Retour sur la carrière de la Renault Mégane 3 R.S
Vous l'avez vu, la Renault Mégane R.S a tiré sa révérence. La compacte au losange a connu une carrière assez longue et ponctuée de nombreux évènements, que nous avons voulu retracer par ce petit historique du passif de celle qui porte haut les couleurs de la voiture sportive française.
Lancée en 2009, elle est devenue en quelques années l'une des compactes sportives les plus aimées et les plus vendues. Malgré sa présence très dépendante du marché européen, Renault Sport est parvenu à écouler un peu plus de 30 000 unités de la Mégane RS sur ses sept années de carrière, un joli score pour une auto qui fait aujourd'hui office de dinosaure dans un segment marqué par une très forte évolution.
Transmission intégrale, nouveaux blocs, boîtes automatiques ultra rapides, les compactes sportives d'aujourd'hui sont les supercars d'hier dans les performances, et avec la barre des 400 ch qui approche, la Renault Mégane RS commence à sentir le poids des ans.
Commercialisée dans un premier temps en 250 ch, la Mégane 3 RS a ensuite connu quelques mises à jour qui ont poussé la cavalerie à 275 ch sur la dernière version. Cette période estivale est la fin d'une époque pour la Mégane 3 RS qui tire sa révérence. Les derniers exemplaires sont sortis de l'usine espagnole de Palencia. Avant l'arrivée de la future Mégane RS, effectuons un petit retour en arrière sur la carrière de la sportive française la plus efficace.
2009 : l'année de lancement pour la deuxième Mégane au badge Renault Sport
Si l'on dit régulièrement qu'il s'agit de la Mégane 3 RS, c'est qu'il faut bien faire attention à l'ordre des mots. Cette Mégane est la troisième génération portant ce nom mais la seconde Mégane siglée "Renault Sport" de l'histoire. Il ne faudrait donc pas l'appeler Mégane RS 3. En effet, il n'y avait pas eu de version Renault Sport sur la première Mégane qui n'avait que le bloc 2.0 de 150 ch de la Clio Williams comme motorisation la plus puissante. Pour la petite histoire, si l'on remonte le temps, on tombe en 1995, année de création de Renault Sport qui sort son premier vrai véhicule homologué route... le Spider !
Nous sommes donc en octobre 2009, et Renault lance enfin la relève de la Mégane 2 RS qui avait eu droit à une variante R26R en point d'orgue (une tradition qui sera perpétuée sur cette Mégane 3 RS, nous y reviendrons). La nouvelle Mégane RS est alors commercialisée au tarif de 28 900 € avec deux options de châssis : Sport, et Cup, plus rigide et disposant du différentiel à glissement limité. Le carnet de commandes est ouvert et les premiers exemplaires débarquent en concession début 2010.
Sous le capot, nous retrouvons le bon vieux F4Rt, le 2.0 turbocompressé en fonte est une évolution du précédent moteur de la Mégane 2 RS avec un turbo simple et une injection multipoint. Pas de quoi fouetter un chat, d'autant plus que certains concurrents préparent déjà des choses comme l'injection directe ou la suralimentation à géométrie variable.
Retour sur la carrière de la Renault Mégane 3 R.S
A l'époque, pour faire la promotion de la compacte, Renault emploie un pilote maison, un certain Romain Grosjean, qui va dégourdir la Mégane RS sur les lacets du Nürburgring. C'est alors le début d'une idylle entre la Mégane et son tracé fétiche...
2010 : pour les particuliers et... les gendarmes
Nos forces de police sillonnant l'autoroute disposaient de voitures de l'autre bout du monde pour intercepter les fautifs : la Subaru Impreza WRX. Celle-ci n'était qu'un petit "écart" puisqu'elle remplaçait... une Mégane Coupé et une Peugeot 306 S16. La japonaise se retire en 2010 et nos gendarmes héritent de la Mégane 3 RS, légèrement préparée pour l'occasion (là encore, c'est une habitude pour la compacte que de passer par la case préparateur, nous le verrons plus loin). Pour l'inauguration de son arrivée chez la BRI (Brigade rapide d'intervention), nous avions passé une journée en compagnie des gendarmes dans leur nouveau jouet.
2011 : première évolution mécanique et arrivée d'une concurrente à l'ovale bleu
L'année suivante, la Mégane RS connaît sa première évolution mécanique sous la forme d'une série limitée à 500 exemplaires, la Trophy, qui gagne 15 petits chevaux (265 ch) et 20 Nm (360 Nm). Les performances brutes changent peu (un dixième de mieux au 0 à 100, à 6 secondes), mais le comportement est plus pointu, notamment avec l'arrivée des pneus Potenza RE050A et du différentiel à glissement limité désormais de série.
En face, qu'avons-nous ? La traditionnelle Volkswagen Golf GTI, qui joue malgré tout dans un autre registre, l'allemande penchant nettement du côté de la polyvalence et du compromis quand la française affiche un caractère bien trempé. En septembre, au salon de Francfort, Ford (qui joue à domicile, rappelons-le, avec la branche allemande du constructeur) dévoile la nouvelle Focus ST. Au programme : 2.0 turbo de 250 ch, boîte manuelle et châssis prometteur. Tiens tiens, cela nous rappelle notre Mégane... Le match promet déjà, d'autant plus que la Focus RS n'est pas encore là. Citons aussi la Mazda 3 MPS avec son 2.3 turbo de 260 ch particulièrement démonstratif ou encore la Seat Leon Cupra...
Bref, le marché de la compacte sportive, malgré la répression ambiante de plus en plus grande (Ah, que nous étions heureux quand même, en ce temps là. Nous ne savions pas la chance que nous avions !). Mais la française va tirer son épingle du jeu grâce à ses chronos canon, à grands coups marketing de Renault qui tire une grande publicité de ces performances. Le premier chapitre est entamé en juin 2011 lorsque la Mégane RS Trophy signe le meilleur temps pour une traction sur le Nürburgring avec 8 minutes et 8 secondes. Elle bat le record de son aînée, la Mégane R26R.
2012 : arrivée de la phase II
La Mégane RS adopte en 2012 un léger changement avec la présence de 265 ch sous le capot, une puissance auparavant réservée à la série limitée Trophy mais qui est finalement standardisée sur la compacte. De base, la Mégane ne dispose toujours que de 250 ch mais il est désormais possible de disposer des 265 ch via l'activation du mode Sport. Dans les faits, les changements ne sont pas énormes et la sportive concerne son efficacité.
Autre nouveauté : la série spéciale Red Bull RB7 qui arbore un look spécifique avec une teinte foncée et cette lame jaune à l'avant facilement reconnaissable. La mécanique ne bouge en revanche pas, la Mégane conserve ses 265 ch. Produite à un peu plus de 500 exemplaires, elle est intéressante pour l'arrivée, pour la première fois sur la Mégane RS, du Stop&Start...
Pour en finir, 2012 était aussi l'année où Pierre Desjardins s'était demandé, avec l'aide de Bob Séjourné et Soheil Ayari, si la Mégane RS était une digne descendante de la mythique R8 Goirdini.
2013 : 500 ch dans une Mégane RS
L'année 2013 sera plutôt "calme" pour notre compacte qui recevra toutefois l'attention d'un préparateur bourguignon, Dijon Auto Racing. Celui-ci pousse la Mégane RS à 500 ch avec une refonte totale de l'auto, mécanique comme esthétique. Oubliez toute notion de confort à bord de cet engin qui avait tout de même étonné Patrick Garcia lors de son essai.
De son côté, Renault Sport relance la série spéciale Red Bull qui gagne une petite unité pour s'appeler RB8. Produite à 821 exemplaires, elle a droit à une teinte spécifique "bleu crépuscule" rappelant la couleur des monoplaces ainsi que deux ou trois attributs de style bien particuliers. L'occasion pour les amateurs de la reconnaître facilement parmi les nombreuses Mégane RS déjà vendues à ce stade de sa carrière.
2014 : restylage, perte et reprise du record au Nürburgring
Renault s'est fait une spécialité du temps autour du Nürburgring avec ses Mégane, mais la française a perdu son titre en 2014 face à la Seat Leon Cupra, fraîchement débarquée sur le marché et qui a, alors, les dents longues. L'espagnole fait un chrono canon avec 7 minutes et 58 secondes, passant ainsi pour la première fois sous les huit minutes pour une traction, un fait remarquable.
Renault ne tarde pas à réagir avec un teaser dévoilé quelques semaines plus tard annonçant lui aussi un temps sous les huit minutes. C'est également l'occasion pour Renault de dévoiler le restylage de la Mégane RS, qui adopte une nouvelle face avant tandis que l'arrière ne bouge pas.
Terminons par signaler, cette année là, la présence de la toute dernière évolution du F4Rt qui passe de 265 à 275 ch sur la RS 275 Trophy. L'auto passe d'ailleurs entre les mains de notre pilote maison Soheil Ayari qui est décidément bien séduit.
C'est finalement avec une variante largement modifiée de la RS 275 Trophy que Renault Sport avance un temps de 7 minutes et 54 secondes sur la grande boucle. Oui, vous avez bien lu, la Mégane reprend sa couronne pour seulement quatre secondes !
Cette Mégane là (qui est aussi passée entre les mains de Soheil Ayari) est un peu spéciale puisqu'elle adopte un amortissement Öhlins, un échappement Akrapovic, une esthétique très typée piste, des jantes à la teinte vive n'étant pas sans rappeler celles de la Mégane R26R et d'autres atouts comme la suppression de la banquette arrière. Une nouvelle fois, la fin de carrière d'une Mégane sportive pointant son nez, celle-ci se matérialise par l'arrivée d'un modèle collector, qui marque de son empreinte le tracé sinueux allemand.
La Mégane RS 275 Trophy-R sera finalement limitée à 250 exemplaires.
2016 : une retraite bien méritée
La Mégane 3 Renault Sport tire sa révérence début juillet avec la fin de la production Espagne, après plus de 30 000 unités assemblées. Ce devrait être le début d'une nouvelle ère puisque la prochaine Mégane RS ne sera plus disponible en version trois portes, pourrait n'être commercialisée qu'en boîte automatique EDC et son moteur perdrait lui quelques centimètres cubes, dans la tendance actuelle du downsizing, tandis que les quatre roues directrices seront au programme. Un tableau qui montre que la Mégane 4 RS sera une vraie rupture, alors que la Mégane 3 RS était plus dans la continuité de sa devancière.
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