Toyota Corolla GT AE86 (1984-1985) : propulsion, 16 soupapes et sensations pures, dès 18 000 €
Drôle de paradoxe que cette Toyota : desservie en son temps par une technique ancienne, elle est revenue à la mode grâce au digital et au cinéma récent. Au-delà de tout ceci, la Corolla GT AE86 vaut pour sa goûteuse alliance entre son moteur de pointe et son châssis suranné mais doté d’un pont autobloquant.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Toyota Corolla GT AE86 est-elle collectionnable ?
Rendue célèbre en France par ses apparitions dans la franchise Fast and Furious et divers jeux vidéo (Need for Speed, Forza Motorsport, GTA…), la Toyota Corolla GT AE86 est passée d’un désintérêt quasi-total de la part des passionnés à un statut d’icône. Un phénomène rare, mais son intérêt est ailleurs : ce rarissime coupé profite d’un moteur 16 soupapes exceptionnel allié à une transmission classique aux roues arrière (avec essieu rigide) et un différentiel autobloquant. Un ensemble atypique, garant de sensations de conduite qui le sont tout autant. Performante et vintage à la fois, la Corolla GT AE86 doit absolument être préservée.
La mauvaise voiture au bon moment. C’est ainsi qu’on pourrait qualifier l’entrée de la Toyota Corolla GT AE86 sur le marché français, en 1984. À l’époque, la mode des petites sportives fait rage. La Peugeot 205 GTI en est au début de sa carrière incroyable, la Golf GTI demeure une référence, et la Renault 5 GT Turbo ne va pas tarder à faire parler d’elle. Les Japonais aussi avancent leurs pions : Mitsubishi avec sa Colt Turbo, Honda avec sa Civic GT Injection.
Et Toyota ? Le géant nippon dispose bien d’une Corolla moderne avec ses roues avant motrices, mais il choisit pour son arrivée sur ce segment un modèle présent sur son marché intérieur depuis 1983 et presque néo-rétro techniquement : la Corolla GT Coupé, codée AE86. Même si elle affiche un air de famille avec la version standard, elle en diffère totalement sur le plan technique.
Sous sa carrosserie bien dans l’air du temps, se présentant sous la forme d’un coupé à 3 portes, elle cache une transmission classique aux roues arrière, celles-ci étant reliées par un essieu rigide. En 1984, c’est déjà considéré comme vieillot, même si l’Opel Manta, par exemple, recourt encore à la même solution. Heureusement, sur la japonaise, l’essieu arrière est rigoureusement guidé par quatre bras ainsi qu’une barre Panhard, et surtout, intègre un différentiel à glissement limité. Ça parle aux sportifs !
Mieux encore, la Toyota allie ces trains roulants bien conçus mais datés à un moteur 4A-GE ultramoderne, un 1,6 l injection à deux arbres à cames en tête et 16 soupapes. Ce bloc dispose d’une alimentation particulière dite TVIS : sous 4 650 tr/min, quatre des 8 soupapes d’admission voient leur conduit obturé, ce qui les rend inactives.
Avantage, cela optimise le remplissage des cylindres à bas régime en augmentant alors la vitesse des flux gazeux, au bénéfice de la souplesse. Ensuite, les conduits s’ouvrent, les 16 soupapes sont pleinement actives et toute la puissance est là : 124 ch, un chiffre jamais vu sur un 1,6 l atmo de série à l’époque. Cela permet à la Corolla GT d’afficher de très belles performances, accrochant le 195 km/h en pointe, alors que le poids limité à 920 kg favorise les accélérations.
Proposée à 79 950 F (23 750 € actuels selon l’Insee), la Toyota coûte plus cher qu’une VW Golf GTI 112 ch (77 500 F) et qu’une 205 GTI 105 ch (72 500 F). Plus rapide que ces rivales mais considérée comme manquant d’efficacité dynamique de par son châssis, la japonaise ne se vendra que médiocrement sur un segment pourtant très porteur. Elle est retirée du marché français dès 1985 quand apparaît sa descendante, nantie du même moteur mais pourvue d’une architecture et de trains roulants bien plus modernes : une traction à quatre roues indépendantes.
Combien ça coûte ?
Le principal souci sera de trouver un exemplaire à vendre, sachant qu’il s’en est écoulé environ 250 en France voici près de quarante ans. Comptez 18 000 € pour un coupé en bon état, voire 25 000 € pour une auto en excellente condition, ce qui compte plus que le kilométrage. N’hésitez pas à fouiner à l’étranger, notamment en Espagne et au Portugal.
Quelle version choisir ?
Comme il n’y en a qu’une, optez pour une auto la plus proche possible de son état d’origine. Mission presque impossible, car inspirés par les divers films et jeux vidéo dans lesquels l’AE86 est apparue, les propriétaires les ont modifiées outrancièrement.
Les versions collector
Toute Corolla GT AE86 en parfait état d’origine est un pur collector : il n’y en a pour ainsi dire pas !
Que surveiller ?
Le principal souci de l’AE86 sera la corrosion. Toute la carrosserie peut être attaquée, ainsi que les planchers : l’état de ces éléments comptera plus que celui de la mécanique, car les remettre en état se révèle fort cher.
Le moteur, bien conçu, affiche une belle robustesse, et souvent possédé par des passionnés, il a la plupart du temps été correctement entretenu (bien changer sa courroie de distribution). Mais les éventuelles modifications qui lui auront été apportées pourront nuire à son endurance. Pas de souci particulier côté boîte, si ce n’est que l’embrayage d’origine manque d’endurance. Des éléments renforcés existent, qui auront à coup sûr été installés.
Pas de gros soucis à craindre dans l’habitacle, correctement fabriqué, mais veillez bien à acheter une auto complète, certaines pièces étant horriblement difficiles à trouver.
Au volant
Comme beaucoup d’autos des années 80, la Toyota Corolla GT AE86 paraît bien menue. L’habitacle se signale par un design bien de son époque, mais le tableau se révèle pratique une fois qu’on s’est habitué à ses commandes rotatives. On est bien installé à l’avant, la position de conduite se révélant bien étudiée. Au démarrage, la sonorité du moteur réchauffe le cœur : ça sonne bien ! Non, assistée, la direction est ferme en manœuvre mais s’allège rapide, et surtout, la boîte réjouit par son maniement.
Le 4-cylindres se montre doux et souple mais pas très vigoureux à bas régime, ce qui est normal. Il faut attendre 4 500 tr/min pour qu’il se réveille, et là, on entre dans sa zone juteuse. Il pousse très agréablement jusqu’à plus de 7 500 tr/min, dans une musique métallique dont on ne se lasse pas. Quel plaisir ! Évidemment, selon les standards modernes, ça n’est pas un monstre de puissance, mais ce qui compte, ce sont les sensations et le caractère, ce dont ce bloc regorge !
Le châssis ? Il n’est pas très précis, et l’essieu rigide engendre des déhanchements désuets sur les aspérités. Cela dit, son équilibre rassure, et surtout, si on accélère gentiment une fois en appui, train avant (un rien paresseux) bien calé, la voiture survire tout en progressivité, dérive qu’on peut aisément entretenir avec un peu d’entraînement. Ce n’est pas forcément efficace mais diablement amusant, et c’est ça qui importe !
Pour sa part, le freinage assure correctement son office. En conduite normale, la GT AE86 procure un confort ferme mais suffisant, même si sa mécanique reste très sonore (on entend même le différentiel à basse vitesse) : ça plaira aux passionnés, moins aux passagers. Quant à la consommation, elle s’établit à environ 10 l/100 km.
L’alternative newtimer*
Toyota GT86 (2012-2020)
Héritière spirituelle de l’AE86, la Toyota GT86 en reprend l’architecture : moteur atmosphérique avant, propulsion, poids contenu. Conçue avec Subaru, qui la fabrique, la GT86 reçoit un flat-four 2,0 l à double injection (directe et indirecte) développant 200 ch allié à une boîte 6 et un différentiel à glissement limité.
Nantie de trains roulants peaufinés (essieu arrière multibras) et de pneus peu sportifs, la Toyota se montre très amusante à conduire car encline à drifter à la demande. Pas excessivement performante, elle met surtout l’accent sur les sensations dynamiques. Légèrement remodelée en 2016 (boucliers, instrumentation), la GT86 tire sa révérence en 2020, n’étant remplacée qu’en 2021 par la GR86. À partir de 16 000 €.
Toyota Corolla GT AE86 (1984), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 587 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu rigide, 4 bras, ressorts hélicoïdaux, barre Panhard (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, propulsion
- Puissance : 124 ch à 6 600 tr/mn
- Couple : 142 Nm à 5 200 tr/mn
- Poids : 920 kg
- Vitesse maxi : 195 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 8,5 secondes (donnée constructeur)
> Pour essayer de trouver des annonces de Corolla GT AE86, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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