Un salon de l’auto ? Pourquoi faire ?
Annulé en 2020 pour cause de covid, le Mondial de l’Automobile revient à Paris dès demain. Mais vu l’évolution de la fréquentation des éditions précédentes, est-ce bien nécessaire ?
Pour beaucoup de gens, dont votre serviteur, les salons automobiles ont longtemps été une grand-messe incontournable. Quand j'étaus gamin, je frétillais d'impatience le jour J, et je trouvais le parcours en métro vers la Porte de Versailles interminable.
Le salon de Paris, renommé Mondial de l’Automobile en 1988, a enregistré des fréquentations impressionnantes, le record ayant été battu en 2004 avec 1 460 803 visiteurs. Et peut-être même plus en réalité, car il y avait une combine pour entrer gratuitement (se rendre directement sur un des centres d’essai, sans payer, puis se faire ramener à la Porte de Versailles dans une navette de l’un de ces centres).
Je me souviens d’ailleurs que cette année-là, Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, avait interdit qu’on testât des autos dans la capitale, ce, pour limiter la pollution. Résultat, les centres d’essais ont été déplacés de plusieurs kilomètres en proche banlieue, démultipliant ainsi les distances effectuées pour s’y rendre par les navettes qui, en conséquence, ont brûlé bien plus de carburant et émis bien plus CO2. Une grande avancée pour l’environnement… Le bashing anti-automobile prenait son essor.
Est-ce la raison pour laquelle la fréquentation a baissé après 2004 ? Car même si elle a connu des rebonds en 2008 et 2014, elle est tout de même tombée à 1 068 194 visiteurs en 2018, soit près de 30 %. Le problème est que le même phénomène a affecté les salons de Francfort et Genève, ce dernier ayant pour ainsi dire disparu alors que c’était le plus important médiatiquement de la planète ! Sa prochaine édition aura lieu au Qatar… Cela peut aussi indiquer que l’effet salon n’agit plus sur les ventes.
La faute aux écologistes ? Ils ont peut-être eu une influence, mais je pense que les causes sont à chercher ailleurs. Quand on sait qu’en 2012 déjà, PSA n’effectuait plus de ventes sur le salon, on se dit que le ver est dans le fruit depuis longtemps. En effet, les façons d’acheter sa voiture changent, les gens ayant de plus en plus recours à des financements mensualisés sans passer par la case crédit.
Ça facilite grandement l’accès à la voiture, donc rend parfaitement indésirable le fait d’avoir à attendre un salon pour se l’offrir. Du côté des constructeurs, cela signifie que le salon représentera un coût important qu’il sera impossible d’amortir, même en réduisant la taille du stand, en supprimant les goodies distribués aux visiteurs et en limitant le nombre d’intervenants. A quoi bon ? Résultat, de nombreuses marques boudent la manifestation, comme notamment Citroën, DS, Fiat, Ford, Kia-Hyundai, Toyota sans oublier les groupes VW et BMW pour celle qui va ouvrir ses portes le 18 octobre à Paris. Autant de raisons de moins pour les particuliers de se rendre sur cette méga-foire.
Ensuite, quand on discute avec les non-spécialistes de la voiture, ils partent souvent du principe que les modèles se valent tous (et ils n’ont pas tout à fait tort, les écarts se sont considérablement réduits). Partant de là, quelles sont les motivations d’achat ? Le prix, l’esthétique, l’image de marque, les équipements digitaux (oui, les tablettes…), bref autant d’éléments que l’on peut évaluer de chez soi, sur les sites des constructeurs, les réseaux sociaux ou, mieux encore, sur Caradisiac (qui vous donnera en outre de précieuses indications sur la tenue de route, le confort, la finition, l’autonomie…).
Enfin, on ne peut passer sous silence l’effondrement du marché du neuf, ainsi que celui de l’occasion. La faute à quoi ? Aux énormes soucis de production mais aussi à la hausse considérable des prix induite par l’électrification des autos. Résultat, les gens gardent de plus en plus longtemps leur auto, l’âge moyen du parc roulant français avoisinant les 11 ans. Un chiffre qui n’a jamais été aussi élevé ! Du reste, vu la répression délirante qui s’abat sur nos routes, dont l’état ne cesse de se dégrader, on a moins envie de casser sa tirelire pour s’acheter une jolie voiture, un déplaçoir – le moins cher possible – suffira.
Alors, qui va braver les encombrements, la foule et la fatigue, puis débourser 16 € (en ligne, sur place c’est 30 €) pour entrer au Mondial de l’Automobile, dans l’idée de ne pas acheter de voiture ? Les passionnés, principalement, et ils sont de moins en moins nombreux.
Enfin, ils devront s’armer de courage, car avec les pénuries de carburant et les grèves annoncées dans les transports en commun, l’accès au Mondial, qui se déroulera sur six jours contre quatorze précédemment, risque d’être plus difficile que jamais !
Quoi qu’il en soit, nous attendrons la semaine prochaine pour dresser un bilan de ce Mondial 2022, d’un nouveau genre. Signalons que la clientèle potentielle pourra tester des autos au départ de la Porte de Versailles, sur un parcours d’une quarantaine de minutes, donc de façon réaliste, pour autant qu’il y ait suffisamment de carburant.
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