"Dans un an, nous allons courir en Formule 1..." déclare Soïchiro Honda lors du salon de Tokyo 1962. Incrédules et parfois amusés par tant de vanité, les Européens perdent bientôt de leur superbe arrogance. Monsieur Honda n'a rien d'un plaisantin. Sa réussite fulgurante et l'impressionnante razzia de ses machines dans les Grands Prix motos donnent la mesure de son audace et de ses ambitions.

Soïchiro Honda, petit mécanicien turbulent, visionnaire et prodigieusement créatif, vient de se bâtir un empire en moins de quinze ans. Le numéro 1 mondial du deux-roues a bien pris quelques rides mais il est resté au fond de lui même cet adolescent rejetant l'ordre établi. Ainsi, lorsque la puissante chambre syndicale japonaise de l'automobile, lui refuse le statut de constructeur, il ne se lance pas sa contre-offensive sur les terrains juridiques ou diplomatiques.

Soïchiro Honda passe en force mais avec panache en décidant purement et simplement de construire une Formule 1 !

Un défi qui pourrait paraître d'une folle vanité, mais pas chez Honda où l'audace et l'innovation sont conjugués au quotidien par une foule d'ingénieurs bénéficiant d'une rare liberté d'action. Parmi eux, Yoshio Nakamura, qui une fois la surprise passée, va immédiatement s'enthousiasmer pour le projet. Ingénieur en chef du tout jeune secteur automobile, ce motoriste qui a jadis travaillé sur le moteur du chasseur

Zéro, ignore tout de la compétition automobile. Il va donc procédé par étapes en combinant de nombreuses expériences empiriques avec son solide bagage technique.

Fort de l'expérience "maison" en matière de GP motos, Nakamura ne part tout à fait d'une feuille blanche. Les cylindrées unitaires minuscules (125 cm3 - 5 cylindres ou 250 - 6 cylindres) sont familières aux techniciens de Honda tout comme les culasses multisoupapes ou encore des alliages capables de résister à des régimes surréalistes. Le V12 - 1500 cm3 projeté sera donc très proche des techniques de la moto. Au risque d'être un peu simpliste, ce moteur ne sera, en fait, qu'un savant assemblage de douze monocylindres de 125 cm3 dotés chacun d'un carburateur, d'une culasse à quatre soupapes et d'un échappement ! Terminé à l'automne 1963, le V12 développe 220 ch (soit une quinzaine de chevaux de plus que les meilleurs blocs européens) et entame ses essais installé transversalement dans un châssis laboratoire, baptisé RA 270 (pour 270 km/h). Motoriste avant tout et jugeant son équipe insuffisamment aguerrie pour concevoir un châssis performant, Soïchiro Honda cherche l'alliance d'une équipe britannique.

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