V12 n'émet qu'un discret vrombissement sur les sixièmes et septièmes rapports à allure autoroutière. Au régulateur à 130 km/h, on remarque même au tableau de bord le petit symbole témoignant de la désactivation partielle des cylindres du moteur. Pépère, la grosse Lambo roule en V6.
Une consommation pas si effarante
Alors, combien consomme cette auto puissante comme deux Porsche 718 GT4, pesant 1600 kg sur la balance sans les fluides (soit probablement pas loin des 1800 kg avec essence, eau, huile) et handicapée par une mécanique très peu optimisée pour les économies d'énergies ? 14,1 litres aux 100 km à vitesse réglementaire sur un peu moins de 1000 km jusqu'à Marseille (d'après nos calculs avec la quantité de carburant injectée dans le réservoir et la distance parcourue). De quoi se rappeler que lorsqu'on ne tire pas dans la mécanique, ces voitures de sport radicales restent moins gloutonnes que les gros SUV gênés par leur aérodynamisme et leur masse. Sur un Marseille-Paris, une Audi R8 V10 Performance de 620 chevaux restait elle sous les 13 litres/100 km il y a quelques années d'après l'instrumentation de bord. En 2016, je me souviens même avoir vu 7,8 litres/100 km affichés au tableau de bord d'une McLaren 570S de 570 chevaux après un trajet sur autoroute entre Marseille et Monaco. Dans ces deux derniers cas, il s'agissait cependant de simples observations sur l'ordinateur de bord. De la même façon, on restait sous les 10 litres/100 km sur un trajet similaire avec une Bentley Continental GT W12 de 635 chevaux. Il est évidemment facile de tripler ces chiffres rien qu'en changeant sa conduite et en puisant dans les performances de ce genre d'auto. Mais sur la route, même les sportives les plus fantasmagoriques savent faire preuve d'une relative frugalité.
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