Série d'été - Comment va ... Mercedes
La pause estivale nous permet de dresser un bilan de mi-saison d’activité des principaux constructeurs automobiles, sur fond d’électrification et de pénurie de composants électroniques ralentissant la production et les livraisons. Chaque jour durant les trois premières semaines d’août, Caradisiac s’intéresse ainsi aux principaux acteurs du marché français. Aujourd'hui, passage en revue de la situation de l'étoile de Stuttgart, entre passage radical vers l'électrique et montée en gamme du premium vers le luxe, encore plus rentable.
C'est un record. Mercedes entend poser 60 milliards d'euros sur la table de la transition vers l'électrique d'ici 2026. Certes, la somme est inférieure 70 milliards avancés par Volkswagen dans la même bascule. Mais VW réalise son investissement pour ses cinq marques principales (Seat, Skoda, Volkswagen, Audi et Porsche), alors que l'étoile de Stuttgart, débarrassée de sa filiale Smart, est une marque unique.
Ce "kolossal" investissement a été décidé en fin d'année dernière avec un objectif clair : devancer l'échéance concernant l'interdiction de véhicules thermiques fixée à 2035. A partir de 2025, toutes les architectures des nouvelles autos seront exclusivement électriques. Un pari risqué ? Pas si l'Europe maintient sa directive, et l'on comprend mieux que les dirigeants de l'étoile aient approuvé le vote de Strasbourg le 9 juin dernier fixant la date butoir de la transition.
En attandant 2025, le catalogue EQ, la "famille" des Mercedes électriques s'épaissit de mois en mois. Il compte déjà 5 modèles et va s'augmenter d'un sixième : l'EQE SUV que l'on découvrira le 16 octobre prochain. Mais, du "petit" EQA à 44 000 euros, à l'imposante EQS à 135 000 euros (hors options) les tarifs ne sont-ils pas trop élevés ? Et le mode EV ne risque-t-il pas de rebuter une clientèle réputée conservatrice comme celle de Mercedes ?
Cap sur l'électrique et sur le luxe
Côté prix, les modèles électriques de Stuttgart sont évidemment plus chers que les thermiques. Ainsi la Mercedes la plus vendue au monde actuellement, le SUV GLC, s'affiche, dans sa variante 300e hybride rechargeable, à 61 300 euros. L'EQC, sa variante à watts, démarre quant à elle à 79 000 euros, mais son équipement supplémentaire limite grandement l'écart. Et les clients Mercedes semblent prêts à sauter le pas. La preuve par l'EQS, la plus chère du parc électrique maison. Elle a déjà été commandée à plus de 30 000 exemplaires depuis le début de l'année. Évidemment, la Classe S classique et thermique affiche encore un score de près du double, mais les bons chiffres de l'électrique, et la hausse de 145 % sur un an, conforte Mercedes dans ses choix du luxe et de l'électrique.
Car c'est une double révolution dans laquelle Mercedes est engagé. D'un côté, Stuttgart abandonne le thermique, et de l'autre, la marque mise sur une montée en gamme. Déjà premium, elle devrait donc devenir une véritable marque de luxe. Quelques modèles comme les Classe A et B pourrait donc en faire les frais, du moins dans leurs finitions de base. Plus loin, plus haut et plus fort : telle est l'ambition de Mercedes, avec l'appui de sa filiale AMG et de son label Maybach qui tous deux vont être mis intensément à contribution dès 2024.
Véritable cheval de Troie de cette nouvelle ère Mercedes, le concept car EQXX, avec son design radical et son autonomie de plus de 1 000 km pourrait bien inspirer le premier modèle de série de cette nouvelle époque d'ici deux ans. D'ailleurs, qui dit luxe, dit super cars et séries ultra-limitée. Une offre qui est également prévue, en plus des "collections" Maybach et AMG. Ces séries très spéciales et très chères, seront regroupées sous un signe au nom particulier, et qui pourrait déclencher quelques plaisanteries, puisqu'il est baptisé "Mythos".
On l'aura compris, Mercedes a adopté le slogan "pour continuer à gagner de l'argent, vendons moins et plus cher". Un slogan qui semble largement partagé par l'industrie automobile en ce moment. Sauf que pour réussir à la fois sa bascule vers le tout électrique et vers le luxe, il faut des sous, beaucoup de sous. D'autant que l'étoile entend se différencier des autres marques de luxe au travers d'une orgie technologique, ce qui nécessite des investissements beaucoup plus importants qu'un simple développement de modèles puissants façon Aston Martin.
Deux entités pour financer la révolution
C'est la raison pour laquelle, l'entreprise a tout bonnement changé de nom. Daimler, la maison mère d'origine, est devenu Mercedes-Benz Group, tout simplement. Une manière de séparer les activités automobiles et poids lourds qui n'est pas que de façade, puisqu'elle permet aux deux entités séparées d'entrer en Bourse chacune de leur côté et de lever des fonds. Quand on est un constructeur automobile, il ne faut pas seulement savoir fabriquer des voitures, il faut savoir dénicher les milliards pour les financer.
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