Prise en main – SsangYong Korando e-Motion : plus fort qu'un Chinois
Commençons par un mea-culpa. Nous réalisons aujourd'hui que nous ne vous avons pas encore proposé d'essai de l'actuel SsangYong Korando, qui est pourtant l'un des SUV les plus redoutablement attractifs de sa catégorie. Mieux vaut tard que jamais, voici notre test du Coréen, plus précisément dans sa toute nouvelle version on ne peut plus actuelle : le e-Motion 100 % électrique. Compétitifs, les Chinois ? Attendez voir…
SsangYong est une marque méconnue, injustement diront certains. Il faut dire que le constructeur coréen est allé d'instabilité en incertitude, ce qui ne l'a pas empêché de développer des véhicules intéressants, mais ce qui ne l'a pas aidé à se construire une image, et surtout un réseau à même d'amener la marque vers le consommateur. Petit constructeur indépendant, puis dans les mains de GM à la pire époque, puis battant pavillon indien dans le groupe Mahindra&Mahindra, SsangYong est aujourd'hui à nouveau 100 % coréen. Il est désormais membre du groupe Edison Motors, dont le patron est décrit comme un « Elon Musk coréen ». Un entrepreneur qui transforme tout ce qu'il touche en or. Cette fois, promis, la stabilité est garantie, et le déploiement commercial est en marche. C'est tout ce qu'on souhaite à cette marque.
À la hauteur des attentes européennes
Voici donc le Korando, quatrième du nom. Avec ses 4,45 mètres de long, on le classera dans la catégorie des Peugeot 3008 et Volkswagen Tiguan pour ne citer que quelques cadors, ainsi qu'avec les Kia Sportage et Hyundai Tucson pour citer ses compatriotes. C'est donc un SUV familial, cœur de gamme de SsangYong entre le plus compact Tivoli et l'imposant Rexton. Ceux qui n'ont jamais oublié SsangYong vous le confirmeront : le Korando est une preuve que la marque a enfin soigné ce qui était sa plus grande maladie, à savoir un design indigeste, incompréhensible, in-regardable (biffer la mention inutile… s'il y en a). Sans être d'une finesse inouïe, le véhicule a des proportions auxquelles on n'a rien à reprocher. Bref, pas un SUV qu'on choisit pour son prix mais qu'on est un peu gêné de montrer aux copains !
Nous trouvons toutefois que les modifications spécifiques à la version électrique pour le rendre plus aérodynamique (retouches des boucliers, calandre fermée) lui font perdre de son caractère « dans ta face ». Mais le plus fort est à bord. Là, le design ne suscite pas la moindre hésitation. C'est sobre mais bien dessiné, avec ce qu'il faut de petits détails séduisants, comme le faux cuir à surpiqûre du tableau de bord, ou le rétro-éclairage des inserts de portière et de planche de bord. Et ce qui frappe par-dessus tout, c'est le sentiment de qualité. Comprenons-nous bien, on n'a pas l'impression d'être dans un Audi Q8, mais si on n'oublie pas dans quelle catégorie on joue, il faudra tout de même être très pointilleux pour trouver à redire aux matériaux ou à l'assemblage. Et puis quand on connait les tarifs pratiqués par SsangYong, c'est simple : on se demande comment ils font pour obtenir un tel rapport qualité prix.
Rien que pour cela, SsangYong atomise n'importe quel concurrent chinois ! Et pas que pour cela. Car la marque est aussi très à la hauteur du marché sur le plan de la technologie. Tableau de bord numérique configurable, système multimédia complet (qui demande certes un peu d'habitude), liste d'aides à la conduite qui ne fait l'impasse sur rien et fournit donc une conduite semi-autonome sur autoroute… Et là encore, même en prenant la version la mieux équipée du Korando, on reste largement en dessous de ce que demande la concurrence pour un véhicule aussi bien réalisé.
Il y a de la place que ce soit dans le coffre ou aux places arrière.
Enfin, le Korando marque aussi des points par ses aspects familiaux. Peu de véhicules de même longueur offrent des places arrière si généreuses, tout en ne négligeant pas le coffre : 550 litres, même pour la version électrique.
Handicapé par les choix techniques
Et nous voilà dans le vif du sujet. Déjà disponible en essence 136 ou 163 chevaux et en diesel 136 ch, le Korando l'est aussi maintenant en version 100 % électrique, dite e-Motion. Il reçoit alors un moteur 190ch/360Nm qui entraîne les roues avant, et qu'alimente un pack de batteries de 62,5 kWh. Selon les normes WLTP, ces dernières annoncent une autonomie moyenne de 339 km, ou jusqu'à 474 km en cycle strictement urbain. Des données parfaitement en phase avec le marché, mais on remarque que c'est du côté de la recharge que le SsangYong trahit son côté « pas cher ». Le chargeur embarqué est en effet relativement modeste, si bien qu'il faut près de 11 heures pour une charge complète sur une prise domestique. Quant aux recharges rapides, les choses ne vont pas au-delà de 50 kW, et la fameuse charge de 20 à 80 % demande… 54 minutes ! C'est très long, notamment comparé aux 18 minutes d'une Kia EV6 par exemple.
Sur la route, on retrouve tout d'abord le même agrément que dans n'importe quel Korando. La direction est à la fois douce et consistante. L'amortissement est soigné et le Korando assure donc un excellent confort familial. Il accomplit sa mission avec les honneurs et sans prétentions. Impossible d'être déçu par son agrément ou son comportement. Oui mais…Pour ce qui est de la partie électrique, rien non plus à reprocher au moteur. Comme tous les électriques, il livre (très) promptement ce dont il dispose et offre au Korando un tempérament très sympa, fait de fluidité et d'énergie communicative. Là où le bât blesse en revanche, c'est dans les choix posés par les ingénieurs en matière de régénération. Chez SsangYong, on a retenu un système à trois paliers, que l'on module comme en rétrogradant via les palettes au volant. Mais aucun de ces paliers ne va jusqu'au vrai « one pedal drive ». Autrement dit, la plus forte régénération au lever du pied droit, qui permet même de se passer de la pédale de frein dans la plupart de cas. Or notre expérience nous dit que pour optimiser l'autonomie d'une voiture électrique, ce « One Pedal » est incontournable. Pour être parfaitement juste, il convient de replacer le contexte avant d'énoncer la sentence. L'essai d'une semaine s'est tenu par une semaine froide de février, avec jamais plus de 7° en journée. Il s'est principalement composé de trajets courts et espacés, impliquant de devoir chaque fois réchauffer l'habitacle. Et pas une fois la voiture n'a été branchée durant ces 7 jours. La bonne nouvelle, c'est que la batterie nous a fait la semaine. Mais… Avec une moyenne proche des 25 kWh/100 km, loin des 16,8 kWh annoncés. Quant à l'autonomie, elle fut à peine au-dessus des 300 km. OK, pas si éloigné des 339 km de moyenne officielle mais nous le répétons : nous avons principalement roulé en ville, où SsangYong avance le chiffre de 474 km !
En conclusion, nous dirons que le SsangYong Korando e-Motion est handicapé par des choix techniques un peu moins « poussés » que ceux de certains rivaux électriques. Mais il se fait pardonner avec des tarifs toujours canons. Reste que l'expérience est aussi un – énième – bilan de la mobilité électrique : si on cumule les conditions défavorables que sont le froid et le fait d'être un citadin habitant en appartement, ne disposant pas d'un lieu de recharge, c'est toujours psychologiquement difficile de faire le grand plongeon. L'Europe 100 % électrique en 2030 ? On se marre ! Les tarifs français du SsangYong Korando e-Motion ne sont pas encore communiqués. On sait qu'en Belgique et en Allemagne, il démarre à 38 990 €, avec un équipement déjà généreux, selon la tradition de la marque. C'est quelque 5 000 € de moins qu'un Skoda Enyaq 60, et 6 000 € de moins qu'un MG Marvel R anglo-chinois. Définitivement, ça reste impressionnant !
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