Renault : l'impossible relocalisation de la Clio
Le gouvernement rêve de relocalisation mais Renault n'a pas l'intention d'en faire. Il va s'engager à produire ses nouvelles électriques en France… à la place d'autres modèles.
Au micro de BFM TV, Bruno Le Maire ne l'a pas nié : l'Était n'empêchera pas la fermeture d'usines de Renault en France. Le ministre de l'Économise est conscient que le Losange doit "adapter son outil de production" pour rester compétitif dans une industrie auto mondialisée. Bruno Le Maire s'accroche toutefois à un symbole : l'usine de Flins. Pour lui, il n'y a pas de raison qu'elle ferme.
C'est un site historique du Losange en France, créé en 1952 et qui a vu défiler les célèbres citadines du constructeur : Dauphine, R4, R5, Supercinq, Twingo et surtout la Clio, dont l'assemblage a commencé à Flins avec la première génération en 1990. Mais le best-seller du Losange s'en est allé.
La quatrième génération était déjà en majorité fabriquée à Bursa en Turquie. La cinquième Clio a achevé le processus de délocalisation. Elle est produite en Turquie, mais aussi en Slovénie, à Novo Mesto, à côté de la Twingo. La plus célèbre des Renault n'est donc plus du tout fabriquée dans son pays d'origine.
De quoi faire hurler les syndicats et faire grincer des dents dans le monde politique, encore plus en ces temps de crise économique liée au coronavirus, où il est beaucoup question de réindustrialiser la France pour créer des emplois. Bruno Le Maire a sous-entendu encore récemment que la relocalisation est une condition pour que des aides à la filière automobile soient accordées.
De quoi faire revenir la Clio à Flins ? Raté. Renault a vite fait oublier une telle idée au gouvernement. Pour cela, il n'était pas seul, puisque PSA a plaidé pour une cause similaire. Peugeot a de son côté délocalisé la 208, en Slovaquie et au Maroc. Une source du Parisien déclarait la semaine dernière : "Renault, mais aussi PSA, ont réussi à convaincre le gouvernement qu'une relocalisation d'usines était absolument impossible. Trop cher. En coûts de production d'abord, mais également en coût de transport des voitures qui sortent des usines. Le marché est aujourd'hui mondial et il faut produire au plus près de là où l'on vend."
Pour Renault et PSA, il semble désormais impensable de produire en France des citadines car les coûts de production y sont trop élevés. Pour assurer la rentabilité de tels modèles, on va donc les fabriquer dans des pays à la main-d’œuvre moins chère et aux taxes plus basses.
Bruno Le Maire a ainsi changé de discours. Désormais, il s'accroche à l'idée de produire en France les modèles électriques, qui sont vus comme l'avenir. Pour Renault, ce sera le cas. Le constructeur va spécialiser l'usine de Douai dans l'électrique. Plusieurs modèles basés sur la nouvelle plate-forme CMF-EV sont au programme, dont deux SUV. Mais ils remplaceront la production de trois véhicules, les Scénic, Talisman et Espace, qui seront classés sans suite. Et le prochain Kadjar 7 places, qui devra remplacer indirectement les Scénic et Espace, sera produit en Espagne ou Angleterre. On note aussi que la transformation de Douai a été annoncée il y a plusieurs années. Bruno Le Maire n'a donc rien obtenu de neuf sur ce point !
Et Flins alors ? Le site assemble pour l'instant la Nissan Micra et la Renault Zoé. Mais la Micra est menacée et la Zoé pourrait migrer à Douai si elle est remplacée sur la CMF-EV. Conscient de l'aspect sensible d'une fermeture d'un site historique, Renault ne devrait pas mettre fin à Flins. Mais l'usine va abandonner la production de voitures et se reconvertir dans d'autres activités, notamment la rénovation d'organes mécaniques, une activité aujourd'hui réalisée par l'usine de Choisy-le-Roi… qui devrait fermer.
Ainsi, la Clio ne pourra donc revenir à Flins… et les usines françaises qui resteront en place ne pourront pas l'accueillir, Douai se spécialisant dans l'électrique, tandis que Maubeuge, Batilly et Sandouville s'occupent des utilitaires.
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