Des youngtimers Renault presque neufs à la casse ! [MAJ]
Stéphane Schlesinger , mis à jour
Elles n’ont pratiquement pas roulé, elles ont parfois plus de 40 ans, elles sont très rares et en très bel état apparent : des R9, Clio II, Laguna I et autre Vel Satis 0 km se retrouvent à vendre pour la pièce chez un casseur d’Ile de France. Mais… Pourquoi ?
C’est un peu par hasard que nous avons eu vent, à la rédaction de Caradisiac, de cette affaire aux allures de crève-cœur. Sur notre forum, un modérateur passionné a révélé la vente en pièces d’une pléthore de Renault rarissimes par leur état et leur kilométrage chez un casseur d’Ile-de-France. Les forumeurs ont vite réagi, avec tristesse et véhémence, en apprenant le destin funeste réservé à ces autos propres à faire baver bien des passionnés.
Comme on peut le constater, même si les annonces n'ont été publiées que tard hier soir, les réactions sont déjà très nombreuses !
Comment ces Renault incroyables se sont-elles retrouvées aux portes du broyeur ? Selon toute vraisemblance, elles proviennent des réserves de Renault Classic et ont certainement servi en interne dès leur sortie des chaînes, donc n’ont jamais été utilisées sur la voie publique autrement qu’avec des plaques garage. Outre des tests, ces autos ont très bien pu être photographiées pour l'élaboration des plaquettes publicitaires de l'époque ! Ainsi, si certaines n’ont apparemment pas de numéro de série, donc en l’état, ne peuvent être régulièrement immatriculées, elles revêtent probablement un intérêt historique.
Dès lors, on se dit qu’il est bien dommage de les voir prêtes à disparaître ! D'autant que des Renault 9 TSE et GTS n’affichant que quelques centaines de kilomètres au compteur, ça n’existe plus sur le marché. De plus, elles sont parfois dans des configurations inédites, ce qui ajoute à leur caractère exceptionnel. Par exemple, la GTS dispose d’une boîte automatique (cette version n’a été commercialisée qu’en boîte manuelle).
A son bord, on voit un gros bouton rouge entre les sièges (immaculés !), certainement un coupe-contact montrant qu’il s’agit d’un prototype. Dans la TSE, on aperçoit une plaque identifiant le modèle, telle celles qu’on voit dans les salons, abandonnée sous les pédales. Malheureusement, des éléments manquent déjà, même si elles semblent parfaitement sauvables.
On trouve aussi une R9 Automatic affichant moins de 10 000 km, une Vel Satis V6 3.5 ayant parcouru moins de 100 km, une Clio II 1.6 16v dont le compteur indique 10 km (!), mais aussi un Scenic RX4 de 619 km, une Laguna I phase 2 1.6 16v de 100 km, une Logan (badgée Renault) de 98 km, et même une Samsung SM7 de 1 937 km. Autant de modèles historiquement importants, de par leur historique hors normes, et qui, en conséquence, auraient fait la joie de collectionneurs.
Par conséquent, on se demande pourquoi ils se retrouvent chez un spécialiste de la démolition, chez qui nous nous sommes rendus, dans l’espoir d’en savoir un peu plus. L’endroit, une casse à l’ancienne près de Houdan (78), n’est guère engageant : derrière les grilles portant des panneaux indiquant que l’endroit est piégé, un rottweiler pas exactement chaleureux veille au grain. Un employé, visiblement peu disposé à répondre à des questions, nous a indiqué que les voitures avaient été achetées en lot, qu’elles n’étaient « en aucun cas immatriculables » et a refusé d’en dire plus. Bigre…
Souhaitant en avoir le cœur net, nous avons tenté de joindre Renault et Renault Classic… Las ! Personne n’a répondu à nos questions. Sont-ils trop occupés par la préparation de leur stand à Rétromobile ?
Si ces voitures proviennent bien des réserves de Renault Classic, ce dont nous sommes pratiquement sûrs, on se demande bien pourquoi elles n'ont pas été présentées publiquement en enchères. L’Aventure Peugeot-Citroën procède régulièrement ainsi, via la maison Aguttes, pour écouler les modèles en trop, avec un certain succès… Mesdames et messieurs de chez Renault, si vous avez des précisions à apporter, elles sont les bienvenues !
[edit du 26 janvier]
Renault nous a contactés, pour nous apporter des précisions. Les autos que nous mentionnons ici ne peuvent pas être immatriculées, et encore moins utilisées sur route, pour diverses raisons, notamment une absence de numéro de série, une non-conformité au type homologué, ou un état bien moins bon que ce que laissent supposer les photos.
Partant de là, il est hors de question pour le constructeur de prendre le risque qu'elles se retrouvent un jour en usage sur la voie publique, donc de les revendre ces autos par le marché normal, d'où la cession pour destruction, à un spécialiste agréé (ce qui rappelle notre article sur le projet de directive européenne). Le constructeur précise qu'il dispose plusieurs exemplaires de ces modèles, et qu'il se sépare, essentiellement pour des raisons de place, de ceux qui présentent le moins d'intérêt pour lui. D'autres voitures plus importantes pourront ainsi les remplacer.
Renault aurait très bien pu choisir la facilité et se débarrasser des voitures qui nous préoccupent en les détruisant sur son site d'Aubevoye, mais a préféré permettre à des particuliers d'en récupérer des pièces : une manière de préserver le patrimoine. Un point de vue qui se défend, même s'il ne va pas dans le sens des passionnés qui auraient aimé récupérer ces autos telles quelles.
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