Renault aura pris tout son temps pour investir le marché porteur des SUV compacts, si l’on fait abstraction de la piètre carrière du Koleos. La firme française aura attendu près de 15 ans pour demander conseil à son plus proche collaborateur, Nissan, et commercialiser un vrai crossover. Il s’appelle Kadjar et c’est en quelque sorte le jumeau technique du Qasqhaï, pionnier du segment. Il partage avec lui la plateforme, les motorisations, les transmissions, les trains roulants et plusieurs éléments électroniques. Au total près de 60 % des pièces sont communes.
En un mois, Renault a déjà immatriculé près de 7 500 unités. Un démarrage commercial que l’on peut qualifier de « bon » sur un marché dense (une vingtaine d’acteurs) et surtout en pleine explosion. En 2014, le segment des SUV affichait la plus forte croissance parmi les carrosseries disponibles, SUV et autres crossovers urbains, avec 27,7 % d’augmentation en un an. Au total ce sont près de 5 millions d’exemplaires de ce genre qui se sont vendus en Europe l’an dernier. Renault compte bien croquer dans ce gâteau et s’est donné les moyens d’y parvenir, qui plus est à moindre coût, puisque ce Kadjar reprend les grandes lignes du Qashqaï.
Si techniquement les deux modèles sont proches, esthétiquement Renault a dessiné une voiture totalement différente. On salue le geste du constructeur qui ne s’est pas contenté de simplement rebadger un véhicule déjà existant comme il a pu le faire avec le Koleos qui n’est autre qu’un Samsung QM5. Ici les designers surfent clairement sur le succès du Captur et sa calandre en forme de « masque ». Le Kadjar est un véhicule sexy qui peut faire la différence face à des modèles plus conventionnels comme le Peugeot 3008 ou le Volkswagen Tiguan.
Parmi les trois moteurs disponibles au catalogue c’est le 1.5 dCi 110, qui servira de locomotive au français. Ce moteur est pour nous le meilleur du marché dans sa cylindrée. Agrément, sobriété, discrétion, ce bloc offre des prestations honorables au rapport du gabarit imposant (1 394 kg). Notre test nous aura permis d’apprécier sa souplesse en ville et sa grande élasticité sur route. On en a toujours assez sous le pied mais au final on lui préfère son grand frère, le 1.6 dCi 130, plus apte au transport et aux grands trajets. Ce dernier rassure davantage par ses reprises musclées.
Le dCi 110 est associé, ici, à une boîte manuelle à 6 rapports dont l’étagement exploite au mieux le couple maxi (260 Nm) et permet de limiter la consommation. Nous avons relevé une moyenne de 6,2 l/100 km lors de notre test. La boîte automatique EDC peut faire partie du jeu moyennant 1 500 € mais on vous la déconseillera pour son manque de rapidité et de fluidité.
Le Kadjar jouit d’un comportement routier qui nous a séduits. Renault a su tirer le meilleur du Qashqaï en y insérant sa patte. Résultat des courses : le français est bien maintenu, filtre efficacement et s’avère relativement confortable sur les longs trajets. Dans le cadre d’une utilisation familiale, c’est parfait. Le châssis du Kadjar est brillant mais il n’atteint pas encore celui du Peugeot 3008 qui reste, malgré son âge avancé, la référence de la catégorie.
Le Kadjar 1.5 dCi 110 est disponible à partir de 26 000 € en finition « Life ». Un tarif dans la moyenne de la catégorie. Ce dernier propose de série les jantes alliage 17’’, le régulateur/limiteur de vitesse, les antibrouillards, le frein de parking électrique, la climatisation manuelle, la banquette rabattable 2/3 – 1/3 et l’autoradio Bluetooth. Notre version haut de gamme « Intens » à partir de 31 500 € ajoute, la navigation Europe, le système multimédia R-Link, l’accès mains libres, les feux à LED, l’aide au stationnement, etc. Le Kadjar reçoit en série sur « Intens » (option à 800 € sur les autres) le système R-Link 2 à écran tactile avec une interface simplifiée. Une nouvelle fois (fait déjà constaté sur la Clio), le système s’est mis à bugger durant notre test : image figée, son bloqué, etc.
Polyvalent en mouvement, le Kadjar le reste aussi à l'heure de loger une famille. Il offre l’un des meilleurs espaces à vivre du marché aux places arrière. Le volume de coffre atteint 472 litres, ce qui est plutôt bon pour la catégorie. Notons au passage qu’il soigne les aspects pratiques avec sur les finitions hautes (Edition One et Intens) une fonction dite « Easy Break »: les dossiers de banquettes arrière se rabattent selon un découpage 2/3 - 1/3 en tirant simplement des manettes situées sur les parois du coffre.
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