Pollution et circulation alternée : c'est l'anarchie en France
Après celle de l’enlèvement et de l’attentat la France est entrée dans une nouvelle alerte anxiogène qui est celle de la pollution. Lorsque cette dernière venue entre en vigueur, les Français sont soumis à un régime particulier dans leur vie quotidienne. Et pour celle consistant à s’interroger sur la qualité de l’air, ce sont les déplacements qui sont sur la sellette.
Une mission essentielle pour tout citoyen qui serait donc en droit d’espérer en une certaine cohérence nationale dans la mise en place de cette politique de la part de ses dirigeants. Or, il n'en est rien. C’est même la substitution d’un brouillard à un autre.
L’alerte pollution a tenu l’actualité ces derniers jours et c’est d’abord Paris qui a ouvert le bal avec une restriction de la circulation des véhicules arpentant ses rues et ses 22 communes alentour. Une circulation alternée qu’ont aussi adoptée Lyon et Grenoble. Mais le parallèle s’arrête là.
Car l’automobiliste qui doit partir de Paris pour rejoindre Lyon, prendre la vallée du Rhône puis aller à un rendez-vous à Grenoble a dû s’habituer à l’incertitude. Sa voiture acceptée au départ peut ainsi à présent ne plus être tolérée à l’arrivée tandis que sur son trajet, il lui faut être très vigilant sur des limitations de vitesse qui peuvent changer. Quant à prendre les transports en commun, là aussi, il faut avoir l’esprit ouvert à l’aventure. Entre les pannes et les trajets gratuits en partie ou jamais, il convient de se mettre aux vertus de la résilience.
Les villes ou les régions font en effet ce qu’elles veulent en la circonstance. Ou ce qu’elles peuvent car, en plus, les élus ne sont pas toujours d’accord entre eux lorsqu’il faut appliquer le régime de l’alerte pollution. Les cas de Grenoble et de Lyon ont été édifiants.
On rappellera que, pour alterner la circulation des véhicules, le système de discrimination entres les plaques d’immatriculation impaires et paires a été généralement choisi. L’autre mode est celui des critères d’une vignette rangeant les mêmes véhicules dans des catégories suivant leur âge.
C’est ce moyen qu’a choisi Grenoble, mais pas Lyon. Pourtant, le préfet de Région annonçait jeudi 15 décembre la mise en place de la vignette automobile dans le département du Rhône. Le dispositif n’était donc pas complètement calqué sur celui de Grenoble puisqu’il empruntait à la fois à la circulation alternée et aux vignettes. À Lyon, les certificats qualité de l’air ont donc été appliqués ainsi les jours de circulation alternée.
Alors que Paris a fait le choix de la circulation alternée, Grenoble celui des restrictions de circulation basées sur l’ancienneté des véhicules, Lyon a coupé la poire en deux. Pour éviter ce casse-tête, l’automobiliste aurait pu se dire que, dans le doute, les transports en commun seraient un palliatif intéressant. Mais là aussi, rien n’a été simple. Alors que, à Grenoble, la gratuité des transports en commun s’est appliquée à la Métro, au Voironnais, au Grésivadan, ralliés par le réseau de bus du Département de l’Isère, la Région, elle, via son réseau de TER, a maintenu les translations payantes.
On le voit, l’intensité de la lutte pour la qualité de l’air n’est pas la même pour tous nos dirigeants. Mais une fois embrayée, c’est le Français qui subit les conséquences de cette géométrie variable dans la mise en place des mesures. Il est essentiel d’améliorer la lisibilité et la cohérence des dispositifs s’appliquant sur nos territoires pour renforcer leur efficacité. Car actuellement, c’est un peu l’anarchie.
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