Voitures neuves, des prix à casser !
Stéphane Schlesinger , mis à jour
Depuis 2019, le prix des voitures neuves a explosé. Vivement qu’un constructeur vienne donner un grand coup de pied dans la fourmilière, car la situation est devenue intenable !
Elle a bon dos, la crise des semi-conducteurs. Certes, elle a incité les constructeurs à privilégier les modèles de haut de gamme, plus rémunérateurs, quitte à ne pas pouvoir satisfaire toute la demande. La guerre en Ukraine, pays fournissant des organes électriques, a renforcé les difficultés d’approvisionnement. En conséquence, le prix des voitures neuves, selon AAA Data, a bondi de 21 % entre 2019 et 2022, hors remises. Celles-ci étant devenues à la fois moins nombreuses et consistantes, on devine que les factures réellement payées par les clients ont crû bien au-delà de ces 21 % !
Seulement, il n’y a pas que la pénurie de pièces pour expliquer cette croissance. Une des grandes causes du renchérissement des voitures neuves revient à leur électrification. Les fabricants n’y ont pas recouru par lubie mais pour satisfaire aux normes anti-CO2 toujours plus contraignantes.
Outre l’interdiction prévue (mais pas forcément effective) de la vente des voitures thermiques en 2035, le règlement européen se durcit constamment, à bas bruit. Par exemple, on est passé à la norme Euro 6 en 2015, mais au sein de cette régulation, des paliers sont sans cesse franchis. Ainsi, depuis le 1 janvier 2021, toutes les autos doivent satisfaire à la norme Euro 6d, c’est-à-dire qu’on a franchi plusieurs crans de dépollution depuis 2015. A chaque fois, la réglementation a obligé à modifier les voitures, donc à en rehausser les prix, quand elle n’entraine pas purement et simplement la disparition de versions intéressantes, dont celles à prix d’appel !
Par exemple, en 2019, on pouvait s’offrir une Opel Karl à 8 800 €, voire 4 800 € si on bénéficiait des aides gouvernementales. La Karl, c’est fini, et elle ne sera pas remplacée. Chez Fiat, ancien spécialiste du rapport qualité/prix, la Tipo neuve débutait sans remise à 12 490 € en 2016. A la rentrée 2019, une promotion en abaissait même le prix à 10 990 €, tout en offrant une garantie de 10 ans. Actuellement, la compacte italienne débute à… 25 300 €, avec une motorisation hybride.
Car Stellantis est passé par là et a mis fin à ces prix bien trop intéressants en se servant de l’électrification pour gonfler extraordinairement ses marges. C’est bien joli de pavoiser sur ses bénéfices, mais à long terme, négliger les intérêts des moins riches peut s’avérer délétère. Citons aussi Ford, qui, à l’aide de promotions, permettait d’accéder à une Fiesta Ecoboost dès 12 000 € en 2017. Terminé, la citadine tirant sa révérence.
Reste Dacia, qui continue à proposer ses modèles à prix plancher, mais celui-ci a tendance à nettement remonter. Passons sur la Spring qui ne cesse de gonfler ses tarifs. Toujours en 2019, on trouvait dans la gamme roumaine la Logan dès 7 900 €. Elle a quitté le catalogue français. Et une Sandero Laureate 0.9 TCE dotée de la clim coûtait 11 710 €. Actuellement, une 0.9 TCE climatisée débute à 14 700 €.
Conséquence de ces hausses sur le neuf, tout le neuf, elles rendent les occasions, toutes les occasions, plus onéreuses, même les autos âgées de 15 – 20 ans. En clair, l’accès à une voiture décente, sûre et correctement équipée simplement pour se rendre à son travail devient de plus en plus problématique. Socialement, c’est une bombe supplémentaire.
Par ailleurs, cela dégage un espace pour un constructeur capable de proposer une voiture neuve à moins de 10 000 € satisfaisant à toutes les normes. Un chinois me direz-vous. Ou un indien. Et pourquoi pas un européen ? Avec les moyens informatiques actuels, avec le degré d’automatisation actuel, avec les montages actuels toujours plus rapides, avec un peu de design qui rendra sympas des formes simples à usiner non seulement, ça n’a rien d’impossible, mais en plus, c’est crucial.
Vous vous rappelez la Fiat Panda de 1980, dont Giugiaro a su dessiner de façon attractive ses panneaux de carrosserie et ses vitrage ultrasimples ? Enorme succès. On peut aussi citer les 2CV, les Renault 4 et Twingo, ainsi que, bien sûr, les Dacia des années 2000. Toutes des cartons commerciaux. La Sandero est d'ailleurs devenue la voiture la plus vendue aux particuliers en Europe ! Du jus de cerveau, voilà ce dont nous avons besoin, bien plus que des tablettes, des décorations voyantes et autres loufoqueries inutiles. Si tant est que les acheteurs y mettent aussi du leur...
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération