Il y a trente ans tombait le Mur de Berlin. On se souvient alors de ces files ininterrompues de voitures traversant les frontières, festival d’antiquités automobiles essentiellement composé de Lada, Wartburg et, bien sûr, de fumantes et pétaradantes Trabant.
Voiture emblématique de l’ex-RDA, cette dernière aura été produite à plus de trois millions d’exemplaires entre 1957 et 1991, avec des délais de livraison oscillant de 10 à 15 ans en moyenne, un peu moins si vous aviez des connaissances haut placées...
Si l’espèce semble aujourd’hui en voie d’extinction, vaincue à la fois par une faible qualité de fabrication et l’attachement des allemands à solder le souvenir d’un douloureux passé, quelques exemplaires subsistent. Caradisiac a ainsi déniché une berline P601 année-modèle 1975 appartenant à Claude Martin, Président du club Euro Trabi qui compte un peu plus de 400 membres en France (!).
Zone fumeur
Longue de 3,50 mètres, l’auto offre des proportions assez étonnantes avec sa carrosserie trois volumes induite par sa vocation familiale. Avec ses ailes arrières au design typique des années 50 et ses rondeurs, l’auto dispose d’une identité forte et tranche véritablement dans la circulation actuelle.
Considérons plutôt cette prise en mains comme un sympathique retour dans le temps, et prenons place à bord. Une fois la porte claquée (fort) et la ceinture de sécurité (difficilement) bouclée, actionnez la clé de contact sous le volant. Le bicylindre deux temps s’éveille alors dans un bruit évoquant celui d’une crécelle, accompagné d’un panache de fumée caractéristique (voir notre vidéo). Un phénomène toutefois contenu par la qualité des huiles de synthèse actuelles. A l’époque du bloc de l’est, cela fumait bien davantage.Précisons que l’auto fonctionne avec un mélange deux temps à 2%. L’opération a lieu au moment de remplir le réservoir de 26 litres situé dans la baie moteur, et qui autorise une autonomie d’environ 300 km. Pas de pompe d’injection (ni d’ailleurs de pompe d’aucune sorte), l’alimentation se fait par la gravité. Tout simplement.
Sous-perf…
La commande de boîte à 4 rapports (+ marche arrière) est implantée derrière le volant. Inutile de s’étendre sur la précision du guidage, disons simplement qu’il s’agit d’un « coup à prendre ». Une fois la première enclenchée, l’auto s’anime facilement. Le 26 chevaux du moteur - et ses 5,4 mkg de couple… - n’ont que 650 kilos à emmener, aussi s’insère t’on assez facilement dans la circulation urbaine.
En revanche, oubliez toute notion de performance : les accélérations sont faiblardes (21 secondes de 0 à 100 km/h, 110 km/h en pointe au compteur si vous êtes bien lancé), et le freinage de l’ordre du symbolique. Le tout vous invite à adopter une conduite bucolique, qui vous permet d’apprécier au mieux du charme suranné de la bête et des innombrables sourires et commentaires amusés suscités auprès des passants. En terme de sympathie, ce vestige du monde communiste bénéficie donc d’un solide capital…
Un jour, un humoriste a eu ce mot parlant des dirigeants de l’ex-RDA: « Ils ont eu dix-sept millions d’allemands à disposition pendant quarante ans, et ils n’ont été capables de produire que des Trabant ! ». Difficile de toucher plus juste. Cela posé, l’auto dispose aujourd’hui d’un charme assez irrésistible qui fait oublier tous ses défauts. Ou presque.
Intéressé(e) par une Trabant ? Le club Euro Trabi répondra à toutes vos questions concernant la voiture, et vous fournira toutes les informations concernant les démarches à entreprendre (choix d’une auto, homologation, etc.). Grâce à son réseau de correspondant dans l’ancien bloc de l’est, il saura vous aider à trouver la bonne affaire. La fourchette de prix oscille entre 2000 € pour un exemplaire en état d’usage à 5000 € pour un modèle état concours. L’entretien est basique, les pièces peu onéreuses et faciles à trouver.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération