Aston Martin de mal en pis
Entre la valse des PDG, les pertes financières et les mauvais résultats de l'écurie de Formule 1, la marque anglaise s'enfonce dans la crise. Son propriétaire, le milliardaire canadien Lawrence Stroll vient de nommer un nouveau patron pour tenter de sauver le constructeur. À 76 ans, l'ancien directeur-général de Ferrari Amadeo Felisa réussira-t-il à éviter le pire ?
Jusqu’ou s’enfoncera Aston Martin ? C’est la question que l’on peut se poser, au vu des résultats désastreux et de la valse des dirigeants de ces derniers temps. La mythique marque de Gaydon accuse le coup au premier trimestre en affichant une perte de plus de 131 millions d’euros. C’est beaucoup pour trois petits mois seulement, ce qui laisse présager une année 2022 plutôt rude en termes financiers.
Mais comme les mauvaises nouvelles volent généralement en escadrille, Aston voit ses cadres dirigeants quitter le navire. Tobias Moers, le PDG recruté chez AMG en 2020 a annoncé son départ au début de l’année. Officiellement, c’est l’actionnaire majoritaire de la marque qui souhaitait son départ. Lawrence Stroll, puisque c’est de lui qu’il s’agit, expliquant alors à qui voulait l’entendre que Moers était trop autoritaire. Sauf que l'Allemand sur le départ a tenu depuis à rétablir sa vérité. Pour lui, Stroll est un despote qui veut décider de tout en ne laissant aucune marge de manœuvre à ses équipes. Ambiance.
Ce jeu de « c’est celui qui dit qui est » témoigne en tout cas de l'atmosphère pesante qui règne à Gaydon et que les résultats de l’écurie de Formule 1 ne viennent pas arranger. La voiture pilotée par Lance Stroll, le fils du propriétaire, se retrouve au fin fond du classement alors que des rumeurs persistantes font état, au mieux, d’un partenariat à venir entre le team et Audi, qui souhaite venir en F1, et au pire d’un rachat total, ce qui signifierait un retrait pur et simple d’Aston dans la discipline reine. Une nouvelle qui ne pourrait qu’améliorer les finances du constructeur, puisque le département sportif est un gouffre, mais qui démotiverait encore un peu plus les 3 000 salariés de l’entreprise.
Un ex de Ferrari au chevet du malade
Mais au milieu de ce flot de mauvaises nouvelles, la marque a annoncé cette semaine, sur Twitter, un recrutement au poste de PDG vacant depuis trois mois. Celui qui a décroché la timbale n’est autre qu’Amedeo Felisa. Et Stroll, pour défendre son nouveau poulain, de mettre en avant le CV de Felisa, et sa carrière au service du graal automobile Ferrari. Sauf que le principal actionnaire ne précise pas dans sa présentation flatteuse que l’homme est aujourd’hui âgé de 76 ans, qu’il a quitté Maranello il y a 7 ans et que depuis, il s’est contenté d’un rôle de « conseiller spécial » du Chinois FAW sur le développement des voitures électriques. Pas sûr, donc que Felisa dispose de toutes les armes pour résister à l’emprise de l’omnipotent Stroll et puisse diriger la boîte à sa main.
Toujours est-il que la mission qui a été confiée au nouveau PDG est claire : l’électrification totale d’Aston, programmée pour 2030. Il aura alors 84 ans et l’on ne sait s’il sera encore en poste. En tout cas, la Rapid E, l’Arlésienne à watts attendue depuis des années verra peut-être enfin le jour sous l’ère Felisa. À condition que Stroll lui donne les moyens de s’exprimer, à condition que le milliardaire canadien, pour qui l’automobile est loin d’être la principale source de revenus, ne décide pas un beau jour d’arrêter l’aventure Aston et de revendre ses parts.
Beaucoup de conditions et d’incertitudes pour l’une des marques les plus mythiques de l’histoire de l’automobile. Et même si son image de marque est intacte, elle pourrait bien disparaître pour de bon un jour prochain si le fiasco continue.
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