Il est vingt-deux heures, parlons réalésage et littérature ce soir ; métaphore surtout, une figure de style de la littérature courante à moins que ce ne soit du langage courant ; sinon des deux.
Cette citation est extraite d’un livre de B.S. Johnson intitulé Chalut, datant de 1966. Ce n’est pas un roulier (un navire transportant des véhicules neufs ou des véhicules remplis de marchandises) que B.S. Johnson a choisi pour passer une vingtaine de jours en mer et trouver la matière d’un livre, d’un futur roman adoptant la forme du monologue. Il aurait pu, sans doute. C’est un chalut, qui le transporta jusqu’en mer de Barents.
Pourquoi faire ressortir cette citation, ce soir ? Parce que l’occasion se présente. Et parce que Bryan Stanley Johnson est un écrivain anglais majeur (pour le situer : né en 1933, suicidé en 1973) dont les ouvrages interrogent à chaque fois la forme du roman, un peu à la manière dont un designer automobile pourrait interroger, par chacun de ses traits, dans chacune de ses formes, le style de l’automobile, son histoire. A propos de Chalut, B.S. Johnson déclara : « L’éditeur de Trawl voulait le classer parmi les autobiographies, et non les romans. Mais j’ai insisté sur le fait qu’il s’agit bien d’un roman, et je peux en apporter la preuve. En revanche, il ne s’agit pas d’une œuvre de fiction. Le roman est une forme, au même titre que le sonnet. Et on peut « écrire la vérité ou la fiction dans le cadre de cette forme. Je choisis d’écrire la vérité en utilisant la forme romanesque. »
Chalut de B.S. Johnson, traduit de l’anglais par Françoise Marel, Quidam Editeur, 2007, 208 pages, 18€
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