Radar - Bilan 2017 : tops, flops… et surtout une belle opacité !

Il était temps… La Sécurité routière vient de rendre publiques les statistiques 2017 des radars automatiques considérés comme fixes. Soit le nombre d'infractions enregistrées par :

- les cabines classiques,

- les discriminants - ceux qui distinguent poids lourds et véhicules légers et qui soi dit en passant ne servent donc plus à rien sur le réseau secondaire à 80 km/h puisque tout le monde doit y rouler à la même vitesse -

- et les tronçons - ceux qui calculent la vitesse moyenne sur une portion de plusieurs kilomètres.

Sauf qu'entre le prétendu bilan du contrôle automatisé publié mi-septembre, le rapport d'activité 2017 de l'établissement qui gère le centre de Rennes où transitent tous les PV, et ces chiffres, on ne peut que constater quelques divergences… Et surtout de nombreuses inconnues persistantes ! C'est pire que l'an dernier.

Sur les tops 10 des radars les plus et moins flasheurs que la Sécurité routière a donc livrés le mois dernier… En affinant les données, en l'occurrence en prenant en compte la date de mise en service des automates, ce n'est pas tout à fait les mêmes classements que l'on obtient, excepté pour les n° 1 d'un côté comme de l'autre. Le fixe le plus productif correspond ainsi bien au radar "classique" implanté sur l'autoroute A40, à hauteur d'Etrembières, en Haute-Savoie, avec 125 074 flashs, l'an dernier, soit une moyenne journalière de plus de 340 excès de vitesse repérés. Pour le reste, on retrouve la plupart des mêmes - mais pas toujours non plus - et dans le désordre.

Le "vrai" top 10

Et pour ce qui est des moins actifs, de fait, le top 10 des flops n'a quasiment plus rien à voir. Il y a eu comme par hasard quelques oublis. Le tronçon ardéchois de Boucieu-le-Roi n'est pas le seul à n'avoir enregistré qu'un seul excès de vitesse sur toute l'année. Un autre aussi, dans le tunnel de l'A86 en direction de Versailles n'a pas fait mieux. À se demander s'ils étaient d'ailleurs bien en service l'an dernier !

Les 10 "vrais" flops

Des radars qui n'auraient flashé que trois coups en tout et pour tout, il y en a également plusieurs et pas qu'un seul… Au final, des appareils qui ne se déclencheraient même pas une fois par jour, en moyenne, on en compte presque une centaine ! Les radars tronçons sont particulièrement bien représentés dans cette catégorie puisqu'il y en 10 % dans ce cas.

"À la fin 2017, la France comptait 4 446 équipements de terrain de contrôle automatisé (+1,1 % par rapport à 2016)", selon les données officielles également communiquées le mois dernier (voir l'infographie ci-dessous), dont "29 %" de classiques, "9 %" de discriminants et "2 %" de vitesse moyenne… À noter comme on aime désormais être précis au ministère de l'Intérieur sur le sujet ! Car concrètement combien cela fait exactement ? On peut juste estimer qu'il devait y en avoir respectivement environ 1 289, 400 et 89, pour un total - toujours à la louche - de 1 778 radars fixes dans toute la France !

Or, comparé aux chiffres dévoilés mardi par la Sécurité routière, on arriverait plutôt à un total de… 2 542 fixes, avec 2 036 classiques, 407 discriminants et 99 tronçons ! Vous avez dit étrange ? À force de saucissonner les données dans tous les sens, tout en révélant le moins possible, c'est sûr que ça complique la tâche pour analyser toutes ces statistiques. N'est-ce pas l'objectif ? On peut légitimement se le demander. Voilà en tout cas en synthèse les informations qui ont disparu progressivement ces deux dernières années :

À noter, là encore, que lorsqu'ils sont divulgués, les chiffres sont donnés avec le moins de précision possible. En 2015, il nous avait été ainsi communiqué que 13 305 927 PV avaient été dressés par l'ensemble du parc de radars automatiques (radars de vitesse + feux rouges). En 2017, il y en a eu… 17 millions tout rond !

On n'a plus non plus le détail des verbalisations par type de radars : combien de PV par exemple comptabilisés pour les seuls radars autonomes - surnommés également "chantiers" - qui sont les appareils les plus productifs depuis qu'ils ont fait leur apparition en 2015 ? Les concernant, Beauvau se limite désormais à donner le nombre de leurs crépitements. Quant aux radars mobiles, voire "mobiles mobiles", c'est-à-dire les voitures banalisées qui flashent depuis le bord de la route ou dans le flot de la circulation, ils ont littéralement disparu de toute cette communication ! Y aurait-il tant de gros secrets à cacher ?