Parlez de suspensions pneumatiques à un amateur de vieilles américaines et il vous régalera d'histoires de ressorts pneumatiques qui équipaient les voitures de la fin des années 50, l'œil brillant et avec une pointe d'émotion dans la voix. C'était précisément ces ressorts qui donnaient aux modèles de l'époque une tenue de route de galion du 17ième siècle au cœur d'une tempête. Mais il y avait une bonne raison pour que les fabricants d'automobiles de l'époque persistent dans cette technologie : elle assurait un confort et une hauteur de caisse constantes. En d'autres termes, la tenue de route d'une voiture à suspensions pneumatiques ne changent pas suivant la charge, que l'on soit seul ou cinq à bord avec le coffre plein de parpaings, un cas de figure tout à fait possible. Ainsi, le pare-choc arrière ne fera pas d'étincelles sur le goudron et les phares n'éclaireront pas les nuages. Les ressorts pneumatiques peuvent être de plus précisément réglés, donnant la possibilité aux ingénieurs d'équilibrer parfaitement le confort et la tenue de route.
De tous les grands constructeurs, Ford fut le seul à rester fidèle à cette technologie, la faisant évoluer régulièrement. En 1984, Ford se sentit finalement suffisamment confiant dans ses progrès technologiques pour représenter une voiture sur coussin d'air : la Lincoln Mark VII. Le nouveau haut de gamme de Ford était doté de ressorts pneumatiques aux quatre roues, d'une pompe électrique sophistiquée, des durites renforcées et de capteurs électroniques permettant de maintenir une hauteur constante. Bien que la Mark VII fut un réel succès commercial, jamais cette remarquable suspension pneumatique ne fut cité dans une de ses publicités, ni dans aucune publicité Ford.
En 1988, Ford installa un système identique dans la Continental avant de perfectionner le système pour la Mark VIII de 1993, dont la garde au sol variait suivant la vitesse. Ford démocratisa ensuite cette technologie en l'appliquant à des modèles moins mondains, comme la Lincoln Town Car ou la Mercury Grand Marquis.
Devenue entre temps à la mode, la technologie des ressorts pneumatiques de Ford atteint ensuite les 4x4, où ils présentaient théoriquement de plus grands avantages. Ces véhicules, développés pour supporter de lourde charge et tracter d'imposantes caravanes, avaient encore plus besoin de garder une hauteur de caisse et un confort constants qu'un coupé luxueux. Le Lincoln Navigator par exemple peut tracter jusqu'à 3900kg sans subir la moindre dégradation au niveau de sa hauteur ou de son confort. Par contre, il peut être rabaissé pour monter à bord plus facilement avant de reprendre sa hauteur initiale.
Si Ford cherche une façon rapide et relativement peu cher pour améliorer sa réputation dans le domaine des innovations technologiques, ils pourraient étendre les systèmes de suspensions pneumatiques aux pick-ups. Très populaires de l'autre côté de l'Atlantique, ces utilitaires utilisaient jusqu'ici des ressorts à lames qui leur donnaient d'énormes capacités de charge mais aussi une conduite particulièrement inconfortable et une médiocre tenue de route à vide, état où ils sont le plus souvent. Des ressorts pneumatiques, surtout à l'arrière, permettraient aux pick-ups Ford de maintenir un confort acceptable, peu importe la taille du chargement.
Peut-être que la meilleure preuve du statut de leader de Ford dans le domaine des suspensions pneumatiques réside dans le fait que beaucoup de nos constructeurs européens développent maintenant leurs propres version du système. Jaguar et Land Rover en tête, bien sûr, appartenant à la marque américaine, mais aussi Mercedes qui est finalement revenu au coussin d'air pour sa Classe S, après l'avoir abandonné après la commercialisation de la 300 SEL 6.3l de 1968. De leur côté, VAG vante la qualité de l'amortissement pneumatique des A8, Bentley GT et Flying Spur.
Source : Truth About Cars
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération