Stellantis-Amazon, ou comment passer de constructeur auto à "tech company"
Actualité dense pour le groupe Stellantis, qui a officialisé un partenariat avec le géant Amazon à l'occasion du CES de Las Vegas. Carlos Tavares en a profité pour donner plus d'informations sur les axes de développement du groupe qu'il dirige.
Opération séduction pour Carlos Tavares au Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas.
En pull-chemise, le sourire facile, le Directeur général du groupe franco-italo-américain Stellantis, vaisseau industriel composé de quelques 14 marques issu de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler, a montré un visage nettement plus avenant qu’à l’accoutumée durant les deux opérations de communications menées mercredi après-midi en visio-conférence.
La première avec les analystes de Morgan Stanley, et la seconde en ouverture du CES. On aura d’ailleurs noté, fait assez inhabituel, que chacune des questions qui lui étaient posées, par les analystes puis par les journalistes, étaient qualifiées - par lui - au minimum d’ « intéressantes », voire pour certaines d’ « excellentes », ce qui est assez rare pour être signalé !
Il faut dire que Stellantis avait officialisé quelques heures plus tôt une grande alliance avec le géant Amazon, ce qui va notamment permettre de déployer des services connectés dans les voitures du groupe à Partir de 2024.
« Stellantis collaborera avec Amazon pour déployer la technologie et l’expertise software d’Amazon au sein de son organisation, notamment pour le développement des véhicules, la création d’expériences connectées à bord et la formation de la prochaine génération d’ingénieurs software automobiles », précise ainsi le communiqué officialisant ce partenariat.
En retour, Amazon s’engage notamment à s’équiper de milliers de camionnettes électriques Ram ProMaster BEV, qui lui permettront d’améliorer le bilan carbone de sa flotte de véhicules de livraison.
Un accord « gagnant-gagnant », pour reprendre les termes employés par Carlos Tavares : « grâce à l’intelligence artificielle et au cloud computing, nous allons améliorer l’expérience globale de nos clients et transformer le véhicule en espace de vie personnalisable, tant pour les passagers que pour le conducteur. » « Ensemble, nous poserons les bases qui feront passer Stellantis d'un constructeur automobile traditionnel à un leader mondial du développement et de l'ingénierie pilotés par logiciel », renchérit le PDG d’Amazon Andy Jassy.
On ignore le montant financier de ces accords, qui complètent la stratégie « logiciels » de Stellantis, déjà lié par ailleurs à FoxConn (le principal asembleur d'Apple) et Waymo, et même BMW sur la conduite autonome.
De constructeur à "tech company"
Au-delà, ils complètent la transformation de ce constructeur traditionnel en « tech company », nouveau graal pour un secteur en plein bouleversement. Comme l’a précisé Carlos Tavares durant ses échanges avec Morgan Stanley, il est question d’une remise à plat qui concerne aussi bien les technologies que les façons d’approcher les marchés et repenser la relation avec les clients.
« Le plus grand risque serait de ne pas bouger », a résumé l’industriel, qui se félicité par ailleurs que son groupe reçoive « des tonnes de candidatures » : « nous ne sommes pas inquiets quant à l’accès des talents au groupe Stellantis », a-t-il commenté. « De nombreux talents venus de la tech nous rejoignent, sensibles au fait que nous cherchons à évoluer pour aboutir à une mobilité toujours plus propre et sûre. »
Sans langue de bois, l’industriel a toutefois mis en garde contre les difficultés qui pèsent sur le secteur. Côté voitures, il faut faire face à un alourdissement préoccupant dû au poids des batteries : « dans les années 80, une voiture compacte pesait autour de 800 kilos. Aujourd’hui c’est le double. Cela pose la question-clé de l’accès aux matières premières, et c’est fondamental d’un point de vue purement environnemental », a-t-il expliqué durant son chat vidéo avec Morgan Stanley.
Et Carlos Tavares de s’avouer préoccupé pour ce qui concerne les relations avec la clientèle : « la tendance est d’avoir une meilleure compréhension de ce qu’attend le consommateur, et de mieux soigner le parcours-client. Les études montrent qu’il y a de nombreuses améliorations à apporter dans les parcours d’achat, et cela concerne d’ailleurs aussi bien les constructeurs traditionnels que les nouveaux venus dans le secteur. Il faut améliorer la qualité du service, et il faudra aussi que les coûts de distribution baissent, de façon à compenser les surcoûts liés à l’électrification. » Et là, le sourire avait disparu.
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