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Enquête - 2020, année la plus folle de l’histoire de l’automobile

Un ex-grand patron de l’auto en cavale, des usines à l’arrêt pendant des semaines, un baril de pétrole à prix négatif, l’Ile-de-France sans bouchons… : nous ne sommes qu’en mai, mais on peut déjà affirmer que 2020 restera comme l’année la plus folle de l’histoire de l’automobile. Voici pourquoi.

Enquête - 2020, année la plus folle de l’histoire de l’automobile

Netflix ? Non, juste le fil d’actualité de Caradisiac. Au fil des 124 jours qui se sont écoulés depuis le 29 décembre 2019, date de l’évasion rocambolesque de Carlos Ghosn du Japon, les rebondissements spectaculaires se sont succédé à un rythme haletant sur la planète automobile, au point qu’on pourrait croire qu’une équipe de scénaristes inspirés a pris les commandes de votre site favori. Et si ces événements n’ont pas forcément de lien direct les uns avec les autres, ils prennent un relief particulier quand on les compile.

Pour commencer, un scoop. L’année 2020 a donc bien commencé le 29 décembre, quand Carlos Ghosn a fui le Japon en prenant place dans une caisse destiné au transport d’instruments de musique, percée de trous lui permettant de respirer.

Une opération orchestrée par deux anciens militaires spécialisés dans les cas extrêmes de ce type, lesquels ont mis en place une exfiltration hors normes. Au programme, un premier vol en jet privé au départ de Kansai, à proximité d’Osaka, en direction d’Istanbul, où l’ex-grand patron et ses accompagnateurs changeront d’appareil pour ensuite gagner Beyrouth, après environ 1h30 de vol.

Carlos gone

Qui, du temps de la splendeur pas si lointaine de Carlos Ghosn, aurait pu imaginer pareille issue ? Certainement pas le premier intéressé, qui s’enorgueillit d’avoir sauvé un Nissan au bord du gouffre lors de son arrivée en 1999, d’avoir décliné quelques années plus tard une offre mirobolante de Barack Obama qui lui proposait de prendre la tête de General Motors, et qui rappelle à qui veut l’entendre que plus de 200 ouvrages sur le management lui ont été consacrés (liste non exhaustive, bien évidemment). Sacrée trajectoire.

Et l’on se souvient que même le leader et député insoumis Jean-Luc Mélenchon prendra la défense de ce parfait symbole du capitalisme mondialisé : « Les droits de l’homme et les droits de la défense ne s’appliquent pas avec des critères de classe. La maltraitance à laquelle s’est livrée la justice japonaise est inacceptable. Vous connaissez un être humain qui n’essaie pas de s’échapper quand on le maltraite ? », déclarera-t-il au micro d’Europe 1 début janvier. Surréaliste.

Toujours sous le coup d’une accusation de malversations financières, Carlos Ghosn dénonce de son côté la collusion entre Nissan, la justice et le gouvernement japonais qui voulaient empêcher à tout prix ses projets de renforcement de l’intégration de Nissan dans l’Alliance.
Toujours sous le coup d’une accusation de malversations financières, Carlos Ghosn dénonce de son côté la collusion entre Nissan, la justice et le gouvernement japonais qui voulaient empêcher à tout prix ses projets de renforcement de l’intégration de Nissan dans l’Alliance.

De Beyrouth où il vit désormais librement mais qu’il ne doit pas quitter (le Liban n’a pas d’accord d’extradition avec le Japon, qui le réclame), Carlos Ghosn prépare un ouvrage pour la fin de l’année: « attendez que je publie mon livre, et vous comprendrez mieux les faits. Il y a beaucoup de gens qui parlent ! », a-t-il récemment déclaré.

Le feuilleton est donc loin d’être terminé, et en attendant la saison 2, on peut donc profiter à loisir des surprises, bonnes (car il y en a) ou mauvaises, que nous réserve la crise du Covid-19.

Baril en péril?

Mais avant cela, la période qui court de janvier à mars nous aura réservé de sacrées surprises. Citons pour commencer la capitalisation record de Tesla, laquelle est supérieure à celle de Renault, PSA et Volkswagen réunis ! Un Tesla que le patron de VW, Herbert Diess, a récemment qualifié de « réseau neuronal » grâce à ses « 500 000 voitures qui collectent en continu des données et offre au client une nouvelle expérience de conduite tous les 14 jours avec des propriétés améliorées. » Et le dirigeant allemand, qui redoute un effondrement des grands groupes auto comparables à celui de Nokia dans la téléphonie mobile, de conclure : « aucun autre constructeur automobile ne peut le faire aujourd'hui. » 

Quelques années en arrière, nombre de grands industriels prenaient de haut la firme californienne Tesla. Mais celle-ci séduit un nombre croissant d’automobilistes à travers le monde, et commence même à engranger des bénéfices (ceci pour le troisième trimestre consécutif).
Quelques années en arrière, nombre de grands industriels prenaient de haut la firme californienne Tesla. Mais celle-ci séduit un nombre croissant d’automobilistes à travers le monde, et commence même à engranger des bénéfices (ceci pour le troisième trimestre consécutif).

Mais l’actualité est aussi dense du côté des constructeurs traditionnels, ce qu’illustre la fusion des groupes PSA et Fiat, lancée après l’échec spectaculaire des négociations avec Renault. Malgré les difficultés, il semble que les choses avancent bien, ainsi que l’a assuré récemment Carlos Tavares dans une note interne : « Les groupes de travail PSA-FCA maintiennent et accélèrent le rythme sur le projet pendant la crise actuelle pour réaliser le closing et les synergies dès le jour du closing. […] C'est une illustration claire de l'agilité, la résilience et la détermination de nos deux entreprises. »

De résilience il sera largement question dans les mois qui viennent, avec la nécessité pour les marques de rebondir après la crise sanitaire qui met les marchés mondiaux à plat. Une crise dont la première manifestation importante pour l’automobile est l’annulation pure et simple du salon de Genève (qui précède celle du Mondial de l'auto à Paris), une crise qui a limité les déplacements de plus de 4,5 milliards de personne pendant plusieurs semaines, et une crise qui aura vu le baril de pétrole s’écouler pour la première fois à un prix négatif du fait d’un effondrement de la demande: le lundi 20 avril, son cours est passé aux États-Unis à… - 37 dollars ! Dans un communiqué, l’Opep évoquera d’ailleurs « un choc historique, brutal, extrême et d’ampleur planétaire ».

-83% de trafic

A la fin mars, l’Union française des industries pétrolières (UFIP) faisait état d’une baisse de la demande de 70 à 80% dans certaines stations. Au-delà de la satisfaction ressentie au moment de gagner 10 € sur son plein, cette crise pétrolière est une mauvaise nouvelle pour la transition énergétique : « une très forte baisse du prix du pétrole comme c’est le cas en ce moment n’est pas une très bonne nouvelle pour la planète. La transition énergétique est facilitée par un prix du pétrole élevé. Or, il s’est effondré », avertit un spécialiste des questions énergétiques à l’Iris, interrogé par France Culture. Les cours ont depuis remonté, mais l’épisode illustre assez bien la fragilité de notre modèle actuel.

En revanche, cet effondrement de la demande de pétrole pour cause de baisse du trafic (-83% début avril, d’après le GPS communautaire Waze qui compte 14 millions d’utilisateurs en France) est une bonne nouvelle pour l’air que nous respirons.

Selon des données de l’agence spatiale européenne, les concentrations de dioxyde d'azote (NO2), polluant produit principalement par les véhicules et les centrales thermiques, ont chuté de 54% à Paris (et autour de 48% à Milan, Rome et Madrid) entre le 13 mars et le 13 avril en comparaison des moyennes enregistrées en mars/avril 2019.
Selon des données de l’agence spatiale européenne, les concentrations de dioxyde d'azote (NO2), polluant produit principalement par les véhicules et les centrales thermiques, ont chuté de 54% à Paris (et autour de 48% à Milan, Rome et Madrid) entre le 13 mars et le 13 avril en comparaison des moyennes enregistrées en mars/avril 2019.

A en croire les calculs d’un organisme indépendant européen, le Centre for Research on Energy and Clean Air, les niveaux de dioxyde d’azote et de particules fines ont baissé respectivement de 40 % et 10 % en avril (ce qui prouve au passage que l’automobile n’a qu’un rôle partiel, quoiqu’indéniable, dans la pollution de l’air). Cela aurait permis d’éviter 11 000 décès en Europe, et 1 230 en France.

Radars au point mort

A propos de décès, la crise du Coronavirus aura permis à la sécurité routière d’enregistrer au mois de mars une baisse historique du nombre de victimes: -39,6%, c’est un chiffre dont on peut se réjouir, et dont on doit aussi s’inquiéter dans la mesure où cette baisse n’est pas du tout proportionnelle à celle du trafic.

En cause, un probablement relâchement de l’attention des conducteurs et un pied droit qui a tendance à s’alourdir du fait d’une moindre peur des radars (radars dont l'activité est en chute libre).  Espérons de meilleurs résultats au mois d’avril…et redoutons une rechute au mois de mai, qui sera marqué par une probable euphorie post-confinement.

Vive l'auto en solo!

Et le monde d’après, dans tout cela ? On le voit se profiler à l’horizon, avec ses promesses, ses surprises et ses inévitables contradictions : on veut moins de pollution, mais les moyens de transports individuels vont se tailler la part du lion pendant de longs mois, avec à la clé de probables énormes bouchons autour des grandes villes.

Selon une étude réalisée par Ipsos en Chine, il apparaît que la crise a renforcé les intentions d’achat de voitures individuelles pour 72% des personnes n’en possédant pas aujourd’hui. Car pour 77% des sondés le fait de conduire sa voiture réduit les risques d’infection.

Chez nous, il faut s’attendre à une hausse probable des ventes de voitures électriques, qu’appelle d’ailleurs la filière automobile française de ses vœux. Interrogé par Caradisiac, le président de la plateforme Automobile Luc Chatel évoque un indispensable plan de relance qui favoriserait les ventes de modèles électriques et hybrides rechargeables.

Au premier trimestre, il s'est plus vendu de voitures électriques en Europe qu'en Chine! La Renault Zoé domine les débats sur le Vieux continent.
Au premier trimestre, il s'est plus vendu de voitures électriques en Europe qu'en Chine! La Renault Zoé domine les débats sur le Vieux continent.

En tout cas, l’appétit des européens pour ce type de motorisations ne fait qu’augmenter : au premier trimestre, il s’est vendu plus de modèles électriques sur le Vieux Continent qu’en Chine (il est vrai déjà touchée à l’époque par le Coronavirus). Même si le rapport de forces est appelé à se rééquilibrer, c’est bien le signe que les choses changent.

A moins qu’à la faveur du « plan vélo » favorisé par les pouvoirs publics, ce soit la bicyclette qui l’emporte : une étude du Forum Vies Mobiles montre que 38% des Français disent avoir pris conscience que leurs déplacements pourraient être faits davantage en proximité, à pied ou à vélo.

Paris déserté, avec des bouchons devenus inexistants depuis la mi-mars. Pour autant, la qualité de l'air reste loin d'être optimale.
Paris déserté, avec des bouchons devenus inexistants depuis la mi-mars. Pour autant, la qualité de l'air reste loin d'être optimale.

Jeudi 30 avril, le ministère des transports a ainsi annoncé un investissement de 20 millions d’euros pour favoriser la pratique de la bicyclette (prise en charge des réparations et formations, installation de places de stationnement temporaire…), à quoi s’ajoute le développement de pistes cyclables temporaires.

« Alors que 60% des trajets effectués en France en temps normal font moins de 5 km, les semaines à venir représentent une occasion pour de nombreux Français, d’ores et déjà cyclistes ou non, de choisir le vélo pour se rendre au travail ou faire des déplacements de proximité » souligne Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire. « Etat, cyclistes, collectivités territoriales, entreprises, associations : chacun a un rôle à jouer pour faire du déconfinement un moment propice au vélo, un mode de transport bon pour la santé, pour la planète et pour le porte-monnaie. » Le monde d’après se bâtira à la force du mollet.

On aurait aussi pu reparler, pêle-mêle, des constructeurs automobiles qui fabriquent maintenant des pièces pour respirateurs artificiels, de Volvo qui supprime 1 300 emplois alors qu’il ne cesse de battre ses propres records de vente, de Ferrari qui mitonne un SUV (!), des pilotes de F1 réduits à s’affronter virtuellement par jeu vidéo interposé alors que les annulations de courses se multiplient, ou bien encore du report de la sortie du dernier James Bond.

Mais on s’est dit que cela faisait un peu beaucoup, et que vous alliez penser que les scénaristes - pardon, les journalistes – avaient une imagination un peu trop débridée... Quoi qu’il soit, auriez-vous imaginé vivre de tels événements au matin du 1er janvier dernier ? Et l’année est loin, bien loin d’être terminée.

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