Voiture électrique : " encore d’énormes résistances psychologiques " irrationnelles
L’adoption de vehiclues électriques se heurte " encore à d’énormes résistances psychologiques ", parfois contre toute la logique financière. Un raisonnement parfois peu rationnel que nous décrypte Vincent Carré Directeur des services de mobilité chez Crédit Agricole Personal Finance & Mobility.

Crédit Agricole Personal Finance & Mobility, filiale du Groupe Crédit Agricole, est spécialisé dans le financement d’accès à toutes les solutions de mobilités en Europe. Son activité est liée à la trajectoire de la transition écologique et énergétique mise en place par la France et l'Europe.
Acteur dynamique sur le marché de l’électrification des mobilités, la banque constate encore des résistances, surtout psychologiques à l’électrification des flottes. Les constructeurs automobiles ne sont pas non plus exempts de tout reproche dans leur approche. Le point avec Vincent Carré Directeur service mobilité chez Crédit Agricole Personal Finance & Mobility.

Selon Transport&Environment, 75 % des flottes ne respectent pas leur engagement légal au regard de la Loi d’orientations des mobilités. Il est souvent reproché aux acteurs du leasing de ne pas jouer le jeu alors qu’ils fournissent plus de 60 % des véhicules d’entreprises. Qu’en est-il ?
" Le groupe Crédit Agricole est en avance sur l'ensemble de ses concurrents parce que c'est un sujet sur lequel nous sommes très mobilisés. Mais en ce qui concerne les flottes, la transition vers le véhicule électrique est parfois mal interprétée, parce que souvent mal expliquée. Beaucoup d’acteurs n’ont pas complètement compris l’enjeu de cette transition et pourquoi elle doit avoir lieu. Ayant mal compris la nécessité de cette transition, ils ne voient pas toujours l’intérêt de la mettre en œuvre."
Le manque d’empressement des flottes à s’équiper de véhicules électriques ne serait qu’une question de volonté ?
" D'abord il faut signaler qu'il y a une accélération du verdissement des parcs. Mais aujourd'hui encore il y a des résistances psychologiques de beaucoup d'acteurs à propos des véhicules électriques. Dans beaucoup de flottes, certains responsables n'ont pas voulu s'engager pour des mauvaises raisons. Parce qu’économiquement les entreprises ont tout intérêt à équiper leurs parcs de voitures électriques. Dans le pire des cas le TCO (coût de détention) d’une VE est équivalent à celui d’une thermique, et si vous faites bien les choses il peut même être meilleur."
Des seuils psychologiques d'autonomie
Au regard des avantages financiers et fiscaux, les entreprises paraissent avoir une gestion irrationnelle de la situation ?
" Le psychologique peut être plus fort que le financier. Les entreprises ont parfois trop tendance à voir le verre à moitié vide. Dans les parcs, il y a deux types de voitures électriques. Celles à usage local (modèles urbains et compacts) qui finalement ne font que rarement plus de 100 km par jour. Elles représentent la moitié du parc européen et pourraient très aisément être réalisé en voiture électrique. Sauf qu’il y a un seuil psychologique pour les clients autour de 300 km d'autonomie. En deçà, une voiture, urbaine ou compacte, ne se vend pas. Cette peur du manque d'autonomie est peu rationnelle, mais elle existe."
Le seuil « psychologique d'autonomie » existe-t-il également pour les modèles polyvalents ?
" Oui, le même mécanisme s’applique. Le seuil psychologique est aux alentours de 600 km. C’est sans doute pour cette raison que la Tesla Model Y était la voiture la plus vendue au monde l'année dernière. Beaucoup de constructeurs ont fait des voitures polyvalentes avec 450 km d’autonomie, considérant que les clients ont une approche rationnelle. Elles ne se sont pas vendues."
Cela a-t-il eu un rôle négatif dans le verdissement des flottes ?
" Ces voitures à 450 km d’autonomie se sont mal vendues en véhicule neuf. De fait, leur valeur résiduelle est mauvaise. Et cela vient alimenter aujourd'hui les incertitudes de valeurs résiduelles des voitures électriques."
Des extensions de garantie de 9 ans et 220 000 km
La valeur résiduelle des véhicules électriques est souvent invoquée par les entreprises comme un énorme facteur risque. Est-ce pertinent ?
" La valeur résiduelle des voitures électriques est un élément aujourd'hui incertain. Mais le risque incombe plus aux banques et aux loueurs qu’aux entreprises. Pour en revenir à la valeur résiduelle des VE, nous sommes encore avec des éléments d'incertitudes, mais nous ne sommes pas en danger. Si vous restez dans le budget de vos clients, si vous avez des voitures vendables parce qu'elles ont la bonne autonomie, vous avez de fortes chances que votre valeur résiduelle soit bonne."
Compte tenu de la fiabilité des batteries et d’un coût d’entretien véhicule moindre, constatez-vous une demande d’allongement des contrats de la part de vos clients ?
" Pas encore. Mais il ne serait pas illogique effectivement de voir progressivement un allongement des durées de contrats. C'est dans l'intérêt de tout le monde. Mais là encore le changement d'habitude va prendre un peu de temps."
Le marché des flottes va fortement alimenter le marché de l’occasion. Mettez-vous en place des actions pour inciter les particuliers à acheter une voiture électrique ?
" Nous allons prochainement proposer un passeport de certification des batteries sur nos véhicules d’occasion. Ce type de passeport qui garantit l'état de la batterie au moment de la revente du véhicule est important pour la confiance des clients.
Par ailleurs nous faisons des extensions de garantie sur les batteries quand bien même la plupart des véhicules d’occasion que nous proposons sur le marché disposent encore de 36 voire 48 mois de garantie constructeur. Nous proposons déjà des extensions à 9 ans ou 10 ans avec des allongements kilométriques jusqu’à 220 000 km qui permettront aux clients de racheter ces voitures avec un maximum de réassurance."
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