Anne Hidalgo, égérie de la casse automobile
Elle a des convictions et elle ne s’en est jamais cachée. Une démarche qu’elle n’hésite pas à rappeler lorsqu’on lui demande de lever le pied sur sa politique consistant à bouter hors de la ville de Paris dont elle est l’édile le genre automobile. Car elle a été élue et ce qui se passe était dans son programme. Celle-là est Anne Hidalgo dont la conséquence pourrait tenir dans un slogan de la sécurité routière : tous responsables.
Et cet accident-là est bel et bien mortel pour l’automobile. La voiture est l’objet stigmatisé, le kyste qu’il faut extraire des cités. Elle est, nous assure-t-on, carrément coupable d’un génocide planétaire. C’est le grand fléau de l’humanité. Pourquoi pas. Mais ce qu’il y a de désagréable c’est cette mise à l’index systématique, le carburant d’une carrière politique articulée autour de leçons données à satiété par des personnes convaincues de ne jamais être dans une position d’en recevoir. Le coup de l’élite éclairée que les masses hébétées doivent suivre est un grand classique de l’Histoire. Et il est bien présent aujourd’hui.
Depuis le 1er juillet, les choses ont changé. Rappelons la nouvelle donne parisienne appelée à un grand avenir national : après l’interdiction des autocars et des camions les plus polluants, prononcée à la mi-2015, les restrictions de circulation concernent désormais les voitures de particuliers – essence ou diesel – immatriculées avant le 1er janvier 1997, les utilitaires mis en service avant le 1er octobre 1997 et les deux-roues motorisés mis en circulation avant le 1er juin 1999. Ces véhicules n’ont plus le droit de rouler entre 8 heures et 20 heures en semaine, hors périphérique et bois.
Pour bien discriminer tout ça, des vignettes de couleur sont disponibles directement sur Internet au prix de 4,50 €. Et ce n’est pas pour rire : les contrôles ont démarré vendredi 1er juillet, avec une phase pédagogique et informative. Les verbalisations débuteront le 1er octobre, avec les amendes de 35 euros à partir de la vérification de la carte grise seront distribuées. Elles passeront à 45 euros à partir du 1er janvier 2017, quand les vignettes seront obligatoires. Selon les registres de la préfecture, 430 000 voitures, 50 000 utilitaires et 13 000 deux-roues seraient concernés en Île-de-France. Ce n’est pas rien mais Anne Hidalgo n’y croit pas. Pour elle, ce sont 5 000 véhicules répartis en 1 300 utilitaires et 3 700 deux-roues motorisés qui seront touchés.
L’objectif est d’éradiquer le diesel de Paris d’ici à 2020. Seulement ? On peut élargir l’ambition à tout ce qu’il y a des roues et un moteur thermique. Car circuler avec ces engins qui restent pourtant bien le quotidien contemporain de tout un chacun va devenir un enfer. Anne Hidalgo va récupérer, dès le début de l’année 2017, des compétences en matière de stationnement ou de limitation de vitesse. Objectif : reconquérir des espaces publics aujourd’hui réservés aux voitures dans l’hypercentre et dans un certain nombre de quartiers. Sans oublier le passage, progressif mais rapide, à 30 km/h partout dans Paris, sauf sur les grandes artères.
Il y aura le réaménagement de sept places parisiennes, le plan vélo qui s’élargira au-delà de Paris. Mais pas seulement. Le nouveau plan local d’urbanisme va supprimer l’obligation de construire des places de stationnement pour les logements. Les espaces verts verront leur part augmenter de 11 hectares. Les constructions d’immeubles neufs intégreront aussi des obligations de végétaliser les toits terrasses. La pratique du vélo, qui contribue à la réduction de la pollution de l’air, sera facilitée. Le pourcentage des surfaces dédiées au stationnement vélo sera augmenté.
Les projets de piétonisation vont faire florès avec une multiplication des événements qui bouteront de facto les engins motorisés : Paris Plages accueillera cet été des événements autour de la candidature aux JO de 2024. La prochaine Nuit Blanche, en octobre, proposera un parcours amoureux le long de la Seine. Et entre les deux, les voies sur berge seront dédiées à une vaste opération relative au défi climatique. Des démonstrateurs de nouvelles technologies liées au respect de la planète, mais aussi les grandes associations environnementales qui ont été partenaires de la COP21 viendront ainsi sur les quais de Seine, pour débattre, proposer des animations, présenter les nouvelles façons de vivre la ville, d’habiter, se chauffer, se refroidir, se déplacer.
La révolution est en marche, au sens propre comme au figuré. Certes, mais il faudra bien tout de même se déplacer. Avec quoi ? Le plan d’accompagnement est le suivant : les Parisiens ou les gens travaillant à Paris pourront bénéficier d’aides dès lors qu’ils renonceront à leur voiture individuelle : d’une part, 50 % sur un abonnement Autolib, avec 50 euros de trajets prépayés, d’autre part : soit un an de passe Navigo accompagné d’un an de Vélib, soit jusqu’à 400 euros d’aide pour l’achat d’un vélo, électrique ou non. Les bénéficiaires devront s’engager à ne pas racheter de voiture dans les cinq ans. 50 % de l’abonnement Autolib seront pris en charge pour les jeunes qui viennent d’obtenir leur permis de conduire. Les transports collectifs représentent quant à eux une alternative indispensable. Or le passe Navigo va prendre trois euros de plus le 1er août… Une décision prise, il est vrai, par un autre bord politique.
Voilà ce qui nous attend. De quoi en frémir. Mais on rappellera aussi que près de 200 villes en Europe se sont déjà engagées dans des plans de restriction de la circulation. Les temps ont changé.
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