Voici 60 ans, l’Aston Martin DB5 sortait dans une certaine indifférence…
… Mais James Bond allait lui sauver la mise, et par là même, celle de son constructeur. Et ce, grâce, involontairement, à Jaguar. Retour sur une histoire exceptionnelle.
Normalement, l’Aston Martin DB5 n’aurait pas dû profiter d’une telle aura. En effet, il ne s’agissait que d’une évolution de la DB4, sortie en 1958. Et peu visible qui plus est. Car la DB5, à sa sortie en juillet 1963, ne se différencie extérieurement de la DB4 Série 5 Vantage pratiquement que par ses deux bouchons de réservoir. Alors, pourquoi la renommer ?
Parce qu’elle bénéficie de nombreuses améliorations. Le moteur passe de 3,7 l à 4,0 l et développe 282 ch, contre 265 ch à la DB4 Vantage, tandis qu’un alternateur remplace la dynamo. Dans l’habitacle, le tableau de bord bénéficie de retouches, l’équipement s’enrichit (vitres électriques notamment), l’insonorisation s’améliore, le tout se soldant par un poids en hausse d’une centaine de kilos. Pour y faire face, le freinage gagne un deuxième servo, alors qu’une boîte 5 ZF est rapidement offerte en série, une automatique existant en option. Très bien, mais il n’y a pas de quoi fouetter un chat, surtout que l’essieu arrière demeure désespérément rigide.
Seulement… Pour le plus grand bonheur d’Aston, William Lyons, créateur et dirigeant de Jaguar est pingre. Aussi refuse-t-il de fournir des Type E aux producteurs de la saga James Bond. Ces derniers font alors appel à Aston Martin, qui accepte de procurer à 007 sa monture. Celle-ci crève l’écran dans Goldfinger, en 1964.
Par son étonnante beauté déjà. Par ses fameux gadgets ensuite. Enfin… Ce n’est pas la DB5 qui en bénéficie mais bien la DB4 ayant servi au développement de sa remplaçante : Aston ne roulant pas sur l’or a refusé de taillader une DB5 neuve pour les besoins du film. En revanche, la dernière-née de la marque anglaise apparaît bien dans les plans rapprochés. Deux autres exemplaires dotés de gadgets, factices cette fois, serviront à la promotion d'Opération Tonnerre.
Aston revendra la DB4 comme une banale occasion, après l’avoir débarrassée de ses gadgets, et cette voiture disparaîtra, après un vol. Les trois autres existent encore : l’une ayant servi à la promotion du film a même été adjugée à 6,38 millions de dollars par RM Sotheby’s en 2019.
Au total, la DB5 n’a été fabriquée qu’un peu plus de deux ans, étant remplacée par la DB6 fin 1965. 898 coupés et 123 cabriolets ont été produits, soit plus que de DB4 à périodes comparables. C’est l’effet James Bond qui a certainement permis à Aston Martin de survivre à bien des crises en lui conférant une aura à laquelle le constructeur n’aurait autrement pas du tout pu prétendre… Jamais un film n’aura autant contribué au succès d’une voiture.
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