Prise en mains - Byd Atto 3 : cuisine chinoise, mais goût européen
Conçu spécialement pour l'Europe, le SUV compact électrique du constructeur chinois sera dévoilé au prochain Mondial de l'auto. Sous sa ligne anodine se cache un habitacle plutôt extravagant mais réalisé dans des matériaux de bonne qualité. Premier essai de ce nouveau venu qui pourrait bien se faire remarquer à la Porte de Versailles et par la suite, dans nos rues.
Comment prononcer le nom de cette nouvelle marque ? "Bide" ou "Baillede" ? Les responsables du constructeur chinois ont tranché : ce sera "Be Why Di". Car Byd est la contraction de "Build your dreams" et pour la marque, le rêve ressemble aux trois voitures électriques qui seront dévoilées au prochain Mondial de l'Auto. Les visiteurs de la Porte de Versailles, découvriront dès le 17 octobre prochain, le SUV Tang, un énorme bébé de 4,87 m et la grande berline Han.
Deux autos qui n'ont pas vraiment les faveurs du vieux continent et se destinent plutôt à une carrière américaine et chinoise. L'Europe est le royaume du SUV compact, du Peugeot 3008 ou du Hyundai Tucson ? Alors Byd a concocté un troisième larron qui nous est tout spécialement destiné. Et nous avons pu en prendre le volant le temps de quelques tours d'une route fermée dans les environs de La Haye aux Pays Bas.
Mais avant de mettre le contact, un tour du propriétaire s'impose. La ligne générale de l'engin est plus douce que celle d'un 3008, et moins fun que celle d'un Citroën C5 Aircross. Byd n'a pas voulu renverser la table à dessin en proposant une auto au style révolutionnaire. Son bureau de design maison a fait preuve de sagesse, avec des lignes douces, à même de se fondre dans nos paysages. Des lignes sages qui n'en demeurent pas moins harmonieuses dans ses 4,45 m. Les feux, tous à led, sont parfaitement intégrés dans la face avant chromée du même plastique que ceux que l'on retrouve sur les troisièmes montants.
Sage dehors, extravagant dedans
Mais cet extérieur harmonieux, mais somme toute très classique, tranche avec un habitacle beaucoup plus radical. À l’intérieur de cet Atto 3, tous les éléments sont traités de manière originale. Des poignées de portières qui rappelant les Citroën des années soixante, à la planche de bord en forme de coquillage aux vide-poches latéraux en forme de guitare, avec ses cordes tendues, les designers se sont lâchés. Cette extravagance surprend lorsqu'on la découvre et donne le sourire. Se démodera-t-elle lors d'un usage quotidien ? C'est parfois le problème d'un design trop affirmé. En tout cas, si cet habitacle peut user le regard, il ne devrait pas s'user tout court. Car non seulement les matériaux utilisés et les plastiques moussés fixés presque partout sont de très bonne qualité, et ils sont, de plus, parfaitement assemblés.
Côté commandes, l'écran fixé devant le volant est petit, mais livre toutes les informations essentielles à la conduite. Les autres sont renvoyées sur le grand écran de 15,6 pouces qui peut, d'une simple impulsion, passer en mode vertical, la petite spécialité de Byd. Mais si toutes les commandes de clim, d'infotainement ou de réglages moteur (sport, confort ou régénération) sont disponibles via cette dalle, on peut également les commander grâce à des touches situées sur la console centrale.
Bien traité dans cet habitacle décoiffant, le conducteur, pourra également compter sur des passagers souriants, car particulièrement chouchoutés. La banquette arrière dispose d'assises étonnamment profondes et la place pour leurs jambes est relativement grande. Le coffre n'est pas sacrifié pour autant, et avec ses 440 l, figure dans la bonne moyenne du genre. Une trappe supplémentaire cache les câbles de recharge qui permettront à l'Atto 3 de se brancher en courant continu jusqu'à 88 kW et en AC jusqu’à 11 kW. Résultat : 29 minutes sont nécessaires pour atteindre 80 % de la capacité de la batterie qui atteint 60,4 kWh.
Cette batterie, signée Byd, qui est l'un des spécialistes mondiaux du genre, n'utilise pas des cellules classiques comme la plupart de ses concurrents, mais des lames qui offrent un gain de place en hauteur et explique en partie la place disponible à bord. Elles offrent également une meilleure efficience que le constructeur évalue à 89,6 %. Ces lames sont fixées au plancher d'une nouvelle plateforme, baptisée 3.0. Est-elle en mesure d'encaisser les 204 ch du moteur (lui aussi signé Byd) et ses 310 Nm ? Oui et non. Placé à l'avant (c'est une traction) le bloc s'offre un 0 à 100 km/h en 7,3 secondes et arrache très correctement les 1 750 kg de l'équipage.
En revanche, dans les enchaînements de virages, certes peu nombreux sur le parcours d'essai, le SUV a quelque peu tendance à dodeliner. Rien de bien méchant, mais l'influence américaine a fait son effet sur les ingénieurs chargés du développement des trains roulants. Il ne sert à rien de passer en mode "sport" pour corriger ce défaut, puisque les suspensions ne sont pas pilotées.
Pour autant, cette mollesse des suspensions n'est en rien rédhibitoire. Après tout, un SUV électrique familial n'est pas vraiment destiné à réaliser de grosses attaques dans les lacets du Turini et s'il les escalade, ce n'est que pour en admirer les paysages. Parfaitement fabriqué et parfaitement en phase avec les attentes des clients de ce type d'engin, il pourrait bien bousculer le marché naissant des SUV compacts à zéro émissions. À condition que ses tarifs soient attractifs. Pour les connaître, il faudra encore patienter quelques semaines puisqu’ils ne seront pas communiqués avant le Mondial de l'auto.
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