Election présidentielle : existe-t-il un vote « automobiliste » ?
Selon un sondage, un tiers des Français tiendront compte des questions liées à l'automobile au moment de voter dimanche.
L’automobile est un phénomène de société. Elle est absolument indispensable à la vie quotidienne de nombre d’entre nous, et revêt à ce titre un caractère éminemment politique.
« Touche pas à ma bagnole » pourrait être un slogan porteur, surtout si l’on songe que l’un des ferments du mouvement des gilets jaunes avait été une augmentation brutale du prix des carburants.
De fait, depuis le début de la campagne des présidentielles, nombre de candidats ont ainsi essayé de « draguer » les automobilistes.
On pense à un Eric Zemmour laissant croire qu’il supprimerait le permis à points (ben voyons !), ou à une Marine Le Pen annonçant son intention d’abaisser la TVA sur les carburants à 5,5%, et de stopper la mise en place les Zones à Faibles Emissions (sur lesquelles Jean-Luc Melenchon prévoit de revenir aussi).
Emmanuel Macron fait quant à lui miroiter une formule de type leasing à 100 € par mois sur les voitures électriques, ainsi qu’un permis de conduire offert aux jeunes qui s’engagent dans le Service National Universel (SNU), tandis que l’écologiste Yannick Jadot veut favoriser le « retrofit » électrique. Bref, on ratisse large !
A trois jours du premier tour de l’élection présidentielle, l’Association 40 millions d’automobilistes publie un sondage CSA* consacré aux attentes des automobilistes pour l’élection présidentielle. Il en ressort notamment que les propositions automobiles des candidats entreront en compte dans le choix de vote d’un tiers des personnes interrogées. 81 % se montrent favorables à une baisse à 5,5 % du taux de TVA sur les carburant, tandis que 71 % demandent le retour de la limitation de vitesse à 90 km/h.
L’association s’est aussi penchée sur le cas des Zones à faibles émissions (ZFE) : 53% des Français y seraient favorables, ce que « 40 millions » attribue à une méconnaissance de ce que la mesure entraînera.
« Il faut interpréter ces résultats à la lumière de ceux d’autres études, qui révèlent que 60 % des Français ignorent en réalité ce qu’est une ZFE et ce qu’elle implique pour la mobilité des automobilistes. On comprend alors que si les usagers ne sont pas plus nombreux à rejeter les ZFE, c’est qu’ils ne prennent pas encore la mesure de ce qui les attend dans les années à venir », commente Daniel Quéro, dirigeant de l’association.
Promesses ténues
Pour autant, difficile d’affirmer à quel point ces aspects entreront réellement en compte dans les choix de vote ce dimanche.
La seule certitude est que la question du pouvoir d’achat revêt une importance prépondérante dans le contexte actuel, ce que le gouvernement a bien compris en accordant fin mars une aide exceptionnelle de 18 centimes par litre de carburant. Il aurait été assez contre-productif de convoquer aux urnes des électeurs ayant payé leur litre de gazole plus de 2 €.
Au-delà, se pose la question des incertitudes liées à l’automobile et à la mobilité en général. La mutation vers l’électrique est violente, tant pour l’industrie que pour les consommateurs à qui on « tord le bras » pour qu’ils passent à la mobilité dite propre alors qu’ils n’en ont pas forcément l’envie et/ou les moyens.
La grogne pourrait ainsi s’exprimer contre le pouvoir en place, lequel a il est vrai commis quelques maladresses avec des mesures étrangement menées. On pense notamment aux 80 km/h, que certains départements ont annulés ou sont en passe de le faire, ce qui témoigne d’un décalage entre ce qui se décide à Paris et les attentes réelles des Français.
Par ailleurs, force est de constater les mauvais sondages des candidats réputés « hostiles » à l’automobile, au premier rang desquels la maire de Paris Anne Hidalgo et l’écologiste Yannick Jadot. En nous parlant de fin du monde plutôt que de fin de mois, ceux-ci semblent passer à côté des préoccupations des Français.
On peut donc dire qu’il existe, d’une certaine façon, un « vote automobiliste ». Qui est en réalité celui du simple bon sens, lequel peut parfois être troublé par des candidats présentant des promesses intenables. Nous vous donnons rendez-vous durant l’entre-deux-tours pour examiner de plus près les perspectives présentées par les deux finalistes.
*Questionnaire auto-administré en ligne sur panel effectué les 15-16 février. Échantillon de 1007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Une représentativité assurée par la méthode des quotas sur les critères suivants : sexe, âge, profession de l’individu, région et taille d’agglomération.
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