Renault se lance dans le rap et la street fashion
L'ex-régie n'abandonne pas l'automobile des familles, mais tente de communiquer auprès des jeunes, avec des accessoires dédiés (casquettes, skates) réunis autour du label RNLT et un Master équipé en studio d'enregistrement de rap. Une fausse route ou une bonne idée ?
L’enseigne a surpris tous les visiteurs du dernier salon de Munich. À l’extérieur de son showroom installé en ville, Renault avait changé de nom, ou plutôt, avait supprimé les voyelles du sien. Ainsi, l’ex-régie était rebaptisée RNLT. Une faute de frappe ? Pas vraiment. L’imprimante n’était pas en panne, mais la direction du losange a tout simplement estimé qu’elle pouvait se passer de trois lettres.
Pourquoi, pour qui ? Pour faire comme la star du rap Booba, pardi. Ce dernier, il y a déjà quatre ans de ça, a lancé sa marque de fringues appelée DSCNTD. Une abréviation ? Juste le terme « disconnected » qui a subi l’ablation de ses voyelles.
Les tendances étant ce qu’elles sont, quelques marques se sont précipité sur ce nouveau gimmick, comme le fabricant de bijoux britannique SVNR (souvenir). Ce n’est donc pas pour inciter ses visiteurs à jouer au pendu que Renault a supprimé ses voyelles, mais pour faire « jeune ». Mais comme le message de l’ablation n’est pas assez appuyé, le losange est allé plus loin.
Un Master pour enregistrer du rap
Toujours dans ce grand mouvement de " jeunisation", il vient de mettre au point un « soundtruck », un studio d’enregistrement mobile, pour les néophytes du flow. Entouré des meilleurs spécialistes, Renault a décidé de rhabiller de pied en cap un Master et de l’offrir à l’association Give me 5, qui tente, entre autres, d’aider les jeunes à s’exprimer à travers le rap en leur permettant d’enregistrer leur premier son.
Le studio n’est pas siglé RNLT, mais les vêtements que les apprentis Orelsan peuvent porter, le sont. Car le constructeur vend, dans le même temps, une ligne de streetwear, avec t-shirts, sweats et casquettes ainsi floqués. Sans compter un skate-board parfaitement harmonisé.
Pour justifier ces choix, et la perte des trois voyelles de son nom, la maison Renault invoque le « pas de côté, plus urbain et plus inattendu ». Soit. Mais la marque n’a pas spécialement envie de se lancer dans la confection, façon Booba, et de gagner de l’argent avec ses produits dérivés. Quel est son but en fait ?
Il s’agit bien évidemment d’une opération de communication pour se donner une image « jeune ». Un jeunisme auquel tous les constructeurs succombent. Dans les publicités automobiles, aucun conducteur n’a l’âge réel des clients de voitures neuves, qui ont, pour rappel, entre 55 et 65 ans selon les marques. Les comédiens utilisés ont tous la trentaine fringante et pour cause : les seniors détestent acheter des voitures de vieux. La jeunesse symbolise le dynamisme, et ils se retrouvent dans cette image.
Pour autant, la communication des marques en général est loin de l’univers du rap et de la street, et surtout de ses codes. Quand Mercedes a travaillé avec feu le créateur américain, adulé des nouvelles générations, Virgil Abloh, la marque allemande avait pris soin de positionner son travail dans l'univers du luxe, loin de la rue. Le rap, lui, a beau être la musique la plus écoutée en France et dans le monde, pas sûr que les seniors acheteurs d’un Arkana adhèrent à cette culture. Et si Renault a perdu ses voyelles, souhaitons-lui de ne pas perdre ses clients.
Signé : Mchl Hltz
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