Salaire de Ghosn : Renault retoqué par le patronat
Cette fois ce n’est pas le gouvernement ou un syndicat qui s’offusque sur le sujet de l’augmentation acquise de la rémunération de Carlos Ghosn. Un sujet sensible qui a révélé un fonctionnement troublant. Alors que l’assemblée générale des actionnaires avait voté contre les émoluments du patron, le conseil d'administration du constructeur avait passé outre dans un délai record. Une manière de faire à présent regrettée par le patronat lui-même.
Un désaveu qui vient du Haut Comité de gouvernement d'entreprise de l'Association française des entreprises privées (Afep) et du Medef, syndicat des patrons. L'instance a été créée en 2013 pour veiller au respect du Code Afep-Medef, qui concerne le gouvernement d'entreprise sous tous ses aspects, qui vont des rémunérations à la déontologie. Celle-ci a annoncé avoir recommandé au groupe Renault "des évolutions significatives du mode de rémunération" de son dirigeant. Elle dit aussi avoir transmis ses recommandations au PDG Carlos Ghosn et au comité des rémunérations du groupe automobile.
On rappellera que la rémunération totale de Carlos Ghosn au titre de 2015 a atteint 7,2 millions d'euros - 1,23 million de salaire fixe, 1,78 million de salaire variable et 4,18 millions de stock-options et de bonus différés. Le 29 avril dernier, le conseil d'administration du constructeur avait confirmé la rémunération de Carlos Ghosn peu après une assemblée générale des actionnaires marquée par le rejet à 54,1 % des voix des montants attribués au PDG lors du vote consultatif.
Pour amortir le choc, le même conseil d'administration de Renault avait également annoncé avoir confié à son comité des rémunérations la mission d'"examiner les évolutions utiles de la structure de rémunération pour les années 2016 et suivantes". Lors d’un entretien avec le quotidien Le Figaro, le président du comité des rémunérations de Renault, l'ancien gérant d'Hermès Patrick Thomas, estime qu'il sera en mesure de présenter ces nouvelles modalités dans les prochaines semaines ou les prochains mois.
Certes, mais la montagne pourrait bien accoucher d’une souris. Le même Thomas ne croit qu’en ce qu’il voit : "je suis parfaitement conscient que le vote des actionnaires du 29 avril nous oblige. Mais la voie sera étroite, les motivations de nos actionnaires ne sont pas forcément identiques. Notre rôle, en tant qu'administrateurs, est de nous assurer que Renault continue de bénéficier du talent de Carlos Ghosn, ce n'est pas de trancher le débat de fond sur le partage des richesses dans nos sociétés, ni d'empêcher le gouvernement de légiférer sur le sujet des rémunérations patronales". En d’autres termes, la priorité est de garder Ghosn et non le froisser.
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