Cannabis au volant et l’effet « aquarium »
Prévention MAAF dévoile le résultat d’une double enquête sur les usages et comportements routiers des 18/24 ans. Parmi les points mis en exergue, la dangerosité de l’inhalation passive de cannabis. C’est ce qu’on appelle l’effet « aquarium ».
Drogues, alcool, comportements dangereux ou inconscients…
Prévention MAAF vient de mener une double enquête sur les agissements des 18 / 24 ans au volant. 13 % des sondés ont déjà roulé sans permis. 80 % avouent faire des excès de vitesse, 19 % ont déjà roulé sans assurance et 63 % des jeunes ayant le permis ont avoué utiliser leur téléphone au volant (58 % en 2020). Malgré l’évidence des chiffres, les 18 / 24 ans se disent prévoyants quand ils sortent faire la fête. Et pourtant ! Les faits ne reflètent pas les dire. Près d’un jeune sur deux a déjà fumé du cannabis. 45 % des 18 / 24 ans ont consommé du cannabis au moins une fois dans l’année, soit 13 % de plus qu’en 2020. Dans le détail 5 % fument plusieurs fois par semaine, et 6 % fument tous les jours. Y compris au volant ! Quatre jeunes sur dix avouent avoir déjà pris la route après avoir consommé de l’alcool ou de la drogue. Parmi eux, 40 % se déclarent même récidivistes.
L’effet aquarium
Le risque n’est pas uniquement du côté du consommateur de cannabis. Près d’un jeune sur cinq (19 %) laisse leurs ami(e) s fumer des joints dans une pièce fermée en leur présence ou dans l’habitacle de leur voiture alors qu’ils conduisent. Sans avoir conscience du risque encouru par eux-mêmes. Pas besoin de tirer sur un joint, pour être positif à la drogue en cas de contrôle. L’inhalation passive de la fumée suffit. Comme pour le tabagisme passif. C’est ce qu’on appelle l’effet « aquarium ». Un dommage collatéral mis en exergue par des chercheurs du National Institute on Drug Abuse (NIDA). L’expérience fut menée sur deux groupes. Un premier groupe fut enfermé dans une pièce close avec 4 joints allumés pendant une heure. Le résultat fut que les non-fumeurs furent positifs aux tests de détection du cannabis sans toutefois en ressentir les effets. Dans le deuxième groupe, 16 joints furent allumés dans la pièce. Au bout d’une heure le groupe non-fumeurs dit ressentir les effets du cannabis. Et les résultats montrèrent qu’ils avaient autant de THC dans le sang que les fumeurs du même groupe test. Quand on sait que le cannabis ralentit la coordination des mouvements, allonge le temps de réaction et diminue les facultés visuelles et auditives, mieux vaut éviter la présence de fumeurs à ses côtés. Car contrairement au délit d’alcool au volant, qui sanctionne le fait même d’être sous l’emprise de l’alcool, le Code de la route sanctionne la conduite après avoir fait usage de stupéfiants que le conducteur soit encore ou ne soit plus sous influence de la substance inhalée ou ingérée, celle-ci pouvant être détectée plusieurs jours voire plusieurs semaines après sa consommation.
Drogue et comportement routier
15 % des 18 / 24 ans ont déjà essayé les drogues « dures ». Parmi les adeptes l’ecstasy (46 %) arrive en tête devant la cocaïne (44 %), la MDMA (25 %), les champignons hallucinogènes (24 %), le LSD (21 %) ou encore la Kétamine (7 %). Par rapport à 2020 ils sont moins nombreux qu’en 2020 (11 %) à dire avoir essayé ce type de drogues, mais le nombre d’usagers reste important au regard des risques encourus. L’ecstasy favorise les comportements irrationnels au volant. La cocaïne engendre une conduite agressive accompagnée d’erreurs d’attention ou de jugement. Les opiacés réduisent la conscience du danger, des obstacles et la capacité à prendre des décisions rapidement. Quant aux drogues hallucinogènes, elles provoquent la confusion, les illusions délirantes et les troubles de la perception clairement incompatibles avec la conduite.
Pour Pierre Nègre, responsable prévention au sein de la MAAF « cette étude confirme qu’il reste énormément de travail en termes de sensibilisation ». Et de rappeler que les accidents de la route sont « la première cause de mortalité des 18 / 24 ans ».
Méthodologie de l’étude MAAF Prévention :
Les données proviennent de 2 sondages réalisés via le chatbot JAM sur Messenger entre le 5 et 10 juin 2022 auprès de 3 463 et 2 390 jeunes redressés sur 2 échantillons de 1 000 répondants âgés entre 18 et 24 ans, représentatifs de la population des 18-24 en France selon les quotas de l’INSEE.
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