DESIGNbyBELLU - Info ou intox
À force d’observer la multiplication des start-up qui prétendent mettre en péril les vieilles marques automobiles, il est bon de faire le tri entre les vraies nouvelles et les effets d’annonce.
Le succès de Tesla a fait des envieux. Il était tentant de surfer sur les nouvelles mentalités que les bien-pensants installent chez les consommateurs en n'envisageant l’avenir de l’automobile que par son électrification massive. Les opportunistes ont flairé la bonne opération. Une nuée de start-up ont vu le jour un peu partout dans le monde et plus particulièrement en Chine et en Amérique.
Le lancement de ces entreprises et l’énoncé de leur programme ont fait l’objet de grandiloquents et grandioses événements. Que reste-t-il de toutes ces belles promesses plusieurs mois après ? Nous avons fait le tour de ces jeunes pousses ambitieuses. Certaines tardent à éclore… Le point par ordre alphabétique.
BOLLINGER MOTORS
Montée en 2014 par Robert Bollinger, ancien publicitaire diplômé de l’université Carnegie-Mellon à Pittsburgh, Bollinger Motors achoisi le registre du tout-terrain électrique. Le secret de Bollinger repose sur le caractère rudimentaire de ses modèles B1 et B2. Ces véhicules basiques à l’extrême se passent même d’airbag ! En outre, l’effectif de Bollinger est réduit à sa plus simple expression avec seulement une trentaine d’employés.
La production du B1 devait démarrer fin 2019 avec l’aide d’Optimal, Inc. à Plymouth dans le Michigan. Mais Robert Bollinger admet aujourd’hui que l’achat de l’usine, sa rénovation, son équipement et le recrutement du personnel lui demanderont une année de plus que prévu. Les ventes devraient démarrer en 2021.
BYTON
Célébrée à grand bruit en septembre 2017, la naissance de la marque Byton émane de la Future Mobility Corporation Ltd. fondée en mars 2016. Elle réunissait d’anciens cadres de BMW : Carsten Breitfeld qui géra le programme i8, Daniel Kichert qui travailla au marketing, et Benoît Jacob, designer français qui dirigea le studio BMWi.
Byton a divulgué deux projets en 2018 : le SUV M-Byte en janvier 2018, à Las Vegas, et la berline M-Byte en juin à Shanghai. Byton était présent à Francfort en septembre dernier et continuait de s’engager sur les premières livraisons de la M-Byte dans moins d’un an en Chine et en 2021 en Europe et aux États-Unis.
Tandis que l’usine capable de produire 300 000 unités par an est en construction à Nanjing, Byton semble disposer de fondations financières solides avec l’implication de la municipalité de Nanjing et de la firme FAW, une des plus anciennes entreprises automobiles de Chine.
FARADAY FUTURE
Fondée aux États-Unis en avril 2014, Faraday Future était à l’origine financée par des fonds chinois et détenue par le milliardaire Jia Yueting. Pour frapper les esprits, la firme débarqua à Las Vegas en janvier 2016 avec une supercar. En avril 2016, les patrons de Faraday Future posaient la première pierre d’une usine à Las Vegas en présence du gouverneur du Nevada. Le processus semblait bien engagé quand le rêve s’est fissuré.
En septembre 2017, Faraday Future renonça à s’installer dans le Nevada et se replia sur une vieille usine Pirelli en Californie. Nouvelle dégringolade en mai 2019. L’affaire a été restructurée avec à sa tête Carsten Breitfeld, un vétéran de BMW qui était passé chez Byton. Elle fait l’acquisition d’un nouveau terrain à Las Vegas. Mais avec des dettes abyssales et beaucoup d’impayés, l’avenir semble incertain pour la magnifique berline FF91.
FISKER
La Fisker Karma est une des automobiles les plus extraordinaires de ces vingt dernières années. Elle a connu une carrière très agitée ! Le prototype d’avant-série avait été dévoilé à l’Autoshow de Detroit en janvier 2008, mais ce n’est que quatre ans plus tard, en janvier 2012, que les premières voitures furent officiellement mises en vente aux États-Unis. Pas pour longtemps. La faillite de son fournisseur de batteries, A123 Systems, au cours de l’été 2012 entraîna l’interruption de la production des Karma après une série de 1 800 voitures. Henrik Fisker quitta le navire en mars 2013 et les trois quarts de l’effectif lui emboîtèrent le pas…
En janvier 2016, Henrik Fisker rejoignit Gilbert Villareal, homme d’affaires, et l’insubmersible Bob Lutz, ex-patron de Chrysler et de General Motors, pour former VLF Automotive basée à Auburn Hills dans le Michigan. Cette société présenta la berline Destino, une variante de la Karma convertie au moteur thermique. Mais la production n’a jamais démarré.
Karma GT
En 2018, Henrik Fisker se lança dans un nouveau projet : Fisker Inc., installé à Newport Beach, en Californie. Il comptait se remettre en selle avec un modèle compact, moins extravagant que ne l’était la sublime Karma, la eMotion, dévoilée en janvier 2018.
Mais le lancement a été différé d'au moins deux ans pour doter la petite berline de batteries à électrolyte solide... quand celles-ci seront disponibles. L’être humain vit d’espérances.
KARMA
Pendant que Henrik Fisker se débattait avec ses problèmes financiers, le groupe chinois Wanxiang - qui avait racheté la société A123 Systems en janvier 2013 - fit l’acquisition de Fisker Automotive, de sa technologie, des droits de production de la Karma et de son usine du Delaware en février 2014. Ainsi naquit Karma Automotive Inc. en octobre 2015. Au programme de la nouvelle entité, il y avait dans un premier temps la reprise de la fabrication de la Karma à motorisation électrique sous une nouvelle identité : Revero.
En avril dernier, à Shanghaï, Karma Automotive dévoila d’autres projets sous la forme de deux prototypes, dont la Karma GT basée sur la Revero, complètement redessinée par Pininfarina dans son studio de Shanghaï. Pour un futur plus lointain, Karma prévoit la SC1 Vision Concept, une spectaculaire roadster à motorisation électrique. Patience…
RIVIAN
Un nouveau venu sur la scène des start-up. Après avoir endossé les raisons sociales Mainstream Motors et Avera Automotove, la société Rivian s’est lancée dans la bataille en novembre 2018. Son site industriel, situé à Normal dans l’Illinois, a été racheté à Mitsubishi et son siège social se trouve à Livonia dans le Michigan. Rivian débarque avec deux modèles à motorisation électrique, R1T (pick-up) et R1S (SUV), aux looks volontairement basiques.
Rivian a bénéficié de l’apport de fonds de Cox Automotive (une société de services), Ford Motor Co. et Amazon. R.J. Scarige, fondateur de Rivian reconnaît aujourd’hui : « ce n’est pas avec 100 ou 500 millions de dollars que l’on monte une affaire ; il faut parler de milliards de dollars ! » D’où l’appel de fonds…
NIO
Créée par NextEV, Nio est aujourd’hui supportée par le groupe Tencent. Elle a voulu se donner d’emblée une coloration sportive en participant au championnat de Formule E jusqu’en 2018. En avril 2017, Nio présenta deux modèles plus calmes, une berline futuriste (EVE) et un SUV conventionnel (ES8). Les objectifs de vente - limitées au SUV - auraient été ramenés à 35 000 unités pour la Chine au cours de l’exercice 2019.
SERES
Fondée dans la Silicon Valley en janvier 2016, la SF Motors était une filiale du Sokon Industry Group de Chongqing. En mars 2018, SF Motors a présenté les SUV SF5 et SF7 équipés d’un moteur électrique - forcément électrique - de 1000 ch. SF Motors a recruté Martin Eberhard, co-fondateur de Tesla, et décidait d’utiliser l’ancienne usine de AM General à Mishhawaka dans l’Indiana. En avril 2019, SF Motors s’est transformée en Seres et s’est focalisée sur le marché américain. Le démarrage serait imminent.
Le conditionnel reste de rigueur à propos de toutes ces initiatives.
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