Privatisation des radars mobiles : les craintes et les enjeux
Signe d’une époque mais aussi symbole d’un roi nu, l’État, de plus en plus, se défait de ses prérogatives pour les déléguer à des intérêts privés. Un schéma que l’on nous jure indolore pour le sens du service public. En 2017, un nouveau pan de l’autorité va tomber dans une mise en œuvre privée. Et non des moindres. Il s’agit du contrôle de la vitesse fait par les radars mobiles. L’objectif avoué ne rassure pas : augmenter le nombre des contrôles.
La privatisation des radars mobiles c’est maintenant. Ou peu ou prou. Une expérimentation débutera début 2017 et sera suivie d’un appel d’offres public. Nous serons alors au premier semestre et le processus débouchera, à partir de l’été prochain, sur la mise en œuvre région par région.
Pourquoi ? Pour une meilleure sécurité routière bien sûr. Et ça va cogner. La feuille de route est claire : faire tourner cinq fois plus qu'aujourd'hui les voitures banalisées dans lesquelles les radars sont embarqués. Il faudra faire rouler 8 heures par jour les 383 voitures utilisées par les forces de l’ordre contre 1 h 30 aujourd’hui.
Certes, mais confier ça à une société privée, n’est-ce pas ouvrir la porte à tous les excès ? Fin novembre, le député LR de Saint-Maur, Sylvain Berrios, avait interrogé le gouvernement à l’Assemblée nationale, craignant qu’une telle privatisation "ne vise qu’à faire rentrer davantage d’argent dans les caisses de l’État à travers les contraventions".
Conscient des interrogations, le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe a voulu rassurer. Il a donc précisé que les logiciels des radars mobiles étant en cours d’évolution pour qu’ils ne nécessitent aucune intervention humaine. Seuls leurs déplacements seront privatisés. Par ailleurs, la société qui sera désignée aura un prix fixe qui ne dépendra pas du nombre de voitures flashées. Les conducteurs suivront un trajet défini à l’avance et ne déclencheront pas les flashs.
Dont acte, mais le doute persiste jusqu’à la gestion de l’appel d’offres. On craint que les entreprises ayant remporté le marché des radars automatiques fixes, à savoir Atos et Morpho ex Safran-Sagem, soient favorisées. Or, l’appel d’offres de l’époque avait débouché sur une enquête pénale pour "favoritisme" et "prise illégale d’intérêt" à la suite de l’attribution de ce marché.
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