Alpine, le nouveau, et très surprenant, fer de lance de la Renaulution
Lors de son "capital market day" de mardi dernier, Luca De Meo a sorti de sa poche son atout premium : la petite marque Alpine, à qui il prédit des lendemains qui chantent, et un futur béni de marges sonnantes et trébuchantes. Un atout maître ou un coup de bluff ?
On pensait la marque de Dieppe condamnée lors de la prise de pouvoir du nouveau boss du groupe Renault en 2020. Pensez donc : un vieil emblème français historique et montagnard, seul connu dans l'hexagone et de quelques fans Japonais ne peut pas avoir sa place dans le concert automobile international, malgré les énormes qualités de la nouvelle ion de l'Alpine A110.
Le Porsche français ?
Et voilà qu'au cours de son grand happening du 8 novembre dernier, Luca De Meo a réservé une place de choix à la marque Alpine. Non seulement, la petite fabrique de voitures sportives de Seine-Maritime ne va pas disparaître, mais en plus, elle va prendre du galon, avec un objectif plus qu'ambitieux : dégager 8 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2030, en réalisant des marges supérieures à 10 %. Pas moins. Et tous ceux qui verraient une similitude entre l'Alpine du futur avec le Porsche d'aujourd'hui ne seraient pas si éloignés que cela des ambitions du patron, dont l'objectif plus ou moins affiché consiste à afficher la même réussite.
Pour y parvenir, De Meo se donne des moyens et souhaite lancer pas moins de cinq modèles entièrement électriques d'ici la fin de la décennie : un SUV, peut-être une version vitaminée de la future R5, mais aussi la remplaçante de l'A110 et de grandes autos du segment D et E, pour la Chine et les États-Unis. De quoi fournir du travail aux 350 salariés de Dieppe qui vont devoir pousser les murs et appeler à la rescousse de nouvelles recrues.
Mais pour que les futures autos de la nouvelle marque premium de Renault se vendent, il faut qu'elles pénètrent de nouveaux marchés comme les US et l'Empire du milieu. C'est bien ce qu'envisage De Meo. Alors que la marque n'est aujourd’hui présente qu'en Europe, au Japon, et de manière ultra-confidentielle à Singapour, Alpine doit devenir une marque mondiale et ainsi, se transformer en cash machine pour le groupe.
Rien de plus simple : il suffit d'ouvrir des filiales à New York et à Pékin, puis d'engranger les bons de commande. Sauf que personne ne connaît Alpine, à part les Français qui se souviennent des victoires au Monte-Carlo dans les années soixante et de quelques collectionneurs nippons. C'est là que, dans le dispositif de de Meo, intervient la Formule 1. L'écurie Alpine emploie 1 200 personnes, coûte des centaines de millions d'euros chaque année et si les résultats ne sont pas encore à la hauteur de ces investissements, De Meo a pourtant fixé un objectif précis à Laurent Rossi, le patron de la marque : être champion du monde en 2026, histoire de pouvoir compter sur la notoriété sportive pour faire connaître Alpine partout sur la planète.
La F1 en ambassadeur de la marque
Un plan jouable ? Il reste quatre saisons pour décrocher la timbale. Le jeu des chaises musicales des pilotes cette saison, et le départ en fanfare de Fernando Alonso cet été, n'est pas du meilleur augure. Comme la volte face express de l'Espagnol retors qui avait affirmé à Caradisiac, lors du Grand Prix de France, qu'il souhaitait continuer l'aventure Alpine, deux jours avant de rendre officiel sa signature avant Aston Martin.
Mais l'objectif reste tenable. Reste que si Alpine est couronné, au bout de la saion 2026, le ruissellement d'un succès sportif sur les ventes des voitures de série n'est pas garanti. Car il est difficile de vendre des voitures éléctriques avec une image de F1 thermiques même hybridées. Et il est encore plus difficile de pénétrer le marché américain avec un titre en Formule 1, puisque cette discipline reste confidentielle aux US.
Autant d'interrogations pour l'avenir de la petite marque française que son patron souhaite propulser vers les sommets du premium sportif. Sauf que l'on aurait pu prédire le même sombre avenir à Cupra, lorsqu'un certain Luca de Meo en a fait une marque à part, écartée de Seat. Mais quatre ans après sa création, la nouvelle marque est beaucoup plus rentable que l'ancienne. L'histoire ne se répète rarement, mais de Meo souhaite ardemment qu'elle récidive.
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