Aujourd'hui, on ne peut plus se contenter de dire que seule la vitesse est la cause des accidents mortels. Sauf à être de mauvaise foi. Par contre, il faut se résoudre à admettre que des bombes à retardement parsèment nos routes, prêtes à causer des dommages irrémédiables dans la circulation quotidienne. Le fait est là : de plus en plus de personnes derrière un volant conduisent sous l'emprise de stupéfiants, et leur nombre est probablement sous-estimé. Si vous associez cette tendance à l'alcool, vous découvrez ces chiffres sidérants : en 2013, l'alcool a été impliquée dans 30 % des accidents mortels et la drogue 21 %. Faites l'addition et tremblez !
Et ce d'autant plus que le phénomène des stupéfiants au volant est largement sous-estimé. A croire qu'il commence à peine à être pris en considération. Selon l'Obervatoire national interministériel de la sécurité routière, dans 38 % des accidents mortels, le résultat du test toxicologique n'est pas enregistré. Pourquoi ? A cause d'une question de coût : «Il est en effet beaucoup plus long et onéreux de chercher la drogue que de chercher l'alcoolémie», a expliqué le professeur Claude Got, auteur La Violence routière, dans les colonnes du Figaro.
Un aveu mettant en exergue un insupportable manque de moyens, ceux-là même qui sont déversés sur l'autel du dieu radar. Les contrôles préventifs par tests salivaires coûtent 12 euros l'unité auxquels il faut ajouter les frais d'analyse. En cas de test positif, une prise de sang est obligatoire pour vérifier le premier résultat. Ces analyses toxicologiques sont estimés à 450 euros. Trop cher dit-on pour sauver nos vies alors que les dernières 208 bardées de mouchards valent dans les 70.000 euros l'unité. C'est clair, il y a des priorités. Confondre un automobiliste sous l'emprise de produits stupéfiants ne rapportent rien. Un PV payé par la plus grande masse, ça gagne.
Le pire, c'est que la lisibilité sur le phénomène est floue. Les dernières expertises datent de... 2003 ! Selon elles, dans 9 cas sur 10, le produit stupéfiant consommé est du cannabis. Mais aujourd'hui, c'est la cocaïne qui inquiète. Selon un médecin agréé auprès des commissions médicales pour la réattribution du permis de conduire en Haute-Savoie, qui témoigne toujours sur le Figaro, la règle était autrefois de deux cas de conducteurs sous cocaïne tous les ans. Maintenant, ce sont deux par mois. De quoi mettre le feu au poudre et ce d'autant plus que si conduire après avoir fumé du cannabis double le risque d'être responsable d'un accident mortel, après avoir pris de la cocaïne on multiplie la valeur par 8 environ. Dixit le professeur Glot.
Un phénomène qui se répand d'abord dans le milieu des routiers qui utilisent la substance comme un produit dopant, afin de pouvoir rester éveillé toute la nuit sur la route. Un enchaînement infernal qui a conduit à l'accident mortel de la RN4 dans la Meuse. Après avoir perdu son ex-femme, son fils, son ex-belle-soeur et deux nièces dans un accident provoqué par un chauffeur routier positif à la cocaïne, un père de famille s'était suicidé quelques heures après avoir appris la terrible nouvelle.
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