Caradisiac : Vous affirmez « qu'aucun radar n'est placé en considération des recettes qu'il pourrait générer ». Comment expliquez-vous que des radars ne soient pas situés en zones dangereuses ?
Emmanuel Barbe : La décision de placer un radar (…) est toujours prise pour une raison d'accidentogénité. Si on ne peut pas dire qu'il y a un radar à tout endroit accidentogène, vous pouvez être certain que toute décision d'installer un radar a été prise sur ce critère. Jamais a été prise une décision d'installer un radar en se disant 'ça va rapporter de l'argent à l'Etat', c'est un mensonge ! Je mets au défi quiconque de le prouver... On a des formulaires pour instruire les installations de radars, ne figure pas combien cela va rapporter... Ça n'existe pas, c'est une légende !
Caradisiac : Il y a aussi des endroits qui n'étaient pas accidentogènes qui ont reçu des radars...
Emmanuel Barbe : « Non, je ne le crois pas. »
Caradisiac : Vous le dites vous-même pourtant. Entre la décision d'installation d'un radar et l'installation effective de l'instrument, la situation a pu bien évoluer ! Car plusieurs années ont pu s'écouler entre-temps...
Emmanuel Barbe : Oui, ça peut arriver, mais c'est marginal. La décision de placer un radar est toujours prise pour des raisons de sécurité routière. Ce qu'insinue l'article d'Auto Plus, c'est que nous plaçons les radars pour faire de l'argent. Pourtant, dans le processus d'installation d'un radar, la considération financière n'est jamais présente, c'est ça que je vous affirme !
Il y a sans doute des zones dangereuses où on n'a pas pu mettre de radars. Il y a peut-être des zones où on a mis des radars qui grâce aux radars ont cessé d'être dangereuses. Mais toute décision de placer un radar est prise par des considérations de sécurité routière, et jamais, jamais par des considérations budgétaires !
Cette espèce d'idée qu'on mettrait des radars parce que ça va rapporter, elle est juste fausse !
Caradisiac : A l'origine même de la mise en place du système, en 2003, il était pourtant clair que les radars ne seraient pas placés en zones dangereuses uniquement. Dans un rapport, daté de mai 2003, de la mission interministérielle sur le contrôle automatisé, les auteurs l'expliquaient ainsi : « La forte représentation des routes moins accidentogènes est liée (...) à la facilité d'y implanter des dispositifs de contrôle automatisé - proximité des réseaux, de transmission, accès difficile donc moindre risque de vandalisme -, mais aussi à l'importance de la circulation et au niveau élevé des vitesses moyennes pratiquées qui conduisent à espérer un effet très important de l'implantation de systèmes automatisés. » Qu'en dites-vous ?
Emmanuel Barbe : Que ce type de contraintes puisse jouer dans la non implantation, peut-être... Mais le but, c'est de ralentir la vitesse, car ralentir la vitesse, ça diminue les accidents. C'est tout l'objet de cette politique ! Je reçois toutes les demandes des préfets pour bouger un radar (…), jamais j'ai vu : ça va rapporter de l'argent !
Caradisiac : Selon un rapport d'une mission parlementaire en 2011, les radars feux rouges n'amélioreraient pas la Sécurité routière, tout simplement parce que, même si l'infraction paraît très grave, il y a vraisemblablement peu d'accidents aux carrefours équipés d'un feu tricolore. A quoi sert alors un radar feu rouge ?
Emmanuel Barbe : Ça tombe sous le sens pourtant ! Moi qui suis motard par exemple, le risque maximal de mourir, c'est la personne qui brûle un feu. Vous n'avez pas besoin d'accidentologues pour comprendre que brûler un feu, c'est vraiment la chose la plus grave. Une chose certaine : on n'a jamais installé un radar de feu en se disant 'A chouette les gens vont le brûler et donc on va faire de l'argent !'
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