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DESIGNERbyBELLU - Paul Bracq, un esprit éclairé : " Il sent comme personne le caractère d’une ligne et la volupté d’une surface"

Dans Futurs modèles / Design

Serge Bellu

Les Français balancent volontiers entre chauvinisme et dénigrement. À ceux qui pensent que l’école française du style automobile n’a jamais d’envergure internationale, il est bon d’évoquer des personnalités comme celle de Paul Bracq.

DESIGNERbyBELLU - Paul Bracq, un esprit éclairé : " Il sent comme personne le caractère d’une ligne et la volupté d’une surface"

Qui a dirigé le studio de design de BMW à Munich de 1970 à 1974 ? Qui a collaboré aux programmes les plus prestigieux de Mercedes-Benz entre 1957 et 1966 ? Ce ne sont pas des stylistes germaniques, certifiés à la Hochschule de Pforzheim, mais un artiste français.

Né le 13 décembre 1933 à Bordeaux, Paul Bracq a choisi de retourner dans sa ville natale après avoir quitté PSA Peugeot Citroën et ce, pour y exercer son art en toute liberté. Infatigable créateur, remarquable illustrateur, peintre inspiré et sculpteur singulier, Paul Bracq continue d’observer le monde de l’automobile avec un œil acéré, avec un sens critique volontiers iconoclaste. À quatre-vingt sept ans, son optimisme est intact et ses emportements toujours aussi vigoureux. Il conserve un enthousiasme et une lucidité confondantes. Il reste un amoureux de la femme, de la sienne en particulier, de presque toutes à l’exception bien sûr de Mme Hidalgo qui a réussi à le dégoûter de Paris, la ville qu’il avait tant aimée avant qu’elle ne devienne sale, polluée et encombrée par l’opportunisme politique. Paul Bracq est aussi un amateur éclairé de jazz et de Bill Evans, un fin connaisseur des arts majeurs et un analyste perspicace de l’art de la carrosserie. Il se qualifie lui-même de carrossier… 

Ses jugements sur le style, sur l’âge d’or de la carrosserie et sur l’actualité du design sont d’une pertinence rare. Il sent comme personne le caractère d’une ligne et la volupté d’une surface et il sait créer autour de ses sujets une atmosphère intemporelle, tantôt futuriste, tantôt nostalgique. Paul Bracq a dessiné des kyrielles de voitures pour ses commanditaires et ses employeurs, mais il n’a jamais oublié de rendre hommage à tous les chefs-d’œuvre qui l’avaient inspiré.

Après des études à l’école Boulle, à Paris, où il étudie le dessin et la sculpture, Paul Braq débute sa carrière en compagnie du styliste Philippe Charbonneaux en 1953. L’année suivante, il part en Allemagne pour effectuer son service national. Sous-officier dans l’armée française, Paul Bracq s’enracine en Allemagne. En janvier 1957, il est engagé chez Mercedes-Benz et devient bientôt le responsable du style avancé. Il va rester une dizaine d’années dans les studios de Sindelfingen. Il côtoie des personnalités qui lui enseignent la rigueur, surtout Karl Wilfert, responsable du développement des carrosseries. C’est lui qui avait promis à Paul Bracq de l’embaucher après ses obligations militaires, malencontreusement rallongées à cause de la crise de Suez ! Il trouve aussi dans les ateliers Friedrich Geiger, en place chez Mercedes-Benz pendant quarante ans, le styliste à qui l’on attribue le dessin de la 300 SL en 1954. À Sindelfingen, Paul Bracq fait la connaissance de Bruno Sacco, styliste élégant et déterminant avec qui il entretiendra une relation amicale.

En janvier 1961, Paul Bracq rencontre sa future femme lors d’une fête donnée par son club de tennis. D’origine russe, Alice sera sa plus fervente admiratrice, sa complice, son modèle, la mère de ses enfants, Isabelle et Boris.

Mercedes 220 SE Coupé
Mercedes 220 SE Coupé
Mercedes 300 SE Cabriolet
Mercedes 300 SE Cabriolet

Chez Mercedes-Benz, le Français se fait remarquer en dessinant plusieurs grandes classiques, notamment la superbe 220 SE Coupé / Cabriolet en 1961, la prestigieuse 600 et l’iconique coupé 230 SL. Caractérisée par son pavillon qui fait penser au toit d’une pagode, la 230 SL fait sortir Paul Bracq de l’anonymat. Il collabore ensuite au dessin de la Classe S de la génération W108 (1965), une merveille d’équilibre.

En 1966, il tente un retour en France et travaille pour Brissonneau & Lotz, un carrossier industriel qui a des velléités de création. À la demande d’Alain Bertaut, rédacteur en chef de la belle revue Moteurs, Paul Bracq réfléchit sur une GT française qui pourrait recevoir le V8 Renault Gordini. Bien sûr, des intentions qui restent sans lendemain dans une France qui renonce désormais à figurer en haut de gamme.

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DESIGNERbyBELLU - Paul Bracq, un esprit éclairé : " Il sent comme personne le caractère d’une ligne et la volupté d’une surface"

 BMW "Turbo" de Bracq

Appelé par BMW, Paul Bracq accepte à nouveau de franchir le Rhin pour orienter le style de la marque bavaroise. À l’orée des années 1970, BMW est en train de sortir d’une période ingrate et difficile. Pour dessiner la berline 1500, en 1961, la direction avait commissionné le styliste italien Giovanni Michelotti. Après deux décennies pendant lesquelles le catalogue s’était figé autour de voiturettes et de grosses berlines sans charme, BMW tenait enfin un modèle correspondant aux attentes de la clientèle. Depuis 1955, le studio de style, réduit à sa plus simple expression, était géré par Wilhelm Hofmeister, un ingénieur en mécanique peu avisé en matière de design.

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Paul Bracq apporte sa pièce à l’édifice avec la berline 520 parfaitement équilibrée et bien sûr le concept car Turbo dévoilé en 1972. Après cette expérience vécue chez BMW, Paul Bracq rentre en France et cette fois pour de bon. Il est engagé chez Peugeot pour diriger le style intérieur alors que Gérard Welter se chargera du style extérieur, la cohabitation des deux hommes s’avérant très inconfortable. Dans les habitacles, Paul Bracq impose des formes douces et sensuelles. Tout au long de sa carrière, il défend et illustre le style face au design, un débat qui fait rage dans les années 1980 entre les esthètes et les intégristes du fonctionnalisme. Il traverse les années qui sont compliquées chez Peugeot car Pininfarina continue d’être consulté pour chaque programme. Heureusement, la multiplication des concept-cars offre de belles échappatoires aux créateurs.

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Paul Bracq passe ses heures de loisirs devant son chevalet. Il peint sans relâche, imagine des formes, des décors, il rend hommage aux chefs-d’œuvre de la carrosserie et continue lui-même d’échafauder la suite de l’histoire et de réaliser des sculptures de plus en plus monumentales.

En 1994, le Centre Style de Peugeot connaît de nouveaux remous avec la nomination de Murat Günak qui coiffe la totalité des services. Deux ans plus tard, Paul Bracq se retire sans cacher sa satisfaction de s’éloigner des tensions et des rivalités. Il s’installe à Bordeaux pour mener une retraite très active car chez les jeunes artistes, l’envie de créer est irrépressible.

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