2. Essai BMW R1250 GS : Nouvelle cam pour accro du GS
Elle a ses fans et ceux qui ne jurent que par elle, même après de nombreuses versions et évolutions. La R1250 GS rendrait donc accro. Avec ce nouveau moteur, il y a fort à parier que ce sera encore plus dur. Merci le ShifCam.
Prendre le guidon d’une R1250 GS, c’est un peu comme parcourir histoire déjà lue, que l’on reprend encore avec plaisir, mais sans grande découverte… a priori. On est avec l’un de ces auteurs talentueux dont la plume est rodée à l’exercice. Elle emmène tout de suite dans son univers, celui du voyage et du bien-être. Bulle relevée, les premiers mètres rappellent combien cet élément de protection est bien étudié. Écran de casque ouvert, seul le bourdonnement de l’air passant par le méat de la colonne de direction se fait entendre (et ce n'est pas génial), accompagné par le zonzon bienveillant de l’échappement, le tout au rythme des vibrations aiguës du bienveillant bicylindre. Sur l’autoroute à 110, on flâne aux environs de 4 000 tr/min, on relance aisément, quelques fois frustré de ne pouvoir aller plus vite. 130 km/h ? On est à peine au dessus des 4 000 tr/min. On engagerait volontiers le régulateur de vitesse. Ne manque plus que la radio pour divertir un peu… Au moins les poignées -trop- chauffantes, sont-elles un réconfort précieux par ces jours de franc froid.
De prime abord, donc, rien de nouveau, si ce n’est un léger manque de réactivité de la poignée des gaz au début de sa course. Curieux. Le ride By Wire lisse les mouvements, ce que d’aucuns apprécieront peut être afin de ne pas surprendre, mais ce qui gène d’autant plus que l’assistance au démarrage en côte s’active parfois involontairement lors d’un arrêt (Nota : elle est désactivable). On est donc surpris par les premiers mètres semblant en léger retrait par rapport à ce que l’on a connu par le passé. Toutes assistances actives, on trace pourtant son petit bonhomme de chemin dans un environnement serein, feutré, le tout sans même pouvoir exploiter le shifter. Il est inutile de monter dans les tours et celui-ci se montre parfois rétif avant les 5 000 tr/min.
En ville, on profite d’un rayon de braquage très réduit pour passer partout sans trop se soucier de la largeur du guidon, d’autant plus que les pare mains rassurent en cas de contact avec un rétroviseur. La souplesse moteur est là, même si une fois encore, il convient de rester vigilent sur le filet de gaz toujours un peu mou. Sans parler du couple de renversement, sensible lorsque l'on accélère à vide. Ca dodeline, un flat twin ! Il aura au moins le mérite d’éliminer quelques réactions parasites d'un moteur au demeurant vif, et de s’offrir par là même à toute expérience de conducteur. En enduro, par contre, on appréciera cette latence. Mais voilà, sur route "standard", dans cet environnement quotidien, les émotions se font rares, et même si cet état reste agréable, il manque un petit quelque chose… Parfois, le régime moteur ne redescend pas, laissant le cardan pousser fort et obligeant à freiner. Une petite chaleur vite oubliée. Une impression arrive alors. Il manque de liberté dans tout ce contrôle, ces interactions. Du coup, on désactive l’antipatinage (commodo gauche, switch ABS), on passe en mode moteur Dynamic (bouton Mode commodo droit), on règle les suspensions sur Road tant elles sont bien trop raides en mode Dynamic (switch gauche), et l’on s’en donne à cœur joie !
Changement de ton ! De la collection Arlequin, on rentre dans une série de Romans de Stephen King, avec un peu de frisson et beaucoup de suspens, du genre : « combien de points va-t-on perdre, à combien va-t-on se faire prendre, où et comment ? », avec son lot de surprises, même si l’on sait toujours où l’on va. On redécouvre la R1250 GS dans un twist fabuleux. Le Boxer Shiftcam quitte la zone de train-train, écrit de nouvelles pages pleines de figures (de style… entre autres) et d’entrain. On débride le rythme et l’on découvre le nouveau potentiel du bicylindre à plat. Et quelle belle surprise ! Alors que l’on pensait l’auteur BMW endormi sur ses prix littéraires, l’excitation reprend le dessus. On savoure son talent. On dévore les kilomètres comme autant de chapitres enthousiasmants. On ne s’arrête plus que pour faire le plein -19 litres sont vite passés en moins 300 km-, ou parce que l’on est déjà arrivé à destination. On en redemande. On prolongerait bien volontiers l’expérience, mais il faut être raisonnable. À plus d’un titre.
La moindre rotation en grand en sortie de courbe, de rond-point ou de petit virage -en 2nde comme en 3ème-, se transforme volontiers en un lever de roue bienveillant, mais surtout, le compteur s’envole sans que l’on ne trouve à y redire, bien au contraire. Voilà. Voilà le vrai visage e la GS. Celui qui attend l’intimité d’un moment, les bonnes conditions pour se montrer. Les envolées sont certes assez linéaires, mais d’une prestance réconfortante. Alors on prend la direction de la campagne la plus proche, une fois le gabarit en mains. On se dit « pourquoi pas ? » en voyant dans les modes moteurs celui dénommé Enduro. On désactive l’ABS, on vérifie que tout va bien, on s’en remet au freinage de haut vol et… on bifurque à la première occasion dans un chemin de terre. Évidemment, il vaut mieux ne pas avoir à faire un demi-tour dans la gadoue, auquel cas la masse se rappelle au bon souvenir, mais on évolue alors avec plaisir dans un terrain que l’on défriche, au sens propre comme au sens figuré. On a tôt fait de sentir la roue arrière patiner, glisser un peu, tandis que l’on profite une fois encore d’un équilibre agréable. Réservoir et flancs bien serrés entre les jambes, on se redresse… La posture est naturelle. Une fois de plus. On est là où BMW se plaît à vouloir nous emmener, hors d’une zone de confort, à exploiter le potentiel d’une GS 1250 dont on n’aurait pas forcément imaginé tirer autant parti.
Dommage qu’il faille passer par toutes les options pour bénéficier de l’accès à certains modes, et finalement désactiver la plupart des assistances afin de s’amuser au guidon. Cela étant, elles apportent leur lot de satisfaction pour affronter sereinement les conditions difficiles. Elles permettent également de livrer à tous le potentiel d’une moto versatile et ultra performante. Elles ouvrent surtout un univers entier de réglages et de modes, de combinaisons que l’on pourra tenter de comprendre et de dompter. Heureusement, la superbe instrumentation digitale, couleur et fort bien définie, facilite les opérations. Quoi que. De plus en plus touffus, les menus deviennent une distraction et la navigation, même simplifiée, et requièrent mémoire et rigueur, ainsi qu’une dextérité certaine pour tourner les pages. De nuit, il manque du coup un peu de lumière sur les commodos pour s’y retrouver. À l’image de la complexité de la remise à zéro d’un simple trip journalier. Et dire que BMW propose une application pour interfacer ce nouvel écran et votre téléphone portable…
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