Comment vont réagir les visiteurs et les professionnels présents lors de cette journée du samedi ? Vont-ils se révéler compréhensifs, agressifs ? Combien de temps vont tenir nos deux originaux, avant de se faire "vider" ?
Tous les panels de vendeurs ont pu être identifiés à l'occasion de cette séance, à commencer par le vendeur zen – à croire qu'il s'agit d'un adepte de la sophrologie. Un spécimen que nous avons rencontré à trois reprises. Sur le stand Chrysler, à côté d'une superbe Sebring, nos trublions ont eu l'occasion de harceler un vendeur d'une quarantaine d'années, aux tempes grisonnantes. Celui-ci ne s'est pas laissé démonter mais sans renchérir à leur discours, comme s'il attendait que ses interlocuteurs s'épuisent… Impossible à déstabiliser, celui-là. Ne restera, à nos trublions, que la solution de lui proposer d'adhérer à leur association, le Regroupement pour une vie sans voitures, pour lui arracher enfin une réaction : "Là, franchement, faut pas trop m'en demander !" Il restera cependant toujours courtois, visiblement rodé aux conflits relationnels – on se demande même s'il n'a pas fait un stage de psychologie… Bref, un vendeur qui "a de la bouteille" et qui en a vu d'autres…
Un scénario que l'on retrouvera également chez Peugeot, où les vendeurs, plutôt jeunes, sont tout de même proches du franc fou rire. Heureusement, d'autres, toujours très maîtres de leurs réactions, seront plus "vivants". Ce sera le cas de ce vendeur d'une trentaine d'années, chez Lexus, qui réagira très vite en demandant, avec un apparent sérieux, à ses interlocuteurs : "Vous avez fumé quoi avant de venir ?"
D'autres, comme ces vendeurs de chez Mitsubishi, se montreront plus compréhensifs. Le dialogue s'engagera, désamorçant du même coup tout conflit.
Ces échanges nous ont permis, par la même occasion, de constater que certains vendeurs sont très bien informés sur les enjeux écologiques des transports. Sur ce stand, ils répondront à nos écolos : "Vous savez, votre débat va plus loin que sur la seule automobile. C'est un choix de société que vous remettez en cause."
Heureusement, tous n'auront pas cette rigueur professionnelle. En effet, sur le stand Mazda, nous constaterons enfin une réaction. Un jeune vendeur habillé de gris, d'une vingtaine d'années, lancera à nos agitateurs : "Bon, ça suffit maintenant, et si vous alliez voir en face, chez Volvo, hein ?"
Amusant, comme s'il s'imaginait pouvoir manipuler si facilement deux militants du Regroupement pour une vie sans voitures… Quel naïf !
Paradoxalement, le jeune homme chargé du nettoyage des autos sur le stand, lui, sympathisera presque avec nos contestataires. Amusé, il leur demandera même : "Comment avez-vous fait pour venir ici ?"
"Ben… à vélo !" lui répondront-ils en chœur.
La réaction agacée est un schéma qui se reproduira à plusieurs reprises, notamment chez Opel où l'hôtesse se sent littéralement traquée. Elle panique, ne sait plus quoi faire ou dire, avant d'aller chercher son responsable de stand. Lequel n'en éconduira pas moins assez fermement, bien que courtoisement, nos agitateurs : "Vous nous empêchez de travailler, ne perturbez pas les ventes !" .
Mais le pompon, ce sera chez Porsche. L'hôtesse, fort astucieusement, laisse nos deux personnages entrer sur le stand, afin d'éviter qu'ils ne fassent un esclandre. Mais finalement, le responsable du stand viendra à la rescousse et ne se fera pas prier pour les éconduire à son tour. Juste avant de partir, il leur demandera tout de même : "Comment avez-vous fait pour venir ici ?" À question idiote, réponse logique : "Ben, on a pris un billet d'entrée !" Il est vrai que chez Porsche, les clients ont tellement l'habitude d'invitations que notre homme a probablement du mal à imaginer que l'on puisse acheter un billet d'entrée pour ce salon !
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