Constructeurs : la leçon de gramme air
Il n’y a pas si longtemps, les constructeurs cherchaient à mettre dans leurs modèles une philosophie propre à leur histoire et à leur entreprise, et cela passait par une mélodie à l’échappement, une recherche singulière de la puissance, une finition identitaire, des courbes particulières. Aujourd’hui, les mêmes doivent concentrer leurs ressources pour arriver à une seule fin : réduire les émissions de CO2, un Graal imposé par un contexte réglementaire qui a vocation à s’endurcir avec le temps.
Et ce temps, c’est de l’argent. Une conjoncture aux airs de goulot d’étranglement, qui finira par étouffer l’automobile au fur et à mesure que le politique resserrera le nœud. Et il y sera d’autant plus encouragé qu’on a voulu le rouler dans la farine. Il faudra bien essuyer les plâtres de Volkswagen.
L’échéance est celle-ci : des voitures émettant moins de 95 grammes de CO2 par kilomètre, soit le niveau d'émission que devront atteindre en moyenne les gammes européennes début 2021, contre 130 g en 2015. Concrètement, ces 95 grammes induisent une consommation de 4,1 litres d'essence ou de 3,6 litres de gazole aux 100 km. Tout excédent à ces 95 grammes signifiera une pénalité de 95 euros par voiture et gramme de CO2 excédentaire. Une sanction aux airs de dizaines de millions d'euros.
Alors on travaille chez les constructeurs. Et les sous-traitants sont mobilisés. Avec un vieux dicton de la compétition qui revient au goût du jour : le poids c’est l’ennemi. Une gageure car plus de 50 % des dépenses de recherches et développements des constructeurs sont imposées par les mises aux normes. Tout est passé au crible : l'électronique, les matériaux, le design, l'aérodynamique…
L’électrification et l’allégement sont des chantiers ouverts. Des opportunités pour certains. Ainsi, Valeo, comme d'autres, œuvre à l'hybridation via des alterno-démarreurs et des compresseurs électriques qui évitent de trop solliciter le moteur thermique hors de ses conditions optimales de fonctionnement, comme dans le trafic dense et en phase d'accélération.
Faurecia, qui fabrique entre autres des sièges et des planches de bord, travaille depuis dix ans sur la réduction des masses, en optimisant l'architecture des pièces et leur méthode de soudure ou en utilisant des matériaux innovants, tels les composites dont il s'efforce d'abaisser le coût. Faurecia conçoit aussi des lignes d'échappement combinant plusieurs fonctions de filtration et allégées. Il développe même un dispositif pour récupérer leur énergie thermique, sur le principe de la turbine à vapeur.
Dans la même tendance, on rend la climatisation plus efficace puisqu’elle est le deuxième consommateur d'énergie après le moteur. On choisit également les ampoules à LED, cinq fois moins gourmandes que celles à filament.
Un effort colossal pour des résultats calculés au gramme près : le budget est de l’ordre de deux à quatre euros du kilo gagné alors que réduire la masse d'une voiture de 10 à 12 kg permet de grappiller un seul gramme de CO2. Un investissement qui a aussi un coût sur la voiture proposée au consommateur. Jusqu’où sera-t-il prêt à payer ?
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