Renault Clio 16S (1991 – 1996), une malaimée qui monte, dès 9 500 €
Entérinant l’abandon du tout turbo par Renault, la Clio 16S perd en performances face à la R5 GT Turbo. Ce qui lui vaudra des critiques ! Elle n’en demeure pas moins la petite sportive la plus efficace de son temps, du moins avant l’arrivée de la Williams. Raffinée plus que voyante, elle est de plus en plus recherchée par les passionnés.
Les collectionnables, c'est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Renault Clio 16S est-elle collectionnable ?
Marquant un changement de philosophie sportive chez Renault, la Clio 16S est la première petite bombe de la Régie à moteur atmo de 16 soupapes. Un jalon ! Elle marquera aussi les esprit par l'efficacité sans pareille de son châssis, par ailleurs d'une exploitation facile. Un peu négligée car on lui préférait la R5 GT Turbo et la Clio Williams, la 16S connaît actuellement un joli regain de popularité, ce qui n'est que justice au vu de ses grandes qualités... Et de sa rareté en bel état d'origine !
Même si elle dérive de Supercinq, la Clio étonne à sa sortie en 1990. Par son look qui fait vieillir toute la concurrence, sa finition de qualité et ses prestations dignes de la catégorie supérieure. Elle est d’ailleurs élue Voiture de l’année 1991. Vu l’excellence de son comportement routier, on attend avec impatience sa version sportive, dont on se doute qu’elle recevra le 1,8 l à 16 soupapes de la R19 16S. Ce qui a effectivement lieu en 1991.
Le bloc F16 ie (ou F7P) à poussoirs hydrauliques débarque sous le capot de la Clio 16S : Renault a bel et bien tourné le dos à l’ère turbo. Pour un temps en tout cas. Avec sa cavalerie de référence pour la catégorie, 140 ch, la Clio propose des performances maxi très élevées (212 km/h au maxi, 0 à 100 km/h en 7,8 s), mais son poids un peu élevé (975 kg) l’empêche de larguer toute la concurrence. Surtout en reprises, où elle reste derrière la R5 GT turbo, ce qu’on lui reprochera beaucoup !
La Clio compense par un châssis affûté comme rarement. Déjà bien pourvue à la base, avec ses jambes McPherson avant et ses bras tirés arrière, la Clio affermit ses ressorts, amortisseurs, barres antiroulis et articulations tout en élargissant ses voies. Le train arrière passe à quatre barres de torsion (comme sur la R5 GT Turbo), le carrossage augmente son côté négatif et des disques de frein (ventilés à l’avant) sont installés sur les quatre roues, par ailleurs chaussées en pneus de 185.
Si cette préparation se révèle complète, curieusement, de série, le diamètre des jantes de base ne dépasse pas 14 pouces (une Peugeot 205 GTI 1.9 a droit à 15 d’origine), alors que la direction assistée reste en option, tout comme l’ABS, un Bosch à 4 capteurs. Il en va de même pour les vitres électriques ! Cela permet à Renault de proposer la Clio 16S à 101 600 F (soit 24 950 € actuels selon l’Insee), soit à peine plus que les 99 800 F d’une 205 GTI 1.9. En réalité, la majorité des clients opteront pour la direction assistée et les jantes de 15.
Fin 1992, montage d’un catalyseur oblige pour satisfaire à la norme Euro I entrant en vigueur le 1er janvier suivant, la puissance chute à 137 ch. Corollaire, l’équipement inclut désormais les jantes en alliage de 15 ainsi que les vitres électriques. En 1994, la gamme Clio bénéficie d’un restylage léger qui concerne aussi la 16S, devenant 16V pour l’occasion. Rétros agrandis, équipement enrichi (direction assistée, alarme et antidémarrage livrés d’office) et légères retouches cosmétiques la caractérisent. Dommage que les superbes jantes Turbine soient remplacées par celles, fadasses, de la R19 16S !
Concurrencée en interne par la fantastique Williams depuis 1993, la Clio 16S stoppera sa carrière en 1996, au moment où les autres Clio sont à nouveau retouchées. Environ 35 000 unités ont été produites.
Combien ça coûte ?
Dans l’ombre des R5 GT Turbo et Peugeot 205 GTI, la Clio 16S (ou 16V) ne jouit pas de la même cote. En effet, la petite dernière réclame 9 000 € en bon état, mais en avoisinant les 200 000 km, 10 000 € en se cantonnant à 150 000 km voire 13 000 € aux alentours de 100 000 km. Pour une auto en excellent état, ajoutez 3 000 €. On trouve déjà des exemplaires en parfaite condition d’origine à moins de 50 000 km qui dépassent les 20 000 €. Globalement, la Clio 16S prend de la valeur.
Quelle version choisir ?
Pas vraiment de version meilleure qu’une autre à recommander. Cela dit, les Clio non catalysées sont un peu plus véloces et les restylées potentiellement mieux équipées. Affaire de choix.
Les versions collector
Toutes, quand elles sont en parfait état d’origine. Mais pour un modèle jamais restauré au kilométrage réellement faible, le carnet de chèque des collectionneurs va frétiller.
Que surveiller ?
Utilisée et entretenue avec respect, la Clio 16S se révèle très endurante, spécialement par son moteur. Des petits soucis liés à des connecteurs électriques faiblards se manifestent tôt ou tard, alors que, et c’est là le vrai défaut de cette Renault, elle peut copieusement rouiller sur sa partie arrière. Surveillez bien les ailes, les passages de roue et les planchers. Dans l’habitacle, les plastiques résistent correctement, bien plus en tout cas que les revêtements de sièges.
L’autre souci de la Renault est lié à ses propriétaires, qui l’auront parfois massacrée à la conduite sans lui prodiguer la maintenance prévue. La transmission sera la première à en faire les frais, suivie des trains roulants et du moteur. Sans oublier la coque, qui aura certainement subi quelque choc violent.
Préférez les autos strictement d’origine et, si possible, dotées d’un suivi complet (cas rare, on s’en sera douté).
Sur la route
A l’instar de la RSI, la Clio 16S gratifie d’un siège excellent quoiqu’implanté un peu haut. On note aussi le volant très légèrement excentré vers la droite. Quasi-identique à celui de la R19 16S, le moteur a ici 100 kg de moins à tirer. Toujours souple et docile, il se montre donc nettement plus vigoureux à bas régime, et connaît ici un joli regain de forme passé 4 000 tr/min. Il grimpe ensuite à plus de 7 000 tr/min en faisant pas mal de bruit mais surtout en administrant une bien jolie poussée. Il délivre alors un bel agrément, tandis que la boîte courte aide à le maintenir dans sa zone de plaisir ! Cela dit, une R5 GT Turbo la surpasse par ses reprises, surtout sur les rapports supérieurs.
Mais la Clio compense par son châssis, remarquable. La direction assistée, rapide et consistante agit sur un train avant ultra-précis et collé au sol, qui garantit une motricité irréprochable et élimine pratiquement les effets de couple. L’arrière accepte d’enrouler de façon progressive, et l’amortissement, parfaitement dosé, absorbe les aspérités tout en contenant les mouvements de caisse. Résultat, on peut sortir la grosse attaque sur route sinueuse sans arrière-pensée, la Clio 16S levant la patte lors des gros appuis. Elle est plus efficace que les GT Turbo et 205 GTI 1.9 tout en se révélant plus facile. Sacrée petite bombe ! En conduite courante, la Clio prodigue un confort très acceptable et consomme 8,5 l/100 km en moyenne.
L’alternative newtimer*
Renault Clio III RS (2006 – 2012)
Succès aussi grand que logique, la Clio I a engendré une lignée mirifique pour Renault. Cinq générations se sont succédé, les quatre premières ayant bénéficié d’une version sportive. Parmi celles-ci, la dernière à conserver l’esprit rageur de la Clio 16S (ainsi que le moteur F !) est la troisième. Nantie de trains roulants peaufinés à l’extrême (pivot découplé à l’avant) et d’une carrosserie joliment musclée, cette Clio apparue en 2006 se révèle d’une efficacité redoutable, surtout avec le châssis Cup apparu en 2007.
Malheureusement, le poids élevé (plus de 1 200 kg) et le moteur 2,0 l atmo de 201 ch, très creux malgré sa distribution variable, ne lui permettent pas d’exceller face au chrono. En 2009, lors du restylage qui la défigure, la Clio III RS reçoit tout de même un moteur revu qui, s’il ne développe que 2 ch supplémentaires, révèle un caractère tout autre. La Cup se radicalise avec sa suspension raidie, les autres gagnent en confort, bref, cette Clio est à son apogée, adoptant l’appellation Gordini en 2010. La RS se déclinera en une noria de séries spéciales : F1 Team R27, WSR, Ange et Démon, Trophy, RB7… A partir de 9 000 € en bon état.
Renault Clio 16S (1992), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 16 soupapes, 1 764 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : jambes McPherson, triangles, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV), bras tirés, barres de torsion, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, traction
- Puissance : 140 ch à 6 500 tr/min
- Couple : 165 Nm à 4 250 tr/min
- Poids : 975 kg
- Vitesse maxi : 212 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 7,8 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Renault Clio I, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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