Seat 1200 Sport/Sport 1430 (1976 – 1979), bouche de là, dès 5 000 €
Plus connue sous son surnom Boca Negra (bouche noire), et première Seat dont la création ne doit rien à Fiat, la Sport 1200/1430 est une authentique rareté qui ne paie pas – encore – très cher malgré son fort caractère.
On le sait peu, mais Seat ne s’est pas contenté de rebadger des Fiat pour le marché espagnol. Dès le début des années 50, le constructeur ibérique dotait sa 1400 d’un 1,5 l interdit à la Fiat dont elle dérivait. Puis il y eut notamment la 800, une 600 à quatre portes, et une 850 également dotée de quatre portes, contrairement à sa sœur italienne. Si ces deux dernières avaient des gènes Fiat bien apparents, elles étaient sous-traitées par Seat chez Carrocerías Costa, dont les employés avaient créé une société coopérative en parallèle, Inducar en 1969.
Celle-ci avait pour dirigeant l’infatigable Antoni Amat, qui a eu vent de la prometteuse Fiat 127 bien avant sa commercialisation. Comme la variante à quatre portes et la fourgonnette devaient être fabriquées chez Seat, il a l’idée, pour faire vivre Inducar, d’en dériver une petite auto sportive. Il réalise de ses mains une maquette qu’il présente à Günter Oistrach, directeur des projets de Seat.
Celui-ci valide le concept, mais demande à Amat d’en peaufiner le design. Le salut viendra d’Italie. Aldo Sessano, a été cadre au bureau de design de Fiat de 1956 à 1968, année où il est parti fonder sa propre firme. En 1970, il réalise, sur la base de la NSU 1000 TT, le concept Nergal. Amat le découvre au salon de Turin : il en apprécie les lignes tendues et agressives. Il rencontre Sessano, et le courant passe immédiatement entre les deux hommes. A tel point que l’Espagnol invite l’Italien à le rejoindre en Espagne pour dessiner la petite sportive en gestation. Sessano accepte et crée un prototype proche de celui d’Amat par ses dimensions, base de Fiat 127 oblige.
Validé par Seat, il reçoit rapidement ces fameux parechocs noirs en polyuréthane intégrant les projecteurs : est-ce l’influence du concept Fiat ESV 1500 de 1972 ? Toujours est-il qu’au fil de son développement, la sportive d’Amat se voit modifiée pour améliorer la visibilité arrière, mais aussi l’aérodynamique. Si la base reste celle de la 127, toute la superstructure est spécifique et pour la rigidifier, on la dote d’un pare-brise ainsi que d'une lunette arrière collés.
Mécaniquement, puisqu’il ne la produit pas encore, Seat n’a pas accès aux blocs modernes de la Fiat 128. Aussi, pour le petit coupé, on retient le 1,2 l culbuté de la 124 (poussé à 67 ch) que l’on attèle à une boîte de 127. La voiture est finalement présentée en décembre 1975 sous l’appellation Seat Sport 1200. Si elle plaît par sa ligne, l’avant lui valant le surnom de Boca Negra (bouche noire), et ses qualités dynamiques, elle est chère.
Pourtant, plus de 7 000 unités seront vendues en 1976 rien qu’en Espagne. Fiat voit d’un très mauvais œil cette création locale, et oblige Seat à introduire cette année-là dans sa gamme une concurrente directe : la 128 à 3 portes, dotée du même 1,2 l mais aussi d’un 1,4 l de 77 ch ! En 1977, celui-ci se retrouve, avec sa boîte de vitesses, dans la Sport ce qui donne la Sport 1430, par ailleurs dotée de freins assistés contrairement à la 1200 Sport.
Ces deux modèles sont importés en France en 1978. Facturées respectivement 25 950 F (15 250 € actuels selon l'Insee) et 27 650 F (16 250 € actuels), les 1200 Sport et Sport 1430 sont un poil moins chères que les Fiat 128 Berlinetta 1100 et 1300. La 1200 est vite retirée, de sorte qu’en 1979, seule subsiste la 1430. Elle ne passera pas l’année, la production s’arrêtant en septembre.
Au total, celle qui fut la première voiture espagnole de grande série, par sa conception et son design, sera fabriquée à 19 322 unités, dont près de 7 000 en 1430, parmi lesquelles 500, peu ou prou, seront vendues en France. Pas mal du tout !
Combien ça coûte ?
Le principal souci sera de dégotter une auto car il y en a très, très peu en France. Comptez 5 000 € pour une 1200 en bon état, et 6 000 pour une 1430. Des prix sujets à grosses variations selon l’état.
Quelle version choisir ?
Plus performante avec son 1,4 l et dotée d’une meilleure boîte de vitesses, la 1430 conviendra davantage en usage régulier. Mais certains préfèrent le caractère plus rageur de la 1200.
Les versions collector
Toutes sont des collectors, à condition de se trouver en bon état. La 1430, plus rare globalement, sera plus collectionnable encore que la 1200.
Que surveiller ?
Mécaniquement, tout comme les Fiat de son époque, la Seat est du genre robuste. Les moteurs ne posent pas vraiment de problèmes, à condition d’avoir été bien entretenus, les boîtes se révélant peut-être moins endurantes. Pas de faiblesse notable à relever non plus du côté de la suspension. En revanche, la rouille peut faire des ravages, même si la tôlerie semble de qualité un peu meilleure que celle des Fiat de la même époque.
Le gros problème des Sport 1200 et 1430 sera plutôt la disponibilité en pièces spécifiques. Si cela va aisément pour la mécanique, les éléments de carrosserie et d’habitacle seront très, très difficiles à dénicher, même en Espagne. Optez donc pour un exemplaire complet.
Au volant
J’ai eu l’occasion de prendre le volant d’une Sport 1430 de 1978 en bel état. Sa ligne très particulière exhale un charme très seventies, tout comme son habitacle qui a fort bien vieilli. Le siège intégral en velours marron se révèle confortable et la position de conduite, malgré le pédalier décalé vers la droite, très acceptable.
Plutôt sonore, le moteur se montre d’une souplesse étonnante. En ville, c’est très plaisant, alors que la commande de boîte, si elle demande un peu d’habitude, se manie aisément. La suspension, ferme, a tendance à sautiller, mais la direction présente une légèreté appréciable, même en manœuvre. Sur route, on se retrouve aux commandes d’une auto très vive, tant par sa mécanique que son châssis.
Le 1,4 l, certes très sonore, garantit de bonnes reprises, mais n’aime guère les hauts régimes. En fait, il est plutôt rond. En revanche, l’auto, précise, se montre très agile et il suffit d’une légère provocation sur un rond-point pour la faire survirer, tout en progressivité. Vraiment sympa. Quant à la consommation, tablez sur 8 l/100 km environ.
L’alternative newtimer*
Seat Ibiza Bocanegra (2009 - 2012)
Seat s’est soudain souvenu de son passé en présentant en mars 2008 un concept Bocanegra, sur base Ibiza. Cela se concrétise en 2009 sur la citadine espagnole, alors dans sa 4e génération. Par un museau noir, comme son ancêtre de 1975, sauf que désormais, il ne s’agit que de peinture et encore, disponible uniquement sous la forme d’un pack touchant à l'esthétique.
Celui-ci s’applique aux versions supérieures, les FR de 150 ch et Cupra de 180 ch, où il coûte respectivement 890 € et 790 €. Un bloc TDI de 143 ch était également proposé en FR ! Mille exemplaires de ce pack étaient prévus annuellement. En 2012, le pack Bocanegra n’est plus proposé. A partir de 5 000 €.
Seat Sport 1430 (1978), la fiche technique
Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 438 cm3
Alimentation : carburateur double corps
Suspension : jambes McPherson, triangles, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AV) ; ressort à lames transversal, bras, amortisseurs (AR)
Transmission : boîte 4 manuelle, traction
Puissance : 77 ch à 5 400 tr/min
Couple : 111 Nm à 3 400 tr/min
Poids : 815 kg
Vitesse maxi : 160 km/h (donnée constructeur)
0 à 100 km/h : Env. 13 s
> Pour trouver des annonces de Seat, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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