Supermotard: Adrien Chareyre arrête la compétition (interview)
Quatre titres de champion du Monde et un dernier titre de champion de France en guise de conclusion d'une carrière bien remplie. Adrien Chareyre raccroche…
Voilà, c'est fini. Adrien Chareyre raccroche son casque, range sa combarde et ses bottes. 2014 était la dernière année où Adrien Chareyre prendra le départ d'une course en temps que pilote pro. Est-ce que ça voudrait dire qu'il reviendra faire quelques piges en temps qu'amateur ? Alors Adrien qu'en dis-tu ?
- Adrien Chareyre : « Oui il n'est pas exclu que je viennes faire quelques courses sur un championnat de France ou une manche du Mondial, comme ça pour le plaisir… sans aucune pression de résultat. Je serai dans un état d'esprit différent : venir sur les courses avec les amis et m'amuser tant sur le circuit que dans les paddocks. Pour le fun en somme. »
Revenons sur ta carrière, comment s'est passé ton arrivée chez Seurat (team SIMA)?
- Adrien Chareyre : « J'avais 16 ans pour une première saison dans le team Seurat. Je roulais à l'époque en 450. La première année je mixais l'école et la moto. C'était en somme une année charnière. En vue de cette première saison Marcel m'a proposé de venir chez lui en Côte d'Or pour devenir pilote pro. »
À 16 ans le choix ne doit pas être évident, comme l'as-tu vécu ?
- Adrien Chareyre : « C'est une décision lourde de conséquences qui ne se prend pas en 2 minutes. Avec mes parents on s'est donné une chance de réussir sur une année test. Si les résultats suivaient je continuais sinon je reprenais l'école l'année suivante.
Nous sommes en 2002 et le championnat de France à l'époque ressemblait sur certains points à un championnat du Monde. De gros teams officiels étaient présents comme KTM. Je naviguais dans le top 10 avec même un podium à Alès. À 16 ans c'était très bien. Nous avons donc décidé de continuer l'aventure. Direction donc l'Est de la France et pour moi qui est du Sud, le changement n'a pas été évident… il a donc fallu travailler puis se battre pour réaliser mon rêve. »
Comment se passaient tes journées dans le team Seurat ?
- Adrien Chareyre : « Beaucoup de sport et de la moto, soit de l'Enduro, soit du Cross ou du Supermotard, les journées étaient toutes calquées sur le même schéma : respirer moto, manger moto, dormir moto ! »
En 2007 tu fais ton entrée dans un team « usine », Husqvarna, pour le Mondial…
- Adrien Chareyre : « Oui pour le mondial et toujours pilote SIMA pour le championnat de France. Avec à la clef un titre de champion du Monde. Pour moi c'était un aboutissement, la preuve que nous avions fait le bon choix en faisant le pari fou de devenir pilote pro. C'est rassurant et lucratif car à l'époque on gagnait encore de l'argent dans la discipline. C'était la grande époque du SM qui dura jusqu'en 2009. »
Un titre mondial ça n'a pas été pour toi un stress supplémentaire ?
- Adrien Chareyre : « Non plutôt l'inverse. Le titre m'a plutôt détendu. Je me disais que quoiqu'il arrive on ne pourrait plus me l'enlever. J'ai donc pu travailler beaucoup plus sereinement. La preuve je gagne la couronne mondiale en 2008 et 2009. Ce qui fait à mon compteur trois titres consécutifs ! »
Qu'est-ce qui se passe alors dans ta tête, tu te dis que tu es imbattable ?
- Adrien Chareyre : « Non pas vraiment, je me dis plutôt que j'ai réussi à mieux gérer les problème que les autres. On gagne un championnat dans ses mauvais jours… pas dans les bons car quand tout va bien gagner c'est presque facile, ça l'est beaucoup moins les jours sans et ces jours-là il faut être bon et limiter la casse. »
Les titres se succèdent et un jour tu perds le titre…
- Adrien Chareyre : « Ce n'est pas facile. 2010 a été une année difficile mais j'étais tellement dans un esprit de compétition que j'ai trouvé rapidement une motivation pour travailler… encore plus. »
La moto était toujours du plaisir ou un travail ?
- Adrien Chareyre : « … un travail, le plaisir vient de la satisfaction du travail accompli mais clairement on parle ici de travail. Ce n'est pas très facile à gérer avec une pression au quotidien qui n'est pas évidente. Aujourd'hui j'ai l'impression d'être au bout. Aujourd'hui j'ai envie de revenir à la base, faire de la moto pour le plaisir… uniquement le plaisir. »
En 2011 tu regagnes une nouvelle fois un titre mondial dans la douleur, c'est un regret pour toi ?
- Adrien Chareyre : « (silence) … oui car ça m'a longtemps éloigné de mon frère. C'est un sentiment très compliqué. Si je pouvais revenir en arrière… je serai content… de finir second. »
C'est ton plus grand regret, la plus grosse déception ?
- Adrien Chareyre « Oui le dernier virage de la seconde manche de Cahors en 2011. La plus grosse joie je pense que c'était gagner ma manche aux Nations cette année et aussi le titre de champion de France, comme ça la boucle est bouclée et c'est toujours sympa de partir avec un titre en poche. »
Ta pire moto ?
- Adrien Chareyre : « La Husqvarna de 2010 ».
La meilleure ?
- Adrien Chareyre : « La Husky de 2007 ».
Que va faire maintenant Adrien Chareyre ?
- Adrien Chareyre : « Il se lance dans l'imprimante 3D de bureau. J'ai ouvert ma boite en Italie, Dynamo3D. »
(photos: archives)
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