2. Sur la route : de la performance sous contrôle

Pas un break pour les courses

C'est un violent orage chargé d'une lourde pluie qui nous a accueillis sur la pitlane du Red Bull Ring de Spielberg en Autriche. Ce tracé qui s'appelait autrefois Zeltweg est constitué de lignes droites reliées par des virages moyennement rapides sans surprise. Parfait pour le journaliste qui découvre le lieu et la voiture. Notre modèle d'essai Circuit est toutes options et dispose du différentiel arrière Sport, des jantes 20'', de la direction dynamique capable de contre-braquer légèrement à votre place et du châssis Sport + doté du Dynamic Ride Control, un système d'antiroulis hydraulique qui relie en diagonale chaque paire d'amortisseurs. Une compression sur un amortisseur provoque en réaction instantanée le durcissement de son homologue opposé (en diagonale), ce qui permet d'une part de virer à plat mais également d'offrir un ressenti naturel car instantané.

Sous la pluie et en seulement 4 tours, difficile de faire le tour du propriétaire d'autant plus que les réglages offerts via le Audi Drive Select sont nombreux. Tout est paramétrable de la direction à la suspension en passant par l'ESC à 3 grades, le dernier déconnectant totalement le système. Sur ce terrain devenu subitement très glissant, on note rapidement que les énormes boudins en 265 de large ne sont pas la panacée sur les freinages qui activent assez vite l'ABS. L'inscription dans les épingles devient problématique, le sous-virage frustre l'apprenti pilote qui doit ralentir plus que de raison pour parvenir à contraindre le nez à tourner. Tenter de la faire tourner au gaz est peine perdue, le système quattro renvoyant du couple vers l'avant, le nez refuse de rentrer à la corde. Non, il faut être patient ou bien perdre un peu de temps dans les réglages, ce que nous n'avons pas eu le temps de faire. J'ai bien essayé de modifier les modes du différentiel Sport mais dans tous les cas, le sous-virage était présent et l'ESC entrait en action beaucoup trop rapidement. Placé sur le deuxième mode, l'ESC retarde son entrée en action mais sur une telle patinoire, les trajectoires deviennent très vite des suites de coups de raquette occasionnés par l'intervention du castrateur correcteur de trajectoire qu'il faut impérativement débrancher si jamais vous vous trouvez en situation de vous amuser à bord de cette auto présentée comme sportive.

Dans les virages moyennement rapides, la RS 4 Avant accepte de laisser partir le sac à dos de façon progressive et aisément maîtrisable au volant mais le plus impressionnant se passe à la réaccélération qui s'effectue sous le contrôle d'une armée de capteurs. On sent parfaitement les puces travailler et actionner furtivement les étriers de frein, tout cela pour garder votre auto dans le cadre. Du coup, au bout de quelques virages, on ose mettre le pied droit au fond en plein appui et malgré la piste détrempée, la RS4 Avant se met à translater par à-coups mais sans pour autant dévier (de trop) de la trajectoire imprimée au volant.

Pour résumer, hormis le plaisir de plus en plus rare de pouvoir prendre 9000 tr/mn dans les reins et les esgourdes, la fin de la session arrive comme une délivrance, la RS4 n'étant pas foncièrement amusante sur circuit comme peut l'être par exemple une M5 ou une M3 pour rester dans le segment.

Familiale idéale

Sur la route, la RS4 Avant devient un objet délicieusement efficace. Certes, elle n'incite pas vraiment aux joyeusetés mais en plus d'être capable de transporter la petite famille et sa cargaison (restreinte quand même) dans un confort respectable, elle sait aussi effacer tout ce qui pourrait s'intercaler entre vous et l'horizon tout en vous faisant frissonner de plaisir grâce au son rageur de ce V8 atmosphérique plein d'entrain. Son absence de suralimentation se fait sentir à la relance sous les 4000 tr/mn, mais tout cela est vite compensé par les 5000 tr/mn qu'il vous reste à prendre avant de tapoter l'oreille droite située derrière le volant (droite tant qu'il est droit car les palettes tournent avec le volant). Le passage s'effectue en un éclair avec une infime rupture de couple que l'on imagine là juste pour conserver un minimum de sensations à la montée des rapports. Positionnée en mode Sport (en poussant le levier de vitesse vers la droite), la boîte S tronic verrouille les passages et laisse le moteur taper le rupteur sans jamais monter le rapport supérieur. Là, aussi on se demande si tout ça n'est pas fait exprès, juste pour que l'on prenne plaisir à observer l'aiguille du compte-tours approcher les 9000 tr/mn afin de « cliquer » pile au bon moment.

Par contre, les rétrogradages empressés resteront sans effet obligeant comme souvent avec ce type de boîte à une certaine patience avant d'appeler la vitesse inférieure. Outre le fait que plus aucun camping-car ne viendra gâcher votre balade (à moins que la route ne soit vraiment trop étroite), l'Audi RS4 fait également taire la marmaille trop bruyante tout en faisant gagner du temps sur l'heure d'arrivée annoncée par le GPS. Le pénible sous-virage ressenti en circuit n'est plus perceptible à un rythme routier même très élevé grâce au grip des énormes pneus Pirelli et à la gestion du couple assez phénoménale sur route ouverte. Pour rouler en sécurité, il n'y a pas mieux et à ce titre, on peut décemment décerner à la RS4 Avant la couronne de meilleure familiale du segment pour ces qualités-là. Le freinage « classique » (étriers 8 pistons quand même) n'a pas montré de signes de faiblesse sur un petit parcours d'une vingtaine de kilomètres mené à un rythme effréné (sans trop d'épingles non plus) alors que le calibrage des réglages de suspension s'est révélé idéal. Le mode Sport étant parfait sur un revêtement en bon état limé à belle allure tandis que le mode Confort se montrait appréciable dès que les raccords de goudron, bosses et nids-de-poule devenaient plus nombreux. Le basculement de l'un à l'autre se fait très naturellement au feeling, lorsqu'une mise en appui franche provoque un léger tangage, vous savez qu'il faut passer en Sport et dès que l'allure ralentit et/ou que vous entrez en agglomération, le premier dos-d’âne vous oblige à repasser en Confort.

Pour ce qui est de l'économie à l'usage (nous avons consommé sur route jusqu'à 29l/100km) ou de la durabilité des consommables, on sera plus réservé. En gros, si l'hybride est la voiture des flottes d'entreprise, la RS4 Avant sera plutôt la voiture des patrons passionnés d'automobiles sportives (les autres « moins passionnés » opteront pour un V6 TDI de 245 ch ou mieux, un SQ5 !).