Ricardo et Pedro Rodriguez : Chronique d'une mort annoncée

7. Ricardo et Pedro Rodriguez : Chronique d'une mort annoncée page 7

Prise de risque maximum

Mais c'est avec l'arrivée des Porsche 917 que la carrière de Pedro va côtoyer le sublime. Si ces voitures puissantes vont rafler un nombre impressionnant de victoires. Elles se montrent également très pointues à conduire. Pour les piloter on a recours à l'élite : Siffert, Redman, Attwood... se partagent leur volant et bien sûr, Pedro Rodriguez. Début 1970, il devient pilote officiel de l'écurie Porsche Gulf dirigée par John Wyer.

C'est le début d'une moisson de victoires pour le pilote de Mexico-City : 24 Heures de Daytona, 1000 km de Brands-Hatch (sous le déluge), 1000 km de Monza, 6 Heures de Watkins-Glen. A chaque fois Pedro, fait équipe avec Léo Kinnunen. Un cocktail détonnant fait d'un Finlandais volant et d'un Mexicain bondissant !

Mais au plus fort de la bagarre, c'est Pedro qui est le plus téméraire. Ainsi les 1000 km de Spa, sont le théâtre d'un duel à couteaux tirés avec son compagnon d'écurie Jo Siffert. Dans la descente vers l'Eau Rouge, puis à l'amorce du raidillon, les 917 sont portières contre portières. Les deux hommes restent pied à la planche. Il est hors de question qu'un des deux vienne à céder. Jo Siffert confessera plus tard :"Lors des courses d'endurance je ne craignais que Pedro. Je conduis toujours à la limite mais ce que Pedro fait, c'est ahurissant".

Les autres pilotes sont moins enthousiastes. Le GPDA (l'association des pilotes qui luttent notamment pour la sécurité), ne voyait pas d'un bon oeil que deux de leurs membres puissent se moquer de leur propre sécurité comme de celle de leurs adversaires. Mais les remontrances n'avaient aucune prise sur ces diables d'hommes. Pedro taciturne et distant ne se trouvait bien qu'au volant de sa voiture.

1971 le voit toujours dans les rangs des Porsche d'usine. C'est Jacky Oliver qui remplace Kinnunen. Mais qu'importe le coéquipier, pourvu que la victoire soit au bout de la piste. Et elle est là qui attend : 24 Heures de Daytona, 1000 km de Monza, 1000 km de Spa et 1000 km d'Autriche tombent dans l'escarcelle des deux pilotes. Aux 24 Heures du Mans, Pedro renouvelle son duel avec Siffert. Tous deux disposent de 917 longue queue, qui frisent les 400 km/h dans les Hunaudières. Encore une fois les voitures se frottent. Au Tertre Rouge et sur toute la ligne droite c'est un chassé-croisé incessant, comme à Spa l'année précédente. Les deux Porsche trop longtemps poussées dans leurs derniers retranchements, n'iront pas jusqu'au bout.

Quelque soit l'enjeu, la formule de course, Pedro se livre à fond, pilote au-delà des limites, se joue du danger. Une longue et savante danse avec la mort qui finira par lasser le plus tenace des anges gardiens. Le dimanche 11 juillet 1971, alors qu'il prend part à une course de moindre importance au volant d'une Ferrari 512 M. Pedro sort de la piste sur le circuit du Norisring en Allemagne. Heurtant le muret la voiture folle rebondit sur la piste et emboutit la 917 de Leo Kinnunen. Instantanément la Ferrari s'embrase, Pedro brûlé très grièvement ne survivra pas à ses blessures.

Et le rideau tombe à la fin du deuxième acte, il n'y a aucun rappel. Le pilote Mexicain ne reverra jamais plus le soleil.

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