Les préparatifs


Nous sommes mardi 22 juillet, c'est la fin de l'après-midi et il est temps de laisser la Provence derrière moi pour me diriger vers les Pyrénées où se déroulera, le lendemain, une des étapes les plus importantes du Tour de France...


Mercredi matin, notre groupe composé d'un confrère de la presse auto et de Clément, attaché de presse Skoda France, démarre par une petite « mise en jambe » à vélo avec un ex-double vainqueur du Tour de France, l'Irlandais Stephen Roche, le plus français des Irlandais puisqu'il parle très bien notre langue et est également un ambassadeur Skoda pour le cyclisme. Le constructeur tchèque, sponsor officiel du Tour de France depuis de nombreuses années, nous a invités à vivre cette journée au cœur de l'étape.

Une fois ma virée matinale passée, il est temps de se préparer pour affronter un mercredi très chargé et programmé à la minute par l'encadrement. Je vais vite comprendre que l'ASO (Amaury Sport Organisation), qui gère l'organisation du Tour de France, est une machine bien huilée qui n'aime pas les contretemps. L'équipe Skoda me confirme par ailleurs que la planification quasi militaire est primordiale pour que tout se déroule bien et que l'ASO peut facilement se montrer désobligeante si l'on enfreint certaines règles, notamment l'interdiction de filmer la course en elle-même (les coureurs).


10h15, en route pour le village départ

Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs

Je sors de l'hôtel pour faire la connaissance de celui qui sera notre guide durant toute cette journée. Le Hollandais Maurice Borghouts (ci-contre) est un habitué du cyclisme, du Tour de France, mais aussi de la conduite « adaptée » à l'évènement (vous allez vite comprendre de quoi il s'agit). L'homme a un très bon niveau en vélo mais il ne pratique plus que pour le plaisir. En revanche, il est « guest driver » pour l'équipe Giant-Shimano engagée sur le Tour de France. En gros, 'il conduit occasionnellement les autos qui accompagnent les coureurs de Giant-Shimano sur les étapes. Son employeur sur le Tour de France reste toutefois Skoda qui l'engage comme « pilote ». Son double profil de conducteur expérimenté et de coureur était un plus évident pour nous qui avons écouté avec attention ses consignes et son avis d'expert sur les conditions de la course, les potentiels vainqueurs et tout ce qui peut toucher à l'assistance technique présente sur les étapes.



12h45, petit détour par les bus des équipes et la file d'autos


Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs

Je pars maintenant pour le village départ où se réunissent personnalités, coureurs, équipes, médias et personnes invitées afin de se retrouver autour des diverses animations et stands avant le départ. Je rencontre d'ailleurs le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, bien entouré de sportifs français importants comme le rugbyman Fabien Pelous ou l'ancien quintuple vainqueur du Tour de France, Bernard Hinault (toujours présent sur le Tour de France) qui a remis au rugbyman, devant les spectateurs présents, son propre livre sur le Tour. Mais il faut déjà bientôt repartir (toujours avec notre guide du jour) : direction les bus des équipes.


C'est à ce moment que je commence à comprendre les différences de budgets entre certaines équipes. Il me vient d'ailleurs immédiatement à l'esprit les autos du parc de l'équipe SKY : Jaguar XJ version longue, et XFR-S Sportbrake, entre autres (sans parler de la venue d'une F-Type Coupé spéciale pour le contre-la-montre de samedi). Deux monstres qui ne servent pas qu'à « faire joli » puisqu'ils seront bien de la partie lors de l'étape. Les autos et les coureurs circulent au milieu de la foule dont l'effet écrasant se fait nettement ressentir. Je continue d'avancer et je tombe sur une Renault Laguna Estate (version dCi 175 BVA, mais on trouve aussi des Latitude, Megane, Scenic et grand scenic, Espace et Trafic), ou encore des Citroën C5 Tourer et DS5. L'une des équipes star du Tour, Movistar, a pour sa part un contrat avec Volvo qui fournit des XC70. Je tombe même sur plusieurs Mitsubishi Outlander ! Au final, ce qui est intéressant de noter est que l'ensemble des autos sont des versions haut de gamme uniquement.


Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs
Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs

Au total, ce sont environ 300 véhicules que Skoda, seul, met à disposition. Si l'on ajoute les Citroën, Volvo, BMW, Renault, Jaguar et j'en passe, on dépasse probablement les 400 autos présentes sur les étapes.


Encore une fois, le planning doit être respecté à la lettre et nous partons récupérer notre auto garée plus tôt dans la journée près du village départ afin de démarrer la course, en avance sur les coureurs.


Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs
Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs


13h15 : les hostilités sont lancées !


Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs

Et ce sera le cas tout au long de l'étape. Notre véhicule, comme la plupart des autres présents sur le Tour, n'est pas autorisé à être à l'arrière du peloton ou derrière une échappée. Ces places sont réservées aux autos des staffs techniques, aux médecins, à la télévision (France Télévision, en l'occurrence) ou encore aux gendarmes. Nous devançons donc les coureurs d'une vingtaine de minutes et nous découvrons alors les prémices d'une étape chargée en spectateurs. Mon pilote, Maurice Borghouts, allume le canal radio réservé à Radio Tour, ce qui nous permettra d'avoir les informations en temps réel sur ce qui se passe dans notre dos durant toute l'après-midi.

Après une trentaine de kilomètres à un rythme plutôt calme, nous nous arrêtons sur le bas-côté pour un pique-nique improvisé, juste le temps d'attendre le passage des coureurs. Voir le peloton en entier (ou presque, il y avait déjà une dizaine d'hommes échappés) passer devant soi à une vitesse supérieure à 40 km/h est toujours quelque chose d'impressionnant. Mais vous l'aurez deviné, l'emploi du temps nous oblige à nous presser une nouvelle fois.


14h30 : je quitte le plancher des vaches un instant


L'ensemble des coureurs étant maintenant exceptionnellement devant nous (et ce sera la seule fois de la course), nous prenons cette fois l'hélicoptère pour un vol d'une vingtaine de minutes au dessus du peloton. Skoda propose ce joli petit « plus » depuis seulement cette année et il faut dire que cela fait son petit effet. Cela me permet au passage de savourer la beauté du paysage pyrénéen, bien mis en valeur par un ciel bleu quasiment dépourvu de nuages. Un moment court mais forcément inoubliable qui s'achève par un atterrissage dans un champ au bord d'une route où sont stationnées nos autos du jour, toujours conduites par nos pilotes, qui sont repassés devant les coureurs pendant que nous étions en vol. Je reprends maintenant le fil de la course, en tête.



15h00 : Monter, descendre (vite), remonter, redescendre (très vite)

Les choses sérieuses démarrent maintenant. Mon chauffeur, Maurice, entame la descente à un rythme relativement soutenu mais qui n'est en rien comparable à ce que je vais vivre un peu plus tard dans l'après-midi. Nous suivons une auto de l'organisation de très près et la présence du public devient de plus en plus importante à mesure que nous approchons du second col de la journée. La vitesse en montée est bien plus faible et les motorisations souffrent du sous-régime et du manque d'entrée d'air frais dans le compartiment moteur.

Arrivés en haut, nous avons énormément d'avance sur les coureurs et nous en profitons pour faire une petite halte afin de profiter de la vue. Maurice nous demande tout de même assez rapidement de repartir puisque le premier coureur échappé est déjà en vue dans les lacets un peu plus bas. La seconde descente de la journée est entamée à vive allure, et c'est peu de dire qu'il ne vaut mieux pas être sensible à la conduite musclée dans des routes de cols pour rester à bord d'une auto sur une étape du Tour de France !


Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs

Col de Peyresourde


16h00 : l'improbable arrive, la DDE regoudronne la route du tour !


Le second col, le Val Louron Azet est avalé rapidement et c'est reparti pour une nouvelle descente, la dernière de l'étape. Arrivé en bas de celle-ci, nous remarquons alors une chose complètement folle : la DDE locale est en train de refaire la route avec du goudron frais à deux endroits !

Les coureurs sont à peine à quelques minutes derrière nous, et mon pilote se demande vraiment comment on peut refaire un petit tronçon de route juste avant le passage de coureurs lancés à près de 100 km/h. Une curiosité plutôt dangereuse qui sera rapidement annoncée à Radio Tour, pour que tous les véhicules de l'étape soient au courant de la chose et avertissent par la même occasion les coureurs. Heureusement, il n'y aura pas de casse à ces deux endroits.


16h30 : un dernier effort pour notre Skoda Superb qui a chaud


Il est alors temps d'entamer la dernière montée, la plus difficile pour les hommes sur leurs deux roues qui ont déjà enchaîné les difficultés en seulement 100 km. Classé hors catégorie, il s'agit de l'un des cols les plus difficiles de cette année, à ranger aux côtés du Tourmalet (qui a été franchi le lendemain de notre passage sur le Tour de France...). Notre montée se passe bien, mais on sent clairement que les pneumatiques ont énormément souffert, et la chaleur dégagée par l'avant de la Superb est importante. Le TDI 170 ch a fait son job mais tracter la Superb et ses quatre passagers ne lui ont pas donné de répit. La foule se fait de plus en plus présente et passer certaines portions est un peu « sportif » avec des spectateurs qui restent parfois en plein milieu ou vous jettent de l'eau.


Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs
Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs


18h00, il faut maintenant retourner à l'hôtel, la « guerre » commence...


Nous atteignons enfin l'arrivée, et nous avons un petit moment pour assister à l'arrivée du vainqueur. La journée fut indéniablement riche, que ce soit dans les airs ou sur la route. Ce n'est toutefois pas totalement terminé puisqu'il nous faut repartir et se faufiler pour dégager au plus vite la route, fermée pour l'occasion par la gendarmerie pour permettre à toute l'organisation de quitter les lieux le plus rapidement possible. C'est à ce moment que Clément, de Skoda, m'annonce : « là, ça va être la guerre ».


Je prends immédiatement la mesure de ses paroles. Maurice descend à toute allure, aussi vite que ce que vous avez pu voir sur cette brève vidéo. Sauf que là, la route est complètement embouteillée sur la voie de droite ! Nous doublons les chars de la caravane et les véhicules techniques à une vitesse inavouable, à tel point que certains spectateurs nous demandent de ralentir. Mais le planning doit toujours être respecté (encore ce diable de planning) et nous profitons d'une moto de la gendarmerie pour augmenter le rythme (comme s'il avait besoin d'être plus élevé !). La catastrophe est évitée de justesse lorsque la BMW Série 5 Touring (modèle 525d) de Bjarne Riis, célèbre ancien coureur et aujourd'hui manager de l'équipe Saxo-Tinkoff nous coupe littéralement la route alors que nous étions au delà des 100 km/h sur une portion déjà bien chargée. Heureusement, notre pilote assure le coup et râle au passage un bon coup. Pas trop longtemps non plus : « c'est Bjarne je ne vais rien dire, on ne sait jamais, si j'avais besoin de trouver du travail... ». Notre conducteur a su garder son sens de l'humour jusqu'au bout, malgré la tension liée au planning et à la conduite pas toujours très propre.


20h15 : arrivée à l'hôtel, les pneus ont perdu de leur Superb


En arrivant à l'hôtel, on se rend compte que les pneumatiques de notre Skoda Superb (modèle Combi TDI 170 ch, boîte DSG) sont presque cuits, alors que l'auto n'affiche que 6500 km. Et ce n'est pas la seule à avoir souffert puisque nous avons senti à un moment une forte odeur d'embrayage derrière certaines autos de l'assistance des coureurs (je soupçonne la Volkswagen Passat SW qui nous précédait).


Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs

Retour à l'hôtel, nous doublons les bus des équipes déjà en route pour la prochaine étape


Ainsi s'achève une journée où chaque minute était comptée, mais cela ne nous a pas empêchés de savourer ces moments particuliers dans un univers où l'auto est primordiale. Sans elle, le Tour de France n'existerait probablement pas, et quelque part, elle participe à cet événement qui est tout de même le troisième sur le plan médiatique après les JO et la Coupe du Monde de Football...



Notre auto du jour


Il s'agissait d'une Superb Combi série spéciale Laurin & Klement avec le TDI 170 et la boîte DSG. Les breaks sont évidement rois sur le Tour de France pour leur volume de chargement, mais il ne sont pas seuls (j'ai noté quelques rares berlines, mais aussi quelques vans/monospaces (Espace, Scénic) et des SUV (Outlander)). Sur le plan des modifications, j'ai remarqué deux choses sur notre Skoda : la présence d'un klaxon spécifique pour que les spectateurs s'écartent, et la radio planquée sur le côté de la console centrale, au niveau des pieds du passager. Pour le reste, c'est une auto strictement d'origine.


Tour de France 2014 - Caradisiac a passé une journée en auto devant les coureurs


Il est certain que les 170 ch ne sont pas de trop sur cette auto relativement lourde et qui a torturé ses pneumatiques dans les différents cols du jour. La puissance est une chose primordiale dans un Tour de France où les relances et les dépassements rapides sont nombreux.