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Quand des "pro-voitures électriques" flirtent avec le complotisme

Nous vivons dans un monde où la première chaîne télévisée du pays a décidé de diffuser de la propagande à une heure de grande écoute pour inciter les consommateurs français à ne pas acheter de voiture électrique. Et ça vient "d'en haut". Voilà ce que soutiennent certains partisans des voitures électriques, qui refusent de voir dans un reportage maladroit autre chose que les erreurs classiques commises par des automobilistes "lambda" en pleine découverte de cette technologie.

Quand des "pro-voitures électriques" flirtent avec le complotisme

Le reportage diffusé au journal de 20h de TF1 le 12 août dernier continue de faire parler et d’agiter la sphère des électromobilistes, outrés que la plus grande chaîne télévisée du pays puisse relater la mauvaise expérience de son journaliste sur un long trajet en voiture électrique. Comme nous en parlions déjà la semaine dernière, il faut bien admettre de grosses erreurs de « débutant » dans ce reportage d’un peu plus de quatre minutes où trois automobilistes décident de rallier Villeneuve-d'Ascq et Étretat avec trois véhicules différents (un DS 7 diesel, un Hyundai Tucson hybride et un Volkswagen ID.4 électrique). Empruntant un parcours pas idéalement desservi en stations de charge, le journaliste de TF1 au volant de la voiture électrique a décidé de s’arrêter à la station la plus proche lorsque son ordinateur de bord n’affichait plus que 30% de batterie. Il est malheureusement tombé sur un équipement en panne et là, plutôt que de se reporter à des stations de charge rapide présentes dans les environs, a choisi une borne en courant alternatif bien plus lente (tout en ayant croisé une autre borne rapide en panne sur le même trajet un peu plus tard). Résultat, il est arrivé avec un heure et demie de retard à destination par rapport à ses collègues en véhicule thermique.

Des erreurs de débutant…classiques ?

Vivement critiqués pour ces erreurs sur les réseaux sociaux depuis, les journalistes de TF1 sont depuis pris à partie par des avocats de la voiture électrique particulièrement virulents. Leur tort principal ? Ne pas être des spécialistes de la voiture électrique, pour résumer. Les erreurs commises par ces automobilistes visiblement peu au fait des usages de la technologie électrique, pourtant, nous paraissent excusables : qui n’a jamais découvert ce genre de déconvenue en utilisant pour la première fois une voiture électrique sur un long parcours ou même des points de recharge en ville ? Le journaliste de TF1 l’a lui-même avoué sur Twitter, précisant être surpris de la teneur et du nombre de réactions : il expliquait n’avoir aucune expérience en la matière et beaucoup appris de ce premier trajet, avec un retour qui s’est « nettement mieux passé ».

Certes, il aurait sans doute fallu expliquer davantage cette nécessité de l’apprentissage des trajets en voiture électrique et préciser le bien meilleur déroulement du retour. Comme nous l’ont confirmé des responsables de Volkswagen France ayant prêté le véhicule, le programme était un aller-retour et non simplement un aller (sur lequel se focalisait l’ensemble du reportage). Pour autant, ces erreurs du journaliste nous paraissent correspondre totalement à celles d’un automobiliste sans expérience avec les voitures électriques. « Il aurait dû mieux préparer son sujet », objectent la plupart des gens qui le critiquent. Notons tout de même qu’il possédait au moins une application spécialisée du type « A Better Route Planner » (qui lui a justement indiqué de s’arrêter à cette fameuse borne sur le trajet aller). A moins…qu’il ne s’agisse d’un complot ?

« C’est voulu », « ça vient d’en haut »

Car oui, c’est ce que soutiennent de nombreux internautes extrêmement virulents à l’égard du journaliste de TF1. « Max BLD », un Youtubeur spécialisé dans les voitures électriques (qui fait la promotion publicitaire du réseau de charge Electra sur sa page Youtube) a réalisé exactement le même parcours que lui avec exactement la même voiture (toujours le Volkswagen ID.4 du parc presse de Volkswagen France) pour prouver ce qu’on savait déjà : il était possible de faire beaucoup mieux en voiture électrique. D’après lui, tout d’abord, le journaliste de TF1 n’est pas parti de Villeneuve d’Asq avec 100% de batterie en se référant à l’autonomie maximale affichée par l’ordinateur au départ (« moins de 400 kilomètres d’autonomie » pour le journaliste de TF1 contre « plus de 500 kilomètres » après avoir chargé à 100% pour le Youtubeur). 

La vidéo publiée par Max BLD sur le sujet

Lorsqu’il arrive à la fameuse première borne rapide déficiente pendant le trajet, l’ordinateur de bord affiche 40% de charge restante (alors que le journaliste indiquait « 30% de charge » juste avant de sortir de l’autoroute pour rejoindre la borne). Pas de doute, le trajet d'une traite sans recharge est possible. Et dans le cas du Youtubeur, la borne en question fonctionne. « Comme par hasard », dit-il. « C’est vraiment bizarre », lâche-t-il à nouveau, lorsqu’il visite une autre borne rapide qui fonctionne alors qu’elle était aussi en panne dans le reportage de TF1, tourné un autre jour. Laisse-t-il entendre que le journaliste de TF1 a menti sur l’état des bornes ou choisi délibérément des bornes déficientes ? Au-dessous de la vidéo Youtube, en tout cas, pour certains des commentaires de la vidéo, cela ne fait aucun doute : « ce reportage de TF1 était scripté, la conclusion était rédigée à l'avance », « c'est la preuve par A + B que les "médias" traditionnels ne sont pas forcément là pour vous informer », peut-on lire parmi les centaines de commentaires postés sur la page dont la teneur est similaire, hésitant entre incompétence du journaliste et véritable cabale. « Ce qui prouve bien que c’est manipulé d’en haut », écrit par exemple un internaute sur Twitter (X) qui n’hésite pas à voir y un complot contre la voiture électrique.

TF1 serait-il payé par des lobbys pour casser de la voiture électrique comme le fantasment ces internautes ? Sachant que les constructeurs de voitures électriques comme Volkswagen dont l’ID.4 est présent dans ce fameux reportage payent justement des fortunes en publicité sur la chaîne, permettons-nous de trouver ces accusations un peu fantasques (à moins que le commanditaire « d’en haut » soit un grand lobby pétrolier et, pourquoi pas, qu’il participe à des dîners occultes avec les patrons de TF1 en buvant du sang d’enfant comme imaginé dans les émissions de Cyril Hanouna). 

Preuve que le reportage est bien scripté, on aperçoit pendant l'une des séquences de recharge dans le fond les deux véhicules thermiques des autres journalistes censés « faire la course » contre le conducteur de voiture électrique sur le trajet du reportage. Certes, cela signifie effectivement que le sujet n’a pas été tourné en envoyant simplement chaque conducteur rouler de son côté sans contact avec les autres. Mais il restait cependant possible de retrancher le temps d’arrêt de ces véhicules thermiques de leur temps de trajet total, ce qu’ont probablement fait les journalistes ici. Pas idéal pour arriver à une rigueur parfaite, certes, mais c’était sans doute le seul moyen de composer avec de petits moyens de production (imaginons par exemple un seul cadreur-vidéaste sur le reportage).

En définitive, le reportage du Youtubeur rappelle effectivement une chose : des automobilistes habitués des voitures électriques auraient perdu beaucoup moins de temps que ce journaliste découvrant totalement cet univers. Et il illustre, je pense, exactement ce décalage énorme entre des électromobilistes militants et le reste des automobilistes français, ceux qui n’ont acheté que 17% de voitures électriques neuves sur les sept premiers mois de l’année plutôt que des modèles équipés d’un moteur thermique. Ceux pour qui le simple fait de « passer seulement quelques minutes » à préparer son trajet dans une application dédiée ou le planificateur embarqué de la voiture, mais surtout arriver avec seulement « 12% de batterie et 54 kilomètres d’autonomie restante » à destination sans accès facile à une borne, paraît toujours hors de question. 

A la fin de la vidéo à Étretat, le Youtubeur Max BLD concède qu’il n’y a que « très peu de bornes sur place » et doit rouler 10 minutes de plus pour aller recharger à une borne rapide en-dehors du village. Je me trompe peut-être, mais j’imagine que de telles contraintes (qui impliquent de perdre au moins une demi-heure aller/retour dans le cas présent) restent insupportables pour une partie importante des automobilistes actuellement. Les réseaux de charge continuent de s’améliorer en France et dans les autres pays, tout comme les véhicules électriques eux-même qui vont aussi devenir de plus en plus abordables. J’imagine que ce sont ces points-là qui vont permettre de faire basculer la majorité des automobilistes vers les voitures électriques, plutôt que des positions aussi revendicatrices et agressives sur un sujet où toute forme de défiance, même argumentée, est fermement rejetée. Plutôt qu'un complot, permettez-moi donc de ne voir dans ce reportage qu'une illustration un peu maladroite des problèmes qui émaillent la vie d'électromobiliste débutant.

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