Un demi-point historique
C'est grâce au Comte Zanon, industriel Italien millionnaire, et l'aide du café Lavazza (dont la famille de la femme du Comte est actionnaire), que l'Italienne se retrouve au volant d'une March pour la saison 1975. Elle fait équipe avec le fantasque Vittorio Brambilla qui a obtenu un budget de la marque italienne d'outillage Beta. Après deux abandons sur problème mécanique aux GP d'Afrique du Sud et d'Angleterre, Lella termine à la douzième place de l'International Trophy (course hors championnat) de Silverstone.
Au Grand Prix d'Espagne, Lella connaît toujours des problèmes pour régler sa March 751 et les dramatiques événements du Grand Prix ne vont pas lui faciliter la tâche. En effet, pendant les essais, les pilotes font grève pour obtenir le montage de rails de sécurité sur les portions les plus dangereuses du circuit de Barcelone-Montjuich. Après que les directeurs d'écurie et les ingénieurs aient pris part au montage des barrières, les pilotes contraints et forcés se décident à courir (excepté Emerson Fittipaldi le leader de la fronde qui, volontairement, rate sa qualification !) mais ils ne leur restent qu'une séance d'essais pour régler leur auto. Qualifiée en avant-dernière ligne, Lella va profiter des multiples sorties de route, dont la dernière de Stommelen coûte la vie à quatre personnes et obligent les organisateurs à arrêter le Grand Prix avant son terme (29e tour des 75 tours prévus).
Dans l'histoire, Lella Lombardi termine à la sixième place, mais ne marque qu'un demi point ! En effet, le règlement impose de ne distribuer que la moitié des points si le GP est arrêté après avoir effectué le premier tiers de la distance et s'il n'est pas possible de redonner un autre départ. Cela reste tout de même un résultat historique puisqu'à ce jour, Lella Lombardi est la seule femme à avoir terminer dans les six premiers d'un GP du Championnat du monde. Ce demi-point peut être qualifié de chanceux, car à aucun moment de la course, Lella n'a pu concurrencer réellement ses adversaires masculins. Ce n'est pas son coup de volant qui est en cause mais son bagage technique, l'Italienne a beaucoup de mal dans la mise au point. Un handicap insurmontable dans la Formule 1 moderne, qui coûte plusieurs dixièmes de secondes au tour. Pour de nombreux d'observateurs, Lella qui s'évertue à se prétendre (fanfaronne disent certains) l'égal d'un homme, doit le prouver sur la piste mais aussi dans les stands. Sans lui trouver d'excuse - Lella n'aurait sûrement pas apprécié - il faut souligner qu'elle découvre la plupart des circuits et que si la March 751 est une très bonne voiture, l'écurie manque de moyens financiers pour développer deux autos et privilégie celle de Vittorio Brambilla.
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