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Renault qui rit et Nissan qui pleure

Dans Economie / Politique / Marché

Michel Holtz

Simultanément, les deux groupes ont dévoilé leurs résultats trimestre ce qui concerne Renault, et leurs prévisions annuelles pour Nissan. Et si ce dernier accuse un coup de moins bien, le Français se porte parfaitement bien. Une situation inversée par rapport à ce qu'elle était il y a quelques années encore.

Renault qui rit et Nissan qui pleure

Il fut un temps ou Renault ne devait son salut, et ses bénéfices, qu’aux actions qu’il détenait dans la maison Nissan. C’était au temps de l’Alliance, et des 43% de parts que le losange détenait chez le Japonais qui cartonnait sur tous les continents et assurait une rente confortable au Français. Mais l’Alliance n’est plus, les 43% sont devenus 15 % et le faste de Nissan a disparu.

C’est même à un inversement total des tendances que la publication, cette semaine, des résultats trimestriels pour Renault, et des prévisions annuelles pour Nissan, nous a permis d’assister. Pourtant, la Bérézina ne coule pas au Japon et le constructeur n’est pas franchement en danger. Mais il enregistre un léger coup de moins bien, et revoit ses objectifs à la baisse. Son bénéfice est en léger recul par rapport à ses prévisions initiales, mais il devrait tout de même atteindre 2,25 milliards d’euros. Pour autant, le Japonais est pugnace et surtout optimiste. 

La faute à la Chine et aux États-Unis

La baisse ? Quelle baisse ? Elle ne saurait durer et Nissan prévoit un avenir radieux pour ses ventes en 2026 et 2027, puisqu’elles devraient atteindre, selon lui, 4,5 millions d’unités, soit 1 million de plus qu’aujourd’hui. Comment exploser les scores ? Avec de nouveaux produits, pardi, mais aussi, en « adoptant des modes de collaboration plus efficaces avec ses fournisseurs ». Traduisons les dirigeants du groupe qui commentaient ainsi leur futur en début de semaine : « nous allons serrer la vis aux sous-traitants ».

Mais ou le constructeur japonais a-t-il péché pour subir ce petit trou d’air actuel ? Comme chez tous ses concurrents occidentaux, Nissan montre du doigt la Chine, ou les marques locales, et notamment Byd, lui taillent des croupières dans les voitures électriques, domaine dans lequel le Japonais n’est pas très en avance. Et il faudra attendre, car les nouvelles électriques Nissan ne sont pas pour tout de suite. La Leaf arrivera l’an prochain, et la Micra, sur la base de la R5 électrique, attendra un an de plus.

La future Micra arrivera en concessions en 2026 seulement.
La future Micra arrivera en concessions en 2026 seulement.

Nissan a également raté la tendance du moment aux US : le PHEV. La marque dispose pourtant de son original système e-Power (un moteur électrique alimenté par un bloc thermique) embarqué sous le capot de ses X-Trail et Qasqhai.En plus, cette innovation réalise de bons scores en Europe ou elle a dépassé les 100 000 ventes, mais le constructeur n’a pas voulu l’envoyer Outre-Atlantique et en équiper ses gros SUV américains. Il semble le payer cash.

Mais pendant que Nissan se débat et attend un avenir glorieux, son ex-complice Renault fanfaronne. Le groupe, aujourd’hui débarrassé de l’Alliance en se contentant d’une participation d’actions croisées et de partenariats industriels, vient de présenter ses résultats trimestriels. Et ils vont au-delà de ceux que pressentaient les analystes. Optimistes, ces derniers prévoyaient un chiffre d’affaires de 11,4 milliards d’euros, mais le losange en a engrangé 11,7. 

Les ventes sont en hausse depuis le début de l’année de 2,7%. Et encore : elles auraient pu l’être davantage sans la baisse des autos électriques, qui ont représenté 10,5% du total, contre 11% à la même période l’an passé. Heureusement, l’hybride sauve l’affaire, et Renault, avec ses hybridations légères et son e-tech, est plutôt bien placé. Quant à l'électrique, la R5 est dans les starting-blocks pour booster le chiffre d'affaires dans ce domaine.

Être en phase avec les tendances du moment constitue évidemment le ticket gagnant pour un constructeur automobile. Un exercice oh combien difficile puisqu’il oblige l’industrie automobile à prévoir ce que le consommateur souhaite plusieurs années à l’avance. Un exercice de devin que certains maîtrisent mieux que d’autres.

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